Froid piquant et olives piquées

Alors que la récolte des olives bat son plein sur toute la zone de production de l’olive noire AOC de Nyons, la traditionnelle fête de l’olive piquée aura permis de déguster la primeur d’une année qui s’annonce belle malgré un froid piquant. 

oliviers3.1293895781.JPG Samedi matin 18 décembre à 8 heures, tandis que les oléiculteurs installent leurs stands dans la vaste salle de la Maison de Pays de Nyons où se tient la traditionnelle « Fête de l’Olive Piquée », le thermomètre affiche 6 degrés en dessous de zéro à l’abri du parvis et 2° de moins dans les vergers d’oliviers de Piégon et de Beauvoisin. Et ce matin là justement, parmi les exposants, on ne parle que du temps qu’il fait et de son impact sur la récolte d’olives de l’année, dont près de la moitié est déjà ramassée. « Le gel est de bonne augure en début de récolte », précise Jean Marie Chauvet oléiculteur à Piégon. « Mais à condition que le thermomètre ne descende pas trop bas. Cette année, on a eu un premier gel fin novembre, début décembre. C’est l’idéal pour permettre de plisser le fruit et d’augmenter la qualité de l’olive de conserve. Malheureusement dans certaines zones, notamment sur Curnier et Les Pilles, le thermomètre est descendu en dessous de – 9°, gelant le fruit et augmentant l’indice de peroxyde. Certains vergers ont été ainsi complètement carbonisés alors que les fruits étaient encore gorgés d’eau… Maintenant le gel fait moins de mal au fruit qui est déjà plus sec, mais il ne faudrait cependant  pas que l’on descende en dessous de – 10°… »

Une récolte prometteuse 

Dans l’ensemble et pour l’instant, la cuvée 2010/2011 des olives de Nyons et des Baronnies est globalement prometteuse tant en quantité qu’en qualité. « Les olives sont d’une taille particulièrement grande et les arbres sont bien chargés, surtout sur Buis », renchérit Claude Dumas producteur et moulinier à Beauvoisin. C’est aussi l’avis de Patrick Floret président du syndicat de la Tanche qui regroupe plus de 850 adhérents dans les Baronnies. « Il est encore un peu tôt pour déterminer le pourcentage d’olives de conserve par rapport à l’huile, mais on doit pouvoir arriver à 20 ou 25 % de conserve ce qui serait un bon résultat. En quantité on s’attend à une récolte abondante, peut-être un peu moindre que l’année dernière qui était très grosse. Mais elle sera surement d’une très bonne qualité avec de belles olives bien ridées et fermes. Restera à la vendre,ce qui ne sera pas sans difficultés surtout pour l’huile,  puisque nous avons moins de souci de commercialisation pour la conserve. »

La commercialisation, c’est précisément le problème de Serge Roux, président de la coopérative du Nyonsais qui recevra prés de 70 % des 1000 tonnes de production attendues cette année sur la zone AOC. «On ne gère pas de telles quantités de la même façon qu’un simple producteur. Nous devons aujourd’hui adopter de nouvelles techniques de sélection, plus efficaces et économiques. L’idée est d’amener chaque olive à l’endroit où elle doit aller. C’est-à-dire qu’une olive de qualité, assez grosse, de calibre au-delà de 16, devra aller automatiquement à l’olive de table, tandis que les autres iront au moulin à huile. Pour cela nous travaillons à la recherche de solutions par tri optique comparable à ce qui se fait déjà pour certains fruits. On y travaille cette année de façon à pouvoir le mettre en place dès l’année prochaine sur notre chaine de production. 

Invitation gourmande au pays de l’Olive 

En attendant la fête était belle le week-end dernier à Nyons, pour tous les amateurs de ce produit d’exception, qu’ils soient néophytes ou connaisseurs. Organisé par l’AFIDOL (Association Française Interprofessionnelle de l’Olive, le Monde de l’Olivier) et l’Institut du Monde de l’Olivier en partenariat avec le syndicat des producteurs et la ville de Nyons, le programme était riche et gourmand. Marché de produits oléicoles avec une vingtaine d’exposants, atelier de préparation et dégustation en primeur des olives piquées noires et fraiches, démonstrations culinaires animées par des chefs des Baronnies, ateliers créatifs de maquillages, bijoux, objets divers de décoration sur le thème de l’olivier, ou encore fabrication de baume de massage à partir d’huile d’olive de Nyons. En fin de matinée la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier tenait son traditionnel chapitre en présence du maire, vice président du conseil général Pierre Combes et celle amicale de Gilles Pelurson directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt en Rhône Alpes. Et pour clôturer la journée, un spectacle de chants occitans a capella était donné par le groupe Marombrini.

Alain Bosmans

Article paru dans « L’agriculture Drômoise » du 23 décembre 2010

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