Buis se souvient des heures les plus sombres de son histoire

La plaque commémorative
La plaque commémorative

Episode tragique longtemps mal connu ou enfoui dans les mémoires, la rafle de l’hôtel du Lion d’or à Buis les Baronnies est l’une des plus importantes menées dans la Drôme par les nazis durant la seconde guerre mondiale. (lire aussi l’article précédent : http://tamtamdesbaronnies.blog.lemonde.fr/2014/11/17/buis-commemorera-lan-prochain-la-rafle-de-14-juifs-a-lhotel-du-lion-dor-en-mai-44/

Les buxois parmi lesquels plusieurs personnalités et maires des communes voisines sont venus nombreux se recueillir sur la place des arcades devant la façade de l’hôtel du Lion d’or.
Les buxois parmi lesquels plusieurs personnalités et maires des communes voisines sont venus nombreux se recueillir sur la place des arcades devant la façade de l’hôtel du Lion d’or.

Ce jour terrible du 21 mai 1944 qui vit opérer à l’hôtel du Lion d’or l’arrestation puis la déportation de 14 personnes « de races juives » par des policiers français accompagnés de soldats allemands, Buis a souhaité, 71 ans plus tard, qu’on ne l’oublie pas.

Sébastien Bernard, Bernard Roudil, Hervé Mariton et Michel Grégoire ont dévoilé la plaque sur le mur de l’hôtel du Lion d’or.
Sébastien Bernard, Bernard Roudil, Hervé Mariton et Michel Grégoire ont dévoilé la plaque sur le mur de l’hôtel du Lion d’or.

Une très belle cérémonie, sobre, émouvante et forte, organisée par la mairie en collaboration avec l’association Mémoire de la résistance en hautes Baronnies s’est déroulée jeudi 21 mai 2015 en fin d’après midi sur la place des arcades.

Le sous préfet de Nyons Bernard Roudil et le député Hervé Mariton ont déposé une gerbe devant la plaque commémorative.
Le sous préfet de Nyons Bernard Roudil et le député Hervé Mariton ont déposé une gerbe devant la plaque commémorative.

Parmi les temps forts, ceux qui y assistèrent n’oublierons pas l’évocation magistrale par Serge Pauthe de ces heures sombres de notre histoire et le dévoilement de la plaque commémorative sur le mur de l’hôtel par le maire Sébastien Bernard, le sous préfet de Nyons Bernard Roudil, le député Hervé Mariton et le conseiller régional Michel Grégoire.

14 collégiens ont égrené le nom et le destin des martyrs de la rafle du Lion d’or.
14 collégiens ont égrené le nom et le destin des martyrs de la rafle du Lion d’or.

Après le dépôt de neuf gerbes par les personnalités et représentants d’associations communales, le nom des 14 déportés fut égrené dans un grand recueillement par 14 jeunes gens du collège Henri Barbusse.

Devant les écoliers et collégiens, le groupe vocal Tzarik a interprété le chant de la résistance juive du ghetto de Varsovie.
Devant les écoliers et collégiens, le groupe vocal Tzarik a interprété le chant de la résistance juive du ghetto de Varsovie.

La Marseillaise fut chantée par un groupe de collégiens, le chant des Marais par deux classes de l’école primaire, le chant de la résistance juive du ghetto de Varsovie par le trio Tzarik et le chant des partisans par le groupe vocal des Blés d’or.

Le groupe vocal de Vercoiran « Les blés d’or a interprété avec beaucoup d’émotion le Chant des partisans.
Le groupe vocal de Vercoiran « Les blés d’or a interprété avec beaucoup d’émotion le Chant des partisans.

La cérémonie se déroulait en présence de cinq familles descendantes des martyrs de cette rafle et l’un d’eux Lucien Marchal portait un témoignage du drame particulièrement poignant.

Descendant de la famille Wahl, Lucien Marchal portait un témoignage du drame particulièrement poignant.
Descendant de la famille Wahl, Lucien Marchal portait un témoignage du drame particulièrement poignant.

Enfin le maire qui recevait après la cérémonie tous les participants dans les jardins de l’Hôtel du Lion d’or, remettait aux membres des cinq familles présentes le titre de citoyen d’honneur de la commune.

le maire remet aux membres des familles descendantes des martyrs de la rafle le titre de citoyen d’honneur de la commune.
A l’issue de la cérémonie, le maire remettait aux membres des cinq familles descendantes des martyrs de la rafle le titre de citoyen d’honneur de la commune.

