Séderon veut un médecin la nuit

Le docteur Christian Beaume à la tribune : « Si cette manifestation n’est pas suffisante, il faudra faire le siège de l’ARS à Lyon. »

Plus de 300 personnes ont manifesté dimanche 12 mai à Séderon contre des décisions de l’Agence Régionale de Santé qui, si elles devaient s’appliquer à ce secteur rural isolé de la Drôme Provençale, auraient des conséquences catastrophiques en matière de désertification médicale.

Une foule nombreuse s’est mobilisée pour soutenir le docteur Christian Beaume dans sa lutte contre la désertification médicale

Dans la foule, des administrés de Séderon et de toutes les communes environnantes, bien sûr. Mais aussi les différents élus du secteur venus apporter un soutien unanime : le député UMP Hervé Mariton, les conseillers généraux P.S. Paul Arnoux et Marie-Claire Cartagéna, ainsi qu’une vingtaine de maires des communes environnantes, toutes tendances politiques confondues.
Le mouvement de protestation avait été lancé conjointement par le maire de la commune Jean Moulet, également président de la communauté de communes des Hautes Baronnies, et le docteur Christian Beaume, maire de 1989 à 2008 et médecin généraliste, propharmacien et médecin pompier, installé dans ce village de 300 habitants depuis 30 ans.

De nombreux élus, toutes tendances politiques confondues, participaient à la manifestation.

La manifestation avait pour objectif d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les conséquences catastrophiques en matière de désertification médicale dans le Séderonnais qu’auront inévitablement plusieurs décisions prises récemment par l’agence Régionale de Santé Rhône Alpes (ARS- RA).
Il s’agit en particulier de la suppression des « astreintes en nuit profonde » (de 00h00 à 08h00), à Séderon mais aussi dans 6 autres secteurs ruraux drômois (La Chapelle en Vercors, le Haut Diois, Saillans, Bourdeaux, La Motte Chalancon, Buis les Baronnie).
Il s’agit également du classement, contre toute logique, du secteur de Séderon en zone dite « de vigilance » et non dans une zone « fragile ». Une mesure qui, s’ajoutant à la précédente, fera perdre automatiquement, au docteur Beaume et à son éventuel successeur, de nombreux avantages, tant fiscaux qu’en matière d’aide financière.

Sans médecin sur place, prédit le maire Jean Moulet, le canton sera appelé à mourir et il y va de l’avenir de tous…

Il faut sauver le soldat Beaume

 Les orateurs qui se sont succédé sur le podium ont tous souligné l’absurdité de ces mesures. Sous la banderole « L’ARS enterre le canton » et devant un cercueil symbolique, le docteur Christian Beaume, qui prévoit de prendre sa retraite dans deux ou trois ans, déclarait : « Ces mesures sont rédhibitoires à l’installation d’un nouveau médecin à Séderon et au maintien du médecin existant. Comment voulez-vous qu’un médecin soit attiré par la reprise de mon cabinet, même à titre gracieux, si ailleurs il peut prétendre à des aides financières et un exercice plus facile avec moins de contrainte ? ». Or sans médecin sur place le canton sera appelé à mourir, prédit le maire Jean Moulet, qui s’interroge sur son avenir: « Que sera l’avenir du territoire une fois le Dr. Beaume parti à la retraite ? – Aucun médecin ne viendra lui succéder en sachant que, s’il s’installe à Nyons ou à Buis, il gagnera plus en travaillant moins – Nous perdrons « Les Bleuets », les soins à domicile, le portage des repas – Les personnes ayant besoin d’un suivi médical iront vivre ailleurs – Peu à peu nous perdrons notre population, puis les commerces et les services qui n’auront plus l’effectif qui les justifie sur place – Plus personne, ni aucune entreprise ne songera à s’installer ici. … »

Hervé Mariton : « Il suffit que l’ARS reconnaisse son erreur … »

De son côté, Hervé Mariton a insisté sur le fait que la décision de supprimer ces « astreintes en nuit profonde » vient d’être reportée de 6 mois afin de chercher des solutions acceptables par tous.
Cette suppression devait préalablement entrer en application au 1er juin a indiqué Didier Guillaume, président du conseil général de la Drôme et vice-président du Sénat, dans une lettre lue par Paul Arnoux. M. Guillaume et le sénateur socialiste Jean Besson ont d’ailleurs rencontré la ministre de la Santé, Marisol Touraine, au sujet de la problématique de Séderon.
Pour le classement de Séderon en zone « de vigilance », le député Mariton déclarait que « l’erreur est tellement grossière que je ne doute pas que les responsables de l’ARS auront l’intelligence et l’humilité de la reconnaître et de rectifier le tir. »

