La « Tour Veux », l’un des plus anciens monuments du Buis, dernier vestige des fortifications médiévales de la ville, construite vraisemblablement entre le 12ème et le 13ème siècle, fut réhabilité sous le contrôle des Bâtiments de France au début des années 2000. Aujourd’hui et depuis juillet 2002 la tour Veux héberge l’Office de Tourisme et la Maison des Plantes Aromatiques et Médicinales.
L’historien buxois Yves Girard explique qu’au Moyen âge, « le Buis est une petite ville entourée de remparts et de tours dominant des fossés. Les tours étaient nombreuses, probablement plus de dix. L’entrée de la ville s’effectuait par deux portes: la Porte des Frères et celle du Marché. La Tour Veux, de forme semi-circulaire, était ouverte à la gorge, bâtie en petit et moyen appareils de moellons calcaire. Elle commandait ou au moins protégeait la Porte des Frères appelée ainsi parce qu’elle donnait sur le couvent des Dominicains bâti en 1310… »
Au XIXè siècle, la tour Veux, comme celle du Safre, sa voisine, est utilisée comme habitation. Le cadastre napoléonien de 1834, nous livre le nom des habitants qui s’y sont succédé : Jean VIAL aubergiste y vit de 1834 à 1852. Puis Henry BONNET, boucher à la place du marché, l’occupe durant quatre années. La tour tombe ensuite entre les mains de la famille VEUX puisque Jean François VEUX la possède de 1856 à 1882. Son fils Jean François dit « Fourin », en hérite et la transmet à son fils Henri Joseph Marie, cultivateur. Enfin, en 1914, VEUX Henri fils du précédent, «peintre au boulevard des aires» hérite de la maison située dans l’ancienne tour médiévale et lui donne son nom.
HISTOIRE D’UN HOMME : HENRI VEUX (1874-1947)
Joseph Henri Victor VEUX est né à Buis les Baronnies le 4 avril 1874. Issu d’une famille de cultivateurs, il épouse le 20 juillet 1901 Philomène Joséphine BONNEAUD de Sainte-Jalle. Dans sa maison boulevard des Aires, qu’il occupe dès 1914, il exerce le métier de peintre en bâtiment spécialisé dans les décors en trompe l’œil. Mais Henri Veux est davantage connu pour les photographies qu’il laissa aux futures générations, en particulier, de nombreux portraits, que des familles conservent encore dans leurs vieux albums.
Ainsi, à la fin du XIXè siècle, vers 1895 probablement, Henri Veux trouva dans le développement de la photographie et de la carte postale matière à concrétiser ses aspirations de photographe et d’artiste. II contribua ainsi dans le courant de son siècle à démocratiser cet art visuel en créant sa propre maison d’édition et sa marque de fabrique « Cliché H. Veux, photo-éditeur ». Lors de la réfection du bâtiment en 2001, vingt-sept plaques de verres ont été découvertes et déposées aux Archives départementales de la Drôme. Leurs clichés sont consultables sur CD-Rom aux Archives communales et intercommunales de Buis-les-Baronnies. Parmi eux, des photos inédites telles qu’une prise de vue du Buis datée d’avant 1900 et une photographie de la grille de l’ancien hospice du Buis, quand celui-ci se trouvait (avant 1914) dans l’ancien couvent des Ursulines. Henri Veux décédera au Buis le 15 avril 1947, à l’âge de 73 ans.
UN PHOTOGRAPHE BUXOIS A LA FIN DU XIXè SIECLE
Au début de sa carrière, Henri VEUX travaille certainement avec un appareil photo à trépied, en cherchant à fixer les images sur plaques de verre. Il édite quelques prises de vues générales du Buis et des portraits sous forme de cartes-photos. 1900-1905 est l’âge d’or de ce support. Il était courant de marquer les évènements familiaux en faisant appel au photographe et de sortir quelques cartes à destination de la famille. Ainsi, il réalisa de nombreux portraits sous ses formes les plus diverses : groupes, couples, fêtes familiales. La plupart de ces photographies appartiennent à des collectionneurs privés. Réalisées souvent en extérieur, il utilisait un décor assez simple inspiré probablement de gravures plus anciennes.
Henri VEUX se déplaçait également dans les familles pour les photographier. Le décor n’est plus artificiel. Les pauses semblent plus naturelles. Son regard s’intéresse d’avantage au cadre de vie familial. Il photographie des familles plus modestes devant leur ferme ou dans la campagne environnante. Henri Veux ne s’intéressa pas seulement à la vie buxoise ; il parcourut aussi le territoire des Baronnies. Il photographia des inconnus locaux et des scènes de vie : pique-nique à « Eygasteau en 1908 », mariés des années vingt, jeune femme au charmant sourire en pantalon bouffant devant son vélo …. Ces documents présentent un intérêt singulier pour l’historien, car ils sont les témoins d’un art de vivre, d’une manière de se vêtir il y a plus d’un siècle.
Article extrait d’une étude plus complète réalisée par Christine Jourdan, responsables du service des Archives Communales et Intercommunales à Buis les Baronnies.
Note : Les photographies présentées dans cet article proviennent des dons A. Kremser, Yves Girard et Jean Claude Veux. Le dessin est une reconstitution hypothétique réalisé par Mathieu Morard sur les indication d’Yves Girard. Qu’ils soient tous ici remerciés.