Alain Bosmans
Article paru dans le Dauphiné Libéré le 23 mai 2015 – lire aussi l’article précédent : http://tamtamdesbaronnies.blog.lemonde.fr/2014/11/17/buis-commemorera-lan-prochain-la-rafle-de-14-juifs-a-lhotel-du-lion-dor-en-mai-44/

Une cérémonie, sobre, émouvante et forte.
Une cérémonie, sobre, émouvante et forte.
Neufs gerbes furent déposés parmi lesquelles celle des sapeurs pompiers volontaires de Buis.
Neufs gerbes furent déposés parmi lesquelles celle des sapeurs pompiers volontaires de Buis.
Pierre André et son épouse. Pierre est le fils des anciens propriétaires de l'Hôtel du Lion d'Or. Il avait 13 ans à l'époque et se souvient de la rafle dont il est l'un des derniers témoins.
Pierre André et son épouse. Pierre est le fils des anciens propriétaires de l’Hôtel du Lion d’Or. Il avait 13 ans à l’époque et se souvient de la rafle dont il est l’un des derniers témoins.
Le dépôt de gerbe de Sébastien Bernard Elisabeth Guiot et Michel Grégoire.
Le dépôt de gerbe de Sébastien Bernard Elisabeth Guiot et Michel Grégoire.
Dans leurs discours, les officiels ont rendu hommage à Robert Pinel (à droite), président de l'association "Mémoire de la Résistance en hautes Baronnies " pour son formidable travail de recherche et d'organisation de la cérémonie.
Dans leurs discours, les officiels ont rendu hommage à Robert Pinel (à droite), président de l’association « Mémoire de la Résistance en hautes Baronnies  » pour son formidable travail de recherche et d’organisation de la cérémonie.

« Le Chatelard 1802 », l’histoire d’une success-story lavandicole – LA SAGA DES FRERES MONTAUD

Christophe et Sébastien Montaud dans le show-room au siège de l’entreprise à St Auban sur Ouvèze.
Christophe et Sébastien Montaud dans le show-room au siège de l’entreprise à St Auban sur Ouvèze.

Créée à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze par les trois frères d’une très ancienne famille de lavandiculteurs, l’entreprise artisanale « Le Chatelard 1802 » connaît depuis quinze ans un spectaculaire développement et s’impose sur le marché des produits senteurs au point de préparer son entrée en bourse dans les semaines à venir.

Le Chatelard à St Auban sur Ouvèze, c’est un quartier de la commune des Baronnies drômoises qui donne son nom à une ferme dont l’ancienneté de construction est attestée par une pierre gravée au dessus de l’entrée principale. Là, depuis deux siècles, de générations en générations, la famille Montaud y cultive la lavande. La grand-mère Yvonne, doyenne du village toujours vaillante à 90 ans, se souvient de l’époque où la lavande était coupée à la faucille et ramenée à la ferme à dos de bêtes. Après guerre, avec la mécanisation, son fils Yves Montaud et son épouse Marie-Hélène concentrent l’activité de la ferme sur la production de matière première : fleurs en vrac de lavande et lavandin en sacs de 50 kg et huile essentielle de lavande et lavandin en bidons de 25 litres qui sont vendus à des négociants ou transformateurs.

Christophe et Sébastien Montaud ont hérité d'un riche savoir-faire lavandicole.
Christophe et Sébastien Montaud ont hérité d’un riche savoir-faire lavandicole.

Plus de 1000 articles au catalogue …

 Les trois fils d’Yves et de Marie-Hélène, arrivant après leurs études à la fin des années 90 pour prendre la relève, vont faire prendre un tournant stratégique à l’exploitation agricole et lui donner une toute nouvelle dimension. En 2000, l’ainé Sébastien, alors tout juste diplômé de l’EDHEC, a l’idée de créer une entreprise artisanale « Le Chatelard 1802 » vouée à la production sur place d’une gamme de produits finis tel que sachets de lavande et lavandin. Ils se répartissent les tâches : A Benoit la production agricole, à Christophe la production manufacturière, à Sébastien la direction commerciale. A l’origine l’objectif des frères est de permettre un écoulement plus facile et plus rentable de la production de lavande assurée à la ferme par les parents. Rapidement, le catalogue des articles de produits provençaux fabriqués à St Auban se diversifie et s’enrichit : Sachets de lavande et lavandin, savons aux différentes essences, eaux de toilettes, parfums d’ambiance, bougies, diffuseurs de parfums, etc… Le Chatelard acquière rapidement une véritable notoriété sur le marché des produits « cadeaux senteurs ». De sorte qu’en 2015 la collection est constituée de plus de 1000 articles…

Christophe et Sébastien Montaud, dans les ateliers de l’entreprise à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze.
Christophe et Sébastien Montaud, dans les ateliers de l’entreprise à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze.