Alain BOSMANS
Article paru dans le Dauphiné Libéré (pages régionales) du 13 mai 2013.
http://www.ledauphine.com/drome/2013/05/12/sederon-veut-un-medecin-la-nuit#jimage=5D950E15-208F-4AD2-8972-EC3FE2761053

Lire aussi le précédent article d’Alain Bosmans sur le même sujet paru dans le Tam-Tam du 18 janvier 2013 : http://tamtamdesbaronnies.blog.lemonde.fr/2013/01/18/inquietudes-sur-lavenir-des-permanences-medicales-de-nuit-en-milieu-rural-isole/

Une foule nombreuse s’est mobilisée pour soutenir le docteur Christian Beaume dans sa lutte contre la désertification médicale.

Inquiétudes sur l’avenir des permanences médicales de nuit en milieu rural isolé

Jean Pierre Buix et Claude Derail lors de la conférence de presse tenue en mairie de Buis le 11 janvier 2013

Dans le cadre d’une réorganisation nationale de la PDSA (Permanence Des Soins Ambulatoire, c’est-à-dire l’organisation territoriale des soins médicaux aux heures de fermeture des cabinets libéraux), l’Agence Régionale de la Santé Rhône-Alpes (ARS R-A) a décidé de supprimer les permanences « en nuit profonde » (de 00h00 à 08h00) dans les 7 secteurs ruraux drômois qui en bénéficiaient encore. A savoir: La Chapelle en Vercors, le Haut Diois, Saillans, Bourdeaux, La Motte Chalancon, Séderon et Buis les Baronnies. Cette suppression, qui n’a pas d’autre objectif qu’économique, entrera en vigueur à compter du 31 mai 2013 et suscite déjà de très nombreuses inquiétudes chez les élus et responsables de santé de ces territoires.

Des solutions de substitutions irréalistes

Dans une conférence de presse donnée vendredi dernier 11 janvier à l’hôtel de ville de Buis avec le maire Jean Pierre Buix, le docteur Claude Derail, médecin généraliste installé au Buis depuis 36 ans, conseiller ordinal, président de la CME de l’hôpital local et membre du comité directeur du syndicat des médecins généralistes de la Drôme « MG-26 », souligne le risque que cette mesure ferait courir au corps médical de ces zones.« Les astreintes de nuit, de week-end et jours fériés que les médecins ruraux organisent entre eux, à la satisfaction de tous, sont indemnisées par la CPAM depuis mars 2002. Il est évident que la suppression de ces indemnités de permanence mettra en difficultés les médecins déjà installés par une perte importante de revenus et ira à l’encontre des mesures visant à inciter l’installation de jeunes médecins en milieu rural », explique le praticien.

« D’autre part, pour pallier la disparition de cette PDSA, il est prévu la mise en place des 3 moyens de substitution suivants : l’augmentation des plages horaires de régulation (le samedi matin seulement), la création d’un corps de « médecins mobiles sur de vastes territoires » (dont on ne sait pas encore comment ils seront recrutés et rémunérés ni sur quelle étendue de territoire ils devront intervenir), la création d’un corps de « médecins correspondants SAMU » (dont on ne sait pas encore, là non plus, comment ils seront recrutés et rémunérés, les médecins déjà installés n’étant pas volontaires, dans leur grande majorité).

Des conséquences lourdes pour les administrés

Et le docteur Derail d’ajouter : Etant donné la lourdeur et les lenteurs de l’administration d’un coté, l’ampleur de la tache à accomplir de l’autre, il parait irréaliste de penser que la nouvelle organisation des permanences de nuit profonde en milieu rural isolé pourra être mise en place avant le 31 mai prochain…Les conséquences pour les administrés peuvent être très lourdes… De plus, il n’est absolument pas démontré que cette nouvelle organisation fera faire des économies à la sécurité sociale, bien au contraire… »

En attendant, l’inquiétude est vive dans les zones rurales les plus isolées de la Drôme et notamment dans le Séderonnais où le docteur Christian Beaume fait, depuis quelques temps, circuler une pétition pour s’opposer à ce projet.

