Séderon veut un médecin la nuit

Le docteur Christian Beaume à la tribune : « Si cette manifestation n’est pas suffisante, il faudra faire le siège de l’ARS à Lyon. »

Plus de 300 personnes ont manifesté dimanche 12 mai à Séderon contre des décisions de l’Agence Régionale de Santé qui, si elles devaient s’appliquer à ce secteur rural isolé de la Drôme Provençale, auraient des conséquences catastrophiques en matière de désertification médicale.

Une foule nombreuse s’est mobilisée pour soutenir le docteur Christian Beaume dans sa lutte contre la désertification médicale

Dans la foule, des administrés de Séderon et de toutes les communes environnantes, bien sûr. Mais aussi les différents élus du secteur venus apporter un soutien unanime : le député UMP Hervé Mariton, les conseillers généraux P.S. Paul Arnoux et Marie-Claire Cartagéna, ainsi qu’une vingtaine de maires des communes environnantes, toutes tendances politiques confondues.
Le mouvement de protestation avait été lancé conjointement par le maire de la commune Jean Moulet, également président de la communauté de communes des Hautes Baronnies, et le docteur Christian Beaume, maire de 1989 à 2008 et médecin généraliste, propharmacien et médecin pompier, installé dans ce village de 300 habitants depuis 30 ans.

De nombreux élus, toutes tendances politiques confondues, participaient à la manifestation.

La manifestation avait pour objectif d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les conséquences catastrophiques en matière de désertification médicale dans le Séderonnais qu’auront inévitablement plusieurs décisions prises récemment par l’agence Régionale de Santé Rhône Alpes (ARS- RA).
Il s’agit en particulier de la suppression des « astreintes en nuit profonde » (de 00h00 à 08h00), à Séderon mais aussi dans 6 autres secteurs ruraux drômois (La Chapelle en Vercors, le Haut Diois, Saillans, Bourdeaux, La Motte Chalancon, Buis les Baronnie).
Il s’agit également du classement, contre toute logique, du secteur de Séderon en zone dite « de vigilance » et non dans une zone « fragile ». Une mesure qui, s’ajoutant à la précédente, fera perdre automatiquement, au docteur Beaume et à son éventuel successeur, de nombreux avantages, tant fiscaux qu’en matière d’aide financière.

Sans médecin sur place, prédit le maire Jean Moulet, le canton sera appelé à mourir et il y va de l’avenir de tous…

Il faut sauver le soldat Beaume

 Les orateurs qui se sont succédé sur le podium ont tous souligné l’absurdité de ces mesures. Sous la banderole « L’ARS enterre le canton » et devant un cercueil symbolique, le docteur Christian Beaume, qui prévoit de prendre sa retraite dans deux ou trois ans, déclarait : « Ces mesures sont rédhibitoires à l’installation d’un nouveau médecin à Séderon et au maintien du médecin existant. Comment voulez-vous qu’un médecin soit attiré par la reprise de mon cabinet, même à titre gracieux, si ailleurs il peut prétendre à des aides financières et un exercice plus facile avec moins de contrainte ? ». Or sans médecin sur place le canton sera appelé à mourir, prédit le maire Jean Moulet, qui s’interroge sur son avenir: « Que sera l’avenir du territoire une fois le Dr. Beaume parti à la retraite ? – Aucun médecin ne viendra lui succéder en sachant que, s’il s’installe à Nyons ou à Buis, il gagnera plus en travaillant moins – Nous perdrons « Les Bleuets », les soins à domicile, le portage des repas – Les personnes ayant besoin d’un suivi médical iront vivre ailleurs – Peu à peu nous perdrons notre population, puis les commerces et les services qui n’auront plus l’effectif qui les justifie sur place – Plus personne, ni aucune entreprise ne songera à s’installer ici. … »

Hervé Mariton : « Il suffit que l’ARS reconnaisse son erreur … »

De son côté, Hervé Mariton a insisté sur le fait que la décision de supprimer ces « astreintes en nuit profonde » vient d’être reportée de 6 mois afin de chercher des solutions acceptables par tous.
Cette suppression devait préalablement entrer en application au 1er juin a indiqué Didier Guillaume, président du conseil général de la Drôme et vice-président du Sénat, dans une lettre lue par Paul Arnoux. M. Guillaume et le sénateur socialiste Jean Besson ont d’ailleurs rencontré la ministre de la Santé, Marisol Touraine, au sujet de la problématique de Séderon.
Pour le classement de Séderon en zone « de vigilance », le député Mariton déclarait que « l’erreur est tellement grossière que je ne doute pas que les responsables de l’ARS auront l’intelligence et l’humilité de la reconnaître et de rectifier le tir. »

Alain BOSMANS
Article paru dans le Dauphiné Libéré (pages régionales) du 13 mai 2013.
http://www.ledauphine.com/drome/2013/05/12/sederon-veut-un-medecin-la-nuit#jimage=5D950E15-208F-4AD2-8972-EC3FE2761053

Lire aussi le précédent article d’Alain Bosmans sur le même sujet paru dans le Tam-Tam du 18 janvier 2013 : http://tamtamdesbaronnies.blog.lemonde.fr/2013/01/18/inquietudes-sur-lavenir-des-permanences-medicales-de-nuit-en-milieu-rural-isole/

Une foule nombreuse s’est mobilisée pour soutenir le docteur Christian Beaume dans sa lutte contre la désertification médicale.

Une réflexion sur « Séderon veut un médecin la nuit »

  1. Combien la sécu paie-t-elle au docteur chaque nuit profonde ? 150 euros ?
    250 nuits à 150 euros ça fait cher les 4 visites de nuit par an non ?
    Vive le 15 !

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