Un développement tous azimuts.

« 2005 fut une année charnière », explique Sébastien Montaud, « la construction de l’usine actuelle et de la savonnerie, cette dernière représentant aujourd’hui 50 % des ventes, a permis d’élargir considérablement notre catalogue et de toucher un public plus large. Nos produits véhiculent des images de lavande, de senteurs et de Provence. Ils sont issus d’un artisanat traditionnel «100 % Made in France », fabriqués avec des produits naturels, locaux, de qualité et un packaging haut de gamme…. Ils ont rapidement séduit, tant en France qu’à l’étranger, la clientèle d’un marché grand public ouvert sur le luxe et la beauté ».

En 15 ans, l’entreprise familiale s’est en effet développé tous azimuts. La ferme en GAEC est passée d’une douzaine d’hectares en 1990 à aujourd’hui 45 hectares de lavande et lavandin dont la totalité de la production (environ 40 tonnes) représente 60 % des besoins de matière première de l’entreprise de transformation. Le reste est assuré par un approvisionnement auprès des lavandiculteurs voisins. L’usine, la savonnerie, les entrepôts, les bureaux et le show-room de St Auban couvrent aujourd’hui plus de 2500 m2. L’entreprise emplois localement 45 personnes (10 administratifs et commerciaux, 20 en production atelier et logistique/expédition et 15 à domicile).

Les diffrents articles sont stockés dans plus de 2000 m2 d'entrepôts à St Auban sur l'Ouvèze.
Les différents articles sont stockés dans plus de 2000 m2 d’entrepôts à St Auban sur l’Ouvèze.

« Nous avons tout d’abord commencé à commercialiser nos produits dans le grand quart Sud-est de la France via des détaillants multimarques », précise Sébastien. « Le concept ayant fait tache d’huile, ce sont aujourd’hui un millier de magasins partenaires qui commercialisent en France et autant à l’étranger les articles issus de nos ateliers de St Auban… » En 2012 une nouvelle étape est franchie avec l’ouverture des premiers magasins propres ou franchisés. On en compte aujourd’hui dix en France à Grasse, Vaison la Romaine, Montbrun les Bains, Nice, Arles, Aix en Provence, Les Baux de Provence, Canne, St Paul de Vence et Saintes Marie de la Mer. En 2013 huit magasins aux couleurs du Chatelard sont ouverts en Corée du sud en coopération avec un partenaire local.

Et pendant ces 15 ans, le chiffre d’affaire parti de zéro a suivi une courbe de croissance exponentielle à deux chiffres pour dépasser aujourd’hui le cap des 5 millions d’euros, dont un tiers est réalisés à l’export…

Pendant la conférence de presse, de gauche à droite : Pierre Tournier (conseiller en entreprise), Christophe Montaud (directeur), Sébastien Montaud (président) et Louis Thannberger (banquier d’affaire, introducteur en bourse).
Pendant la conférence de presse, de gauche à droite : Pierre Tournier (conseiller en
entreprise), Christophe Montaud (directeur), Sébastien Montaud (président) et Louis
Thannberger (banquier d’affaire, introducteur en bourse).

Lever des fonds propres pour préparer l’avenir.

Fort de ce spectaculaire développement, son président directeur général Sébastien Montaud annonçait mercredi 29 avril à l’occasion d’une conférence de presse donnée dans ses locaux, que l’entreprise familiale Le Châtelard 1802 allait faire son entrée en bourse dans les semaines à venir. L’objectif est d’arriver à lever quelque 2 millions d’euros de capitaux afin de poursuivre sa croissance autour de deux axes principaux : Renforcer sa présence à l’internationale, notamment en Europe du nord et de l’est, ainsi que sur les marchés du sud-est asiatique et des pays émergents (Chine, Brésil, …). Mais également accélérer l’ouverture de boutiques franchisées dans les grandes agglomérations françaises à fort passage (une vingtaine à l’horizon 2020 : Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, Bordeaux, …). Ceci afin d’appuyer l’image de la marque et d’organiser un réseau de distribution fiable et pérenne.

Avec pour exemple et ligne de mire « l’Occitane en Provence » devenue en 40 ans le mastodonte du secteur, la petite entreprise familiale de St Auban se donne aujourd’hui les moyens de jouer dans la cour des grands sur un marché international de plusieurs milliards d’euros.

Alain Bosmans
Article publié dans « L’Agriculture Drômoise » du 7 mai 2015.