Quand les élus s’en mèlent…

Dans une lettre adressée à Madame Marisol TOURAINE, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé en date du 9 janvier 2013, les Sénateurs Jean Besson et Pierre Bernard Reymond, la députée Karine Berger, les conseillers régionaux  Michel Grégoire et Christine Nivou, les conseillers généraux Hervé Rasclard, Gérard Szostak et Gérard Tenous, s’inquiètent eux aussi des conséquences de ces nouveaux aménagements:

« Il nous semblerait pour le moins paradoxal, Madame la Ministre, que cette nouvelle organisation amène moins de service et moins de sécurité dans les zones les plus reculées et que cette même nouvelle organisation augmente les coûts pour les prises en charge nocturne. Sur ce dernier point, il est important de souligner que les médecins libéraux du territoire sont volontaires pour continuer à assumer cette permanence des soins en nuit profonde. Par ailleurs, nous vous informons que l’ensemble des conseils municipaux du territoire ont pris la décision de délibérer sur une motion qui vous sera transmise dans les semaines qui viennent.  Nous vous serions particulièrement reconnaissants, Madame la Ministre, de bien vouloir porter une attention particulière sur ces décisions annoncées des Agences Régionales de Santé qui nous semblent à la fois inadaptées et surtout contradictoires avec les principes que vous avez édicté et auxquels nous adhérons avec conviction pour le devenir des habitants de nos territoires… »

Le maire de Buis Jean Pierre Buix de son coté s’est saisi du dossier et souhaite organiser une mobilisation importante de tous les acteurs concernés. « Plutôt que de se battre chacun dans son coin, il faut que les élus et les professionnels de santé des différents secteurs ruraux du département concernés par cette mesure se réunissent pour organiser des actions de protestation et faire triompher le bon sens… »

ATTENTION : Il est rappelé qu’en tout état de cause, et quelque soit l’issu de la réorganisation de ces permanences, c’est toujours le 15 qu’il faut appeler pour obtenir des soins médicaux en dehors des heures d’ouverture des cabinets libéraux.

Alain Bosmans
Article partiellement paru dans le Dauphiné Libéré du 16 janvier 2013

Un calendrier pour Celia, Martin et les autres «Etoiles»

Emouvante présentation du calendrier 2012 en présence de Servanne Jourdy, Michel Grégoire, Marie Claire Cartégena, Yves Roux, Denis Julian et Léopold Pizzor

En lieu de l’habituel bilan annuel d’activités, traditionnellement détaillé à l’occasion de la présentation du calendrier 2012 des pompiers aux élus, l’adjudant-chef du centre de secours de Mollans sur Ouvèze Denis Julian devait prononcer vendredi soir 4 novembre dans la salle du bicentenaire un très émouvant discours.

Voila 3 semaines en effet, Celia quatre ans et demie, fille d’un pompier volontaire du centre, est décédée des suites d’une tumeur au cerveau après 6 mois de lutte contre l’innommable maladie. « Que pouvions nous faire d’autres que de soutenir les malheureux parents », s’est publiquement interrogé Denis Julian ?

Et les 22 pompiers volontaires de Mollans, pour qui la solidarité et l’engagement ne sont pas des vains mots, ont trouvé quoi faire. Rapidement, le projet d’éditer un calendrier caritatif fait par et pour les enfants malades a été monté en partenariat avec et au profit de l’association « L’étoile de Martin ». Une association qui porte le nom du petit Martin, envolé lui aussi d’une tumeur cancéreuse au cerveau en 2006 à l’âge de 2 ans. Une association présidée par sa maman Servanne Jourdy qui, depuis 5 ans, mobilise toutes les énergies et les solidarités pour que, un jour, « il n’y ait plus jamais d’enfants comme Martin ou Celia à rejoindre les étoiles … ».

Les amis des pompiers de Mollans étaient venus nombreux pour la présentation du calendrier 2012.

Une généreuse initiative

Depuis sa création, l’association « L’étoile de Martin » a reversé 500 000 € à l’Institut cancérologie Gustave Roussy pour ses recherches sur les cancers pédiatriques. Elle finance également des ateliers pour le mieux être des enfants malades, dont un atelier d’art plastique qui a participé à la réalisation du calendrier des pompiers de Mollans. « Notre calendrier est illustré de 12 dessins sur le thème des pompiers réalisés par des enfants malades de 5 à 12 ans », explique Denis Julian. « Le dessin de couverture a été réalisé avant de nous quitter par la petite Celia aidée par son frère Yohan … »

L’amicale des sapeurs pompiers de Mollans, présidée par le caporal chef Léopold Pizzorno, va maintenant entamer la traditionnelle tournée de distribution de ce calendrier sur les 4 communes de son périmètre d’intervention : Mollans, Pierrelongue, St léger du Ventoux et Mérindol Les Oliviers. Sur les sommes collectées par cette tournée, 20 % des bénéfices seront reversés à « L’étoile de Martin ».

Mais les pompiers de Mollans souhaitent mobiliser un public plus large à leur généreuse initiative. Les calendriers sont donc également mis en vente par correspondance (10 € minimum) au profit intégral de l’association. Pour y participer, les calendriers seront envoyés par la poste contre un chèque de 10 € (minimum) à l’ordre de l’Amicale des Sapeurs Pompiers de Mollans sur Ouvèze – Centre de secours – 26170 – Mollans sur Ouvèze.

Alain BOSMANS
Article paru dans le Dauphiné Libéré du 8 novembre 2011

Le dessin de couverture du calendrier a été réalisé par la petite Celia qui a pu en voir la maquette avant de nous quitter

Pour tout savoir et soutenir l’association « L’étoile de Martin » : voir son site Internet : www.letoiledemartin.org – On peut également soutenir sa présidente Servanne Jourdy qui participe en ce moment au grand concours de « La Femme Formidable 2011 » organisé par la revue féminine « Femme Actuelle » en votant pour elle (vous et vos proches) sur Internet jusqu’au 13 novembre : http://www.femmeactuelle.fr/actu/femmes-formidables/je-vote/votez-pour-la-femme-formidable-2011-00123

Servanne JOURDY

Hôpital de Buis : Le maire fait le Buzz sur tous les médias

 hopital-maire3.1303222109.JPGEn lançant voila 10 jours le recours au mécénat privé pour boucler le financement du projet de restructuration de l’hôpital local, le maire de Buis les Baronnies Jean Pierre Buix, souhaitait de toute évidence frapper les esprits. Le résultat ne s’est pas fait attendre et les médias nationaux n’ont pas tardé à relayer l’insolite question : « Qui veut donner 4 millions ? ».

Après l’article du Dauphiné Libéré du dimanche 10 avril annonçant que des courriers avaient été envoyés par le maire aux plus grosses fortunes de France (Liliane Bettencourt, Bernard Arnault, mais aussi le Prince de Monaco et Jean Pierre Foucault), pour solliciter leur soutien financier, France 3 régional furent les premiers à réagir et à envoyer leur équipe interviewer le maire qui passait au journal régional jeudi soir, puis au 13h national le vendredi 18 avril.

Lundi matin un article paraissait dans « le Parisien – aujourd’hui en France » et depuis les radios locales et nationales se relaient au téléphone pour faire parler Jean Pierre Buix qui ne se prive pas de défendre son hôpital local… Ce fut RTL lundi soir, Sud Radio mardi matin, suivi de France Bleue Drôme-Ardèche, puis France bleue Vaucluse (20 mn face aux auditeurs) et enfin hier midi le maire recevait une équipe de télévision de M6 pour le journal national du soir et une autre de France 2 pour un reportage qui passera aujourd’hui sur la chaine nationale à 13h.

Alain BOSMANS
Article paru dans le Dauphiné Libéré du 20 avril 2011 

Un hôpital local de plus en plus international

 hopital0.1300119959.jpgLe recrutement de personnel médical en milieu rural devient, on le sait, de plus en plus difficile. La limitation excessive pendant des années du numérus clausus des étudiants en médecine, le vieillissement et la féminisation de la démographie médicale, l’évolution des modes de vie et des mentalités favorisant les zones urbaines au détriment des campagnes et le profond malaise qui touche aujourd’hui les généralistes dans leurs conditions de travail, en sont les causes admises par tous.

Pour faire face à cette « désertification médicale » qui affecte le monde rural en général et les Baronnies en particulier, la directrice de l’hôpital local Hélène Sicard et le maire Jean Pierre Buix ont décidé de lancer des appels au recrutement de personnel médical dans différents pays européens. C’est ainsi que l’hôpital local s’internationalise avec l’arrivée, voila déjà 18 mois, d’une infirmière bulgare en la personne de Kremena Dobreva, 40 ans, originaire de Roussé sur le Danube et voila 6 mois de Pedro Almeida, infirmier portugais de 23 ans originaire de Porto. Tous deux se sont parfaitement adaptés à la ville et à l’établissement, grâce notamment aux cours de français dispensés par José Pereira enseignant au groupe scolaire buxois.

Un docteur roumain à l’hôpital

Enfin dernière arrivée, la docteur roumaine Mariana Nan a rejoint, depuis le début du mois de mars, l’hôpital de Buis, avec le statut de médecin associé, dans l’attente de l’inscription à l’ordre des médecins de la Drôme qui lui permettra de devenir médecin coordonnateur en remplacement du docteur Michel Hugues, sur le point de partir en retraite.

Le parcours du docteur Mariana Nan est à ce titre exemplaire. Originaire de Brasov en Roumanie, ayant fait des études à la faculté de médecine de Iasi, Mariana aura exercé la médecine en Roumanie pendant 25 ans comme directrice de maison de retraite et médecin généraliste et du travail. Aujourd’hui, à 55 ans, n’ayant plus d’attache familiale en Roumanie et parlant couramment le français pour l’avoir appris dés le plus jeune âge avec sa maman professeur de français et à l’Alliance Française locale, elle confie « réaliser un vieux rêve en venant s’installer en France. Je découvre actuellement l’hôpital et la région et je suis enthousiasmé par tout ce que je vois, l’environnement, les gens, le climat, … »

De son coté, Hélène Sicard ne peut que se féliciter de l’arrivée du docteur Mariana Nan, « qui se révèle être très motivée, volontaire, compétente et sympathique… Le poste de médecin coordonateur est essentiel pour les résidents et nous sommes heureux de voir qu’il n’y aura pas de vacance à l’heure où, dans notre région, le recrutement de médecin est si difficile… »

Alain Bosmans
Article paru dans le Dauphiné Libéré du 15 mars 2011

ENRAYER LA DESERTIFICATION MEDICALE EN MILIEU RURAL

 medecinebuis0.1298370396.jpgDans l’objectif de mutualiser les besoins, compétences et idées dans le domaine de l’accès au soins dans notre région, le maire de Buis Jean Pierre Buix et le président du syndicat mixte des Baronnies Provençales Hervé Rasclard avaient invité le vendredi 11 février dernier à Buis l’ensemble des élus, professionnels de santé et responsables régionaux et départementaux de la santé, à échanger autour de la problématique de la désertification médical en milieu rural, On y notait notamment la présence d’Alain Chabrolle, vice président du conseil régional Rhône-Alpes en charge de la santé, Pierre Pienek, vice président du conseil général de la Drôme, Jean-François Jacquemet, délégué territorial de l’ARS de la Drôme, Claude Leicher, président national du syndicat des médecins généralistes de France, Denis Gaudin, sous-préfet de Nyons, Michel Grégoire, vice-président du conseil régional Rhône-Alpes., des responsables de la MSA, de la CPAM et du RSI ainsi que de nombreux maires et acteurs de santé.

Un diagnostic et des solutions

Au-delà de la situation des Baronnies Provençales qui constituent pour Claude Leicher « un bon endroit pour étudier la vrai vie de la médecine de proximité notamment dans les cantons de Séderon et la Motte Chalencon où la situation est grave », la réunion permit d’aborder les problèmes de fond que pose l’évolution de la profession de généraliste et les contraintes d’une médecine de proximité de plus en plus complexe. Elus, personnels de santé et représentants de l’Etat sont d’accord sur le constat : Les erreurs pendant des années de la limitation du numérus clausus des étudiants en médecine, le vieillissement et la féminisation de la démographie médicale, l’évolution des modes de vie et des mentalités favorisant les zones urbaines au détriment des campagnes et le profond malaise des généralistes furent soulignés par tous.

Pour les solutions Jean François Jacquemet pour l’ARS de la Drôme confirmait que « le projet régional de santé inclue un volet concernant la médecine de proximité et la médecine ambulatoire ». Puis il développait, à l’aide d’un « power point », les différents outils qui devraient permettre d’améliorer l’accès aux services de santé dans les zones où il se précarise. Il s’agit notamment :

– De la mise en place « d’engagements de service » pour les étudiants en médecine (mis en service fin 2010 et qui est prometteur).

– De la mise en place d’un nouveau mode de rémunération des généralistes (expérimenté dans 16 sites en Rhône Alpes).

– Du développement de la télémédecine et de la télésanté.

– De la mise en place d’un service unique d’aide à l’installation des médecins.

– De la création de Maisons de Santé Pluridisciplinaires (en Rhône Alpes 50 sont en réflexion, 70 en projets, 6 en constructions et 14 opérationnels) et de pôles de santé (2 en place à ce jour en Rhône Alpes, l’un dans la Loire avec 16 professionnels et l’autre dans l’Ain avec 38 professionnels).

Le président de MG France Claude Leicher de son coté confirmait que « les médecins sont ouverts à d’autres modes d’exercice comme se déplacer pour assurer des permanences de soins dans plusieurs communes. La question restant de prendre des mesures suffisamment incitatives pour leur donner l’envie d’exercer en médecine général et de venir accrocher leur plaque en milieu rural… »

Une première en Rhône Alpes

Et tandis que Alain Chabrolle soulignait que « les Baronnies Provençales auront été le premier territoire en Rhône Alpes à avoir souhaité prendre à bras le corps le problème de la désertification médicale en milieu rural », Claude Leicher nous confiait que « cette rencontre aura eu le mérite de mettre en présence les acteurs de terrains et les décideurs, de confronter les plans du gouvernement avec la réalité du terrain et d’espérer que les mesures à prendre, aujourd’hui devenus urgentes, en soient accélérées… »

Alain BOSMANS
Article publié dans l’Agriculture !drômoise » du jeudi 17 février 2011

Malaise chez les généralistes

Longtemps considérés come des privilégiés, les médecins généralistes on le sentiment d’être devenus aujourd’hui les parents pauvres de la médecine.

Les généralistes sont en train de devenir une «espèce en voie de disparition», selon l’expression de Claude Leicher, président national du syndicat des médecins généralistes de France qui décrivait vendredi dernier à Buis une situation alarmante. Les étudiants sont de plus en plus rares à choisir la médecine générale alors qu’il y a de plus en plus de départs à la retraite. Et parmi ceux qui choisissent cette discipline, moins d’un sur dix s’installe en libéral (seulement 8,6 % des diplômés des facultés de médecine décident aujourd’hui de visser leur plaque et de s’installer comme médecin libéral, généraliste ou spécialiste, en ville ou à la campagne). Par rapport à un poste salarié, le travail est beaucoup plus astreignant et beaucoup moins rentable financièrement que le salariat. Les généralistes, souvent surchargés de travail, se plaignent de voir leur acte dévalué symboliquement et financièrement par rapport aux spécialistes. Un médecin travaille 60 heures par semaine en moyenne (sources MG France) pour un revenu annuel moyen de 76 000 euros contre 200 000 pour un radiologue. Un chiffre, certes honorable, mais qui fait grincer les dents des généralistes qui invoquent leur niveau d’études et leurs responsabilités. A l’écrasante majorité, ils ont choisi d’exercer en secteur 1 (sans dépassements d’honoraires) au nom de l’accès aux soins pour tous. Et même si, après plusieurs années de revendications, les généralistes ont obtenu que les consultations passent de 22 à 23 euros, on est toujours loin des 70 € par consultation de certains spécialistes…

Certains praticiens craquent.

À force d’enchaîner le nombre d’actes, de multiplier les gardes, certains arrivent à un « burm out » et le taux de suicide dans la profession est l’un des plus élevés (14%, selon les syndicats). Si bien qu’un nouveau phénomène est apparu depuis quelques années: « le déplaquage » (fermer son cabinet de généraliste en retirant sa plaque). Aux alentours de 40-50 ans, de plus en plus de médecins font le choix de gagner leur vie autrement et ferment leur cabinet. Ils partent dans les hôpitaux, en maison de retraite, comme médecin-conseil… Le nombre de départs a progressé de 30% entre 2008 et 2009, passant de 3000 à 4000 médecins, et on attend une augmentation de 50 % pour 2011, passant à 6000. Alors qu’en parallèle, il n’y a que 300 à 400 installations par an en France. A ce rythme, les généralistes ne seront plus que 25 000 en 2025 et la majorité d’entre eux seront en ville…

Une mission sur l’avenir de la médecine de proximité

Alors pour calmer la grogne, Nicolas Sarkozy a chargé l’ex-ministre de la Santé Elisabeth Hubert, ancien médecin généraliste, de piloter une mission sur l’avenir de la médecine de proximité. Son rapport a été rendu le 26 novembre dernier. Elle prône une réforme de la formation, une meilleure coopération entre les professionnels de santé et une refonte du système de rémunération. Pour l’instant, les syndicats attendent de voir comment il sera appliqué. La nomination de Xavier Bertrand comme ministre de la Santé changera-t-elle la donne? Celui-ci a souligné après sa nomination l’attention « que le gouvernement entend porter à la médecine de proximité qu’il s’agit de moderniser, simplifier, faciliter ».

Alain Bosmans (source « Le quotidien du médecin »)
Article publié dans « L’Agriculture Drômoise » du jeudi 17 février 2001