Cet artiste a déjà dans sa vie façonné des milliers de boules, aligné des millions de mots. Un écrivain qui a déjà publié quarante ouvrages d'une écriture dense et circulaire qui tient à la fois du poème et de l'essais. Un plasticien qui a réalisé d'innombrables dessins, tableaux, sculptures et surtout des " Boules ", des quantités de boules et d'assemblages de boules… En trente ans Jean Luc Parant aura participé à prés de 300 expositions dans des musées, galeries et centre d'arts parmi les plus prestigieux de France et d'Europe. Depuis le Centre Georges Pompidou à Paris jusqu'à la fondation Maegh à Saint Paul de Vence et en ce moment au cœur du Palais des Papes à Avignon où il participe à la prestigieuse exposition de la mission de l'an 2000 " La Beauté " qui fut inaugurée au printemps par Jacques Chirac (lire notre article "Au Palais des Papes et à la table du Président").

Aujourd'hui Jean Luc Parant, qui vient de s'installer dans une vaste demeure à Buis les Baronnies, nous convie à venir lui rendre visite . Chez lui, en toute simplicité, dans ce manoir du quartier de Rieuchaud construit à la fin du siècle dernier et qui de maison bourgeoise fut transformé à la fin des années 80 en Maison des Arômes avant que la commune ne la lui cède en ce début d'année. Un lieu étrange et attachant que les nouveaux propriétaires sont en train de transformer en une étonnante " Maison de l'Art Vivant ".

" La création n'est pas indifférente à l'environnement qui l'a vu naître. Le lieu détermine l'œuvre ! " explique l'artiste qui raconte comment au début des années 70 il était déjà venu s'installer à Buis les Baronnies précisément ici, dans ce " château " qu'un de ses amis parisiens propriétaires à l'époque lui avait prêté pour y fabriquer les premières boules et écrire les premiers textes. Trente ans et une immense notoriété plus tard, Jean Luc Parant est revenu non sans émotion sur les lieux qui ont présidé à ses premières intuitions. L'inspiration est restée la même, intacte : " Je n'ai jamais écrit qu'un seul texte, toujours le même. Je n'ai jamais fait qu'une seule boule … "

Ce qui est toujours nouveau pour Parant, c'est l'œuvre qui se réalise, vivante lorsqu'elle se réalise, traversée par un éboulement perpétuel d'où son œuvre renaît sans fin. Œuvre singulière et individuelle sans doute, mais aussi œuvre collective, réalisée en famille avec son épouse Titi et ses quatre filles Marie Sol, Sibylle, Anaïs et Noémie. Une œuvre qui est aussi le fruit d'innombrables rencontres dont les souvenirs de ces trente dernières années s'entassent dans les caisses d'un déménagement. De ce foisonnement de créations, de vies multiples, de rencontres incessantes, Jean Luc Parant nous propose de partir à la découverte.

La vaste salle aux dimensions impressionnantes que l'on atteint par le jardin est pleine à craquer d'œuvres tant de l'artiste lui-même ou de son épouse Titi, que d'artistes et auteurs contemporains amis de la famille. En fait, la visite du lieu permet tout simplement de faire un inventaire des principales notoriétés de la création artistique contemporaine française. Parmi les écrivains on remarquera accrochés aux murs des écrits, dessins ou collages mis sous verre de Michel Butor, Roland Barthes, Jean Christophe Bally, Valère Novarina, Ben, Jean Pierre Bertrand, Henri Michaux… A coté des boules de Jean Luc, des horloges d'amour de Titi, des textes sur les yeux et des innombrables animaux naturalisés qui envahissent la pièce, le visiteur découvrira au hasard de sa déambulation un dessin de Marcel Duchamp, un collage de Christo, une toile de Jean Le Gac, une peinture de Viallat, une autre d'hervé di Rosa, d'Olivier Debré, de Jean Dubuffet, une œuvre de Claude Royet-Journoud…

Les plus grands de l'art contemporain, qu'ils soient peintres, sculpteurs, plasticiens, poètes, écrivains, philosophes, se sont un jour ou l'autre donné rendez-vous chez les Parant. Le souvenir de ces rencontres constitue un des attraits de la " Maison de l'Art Vivant ". Mais ce n'est pas le seul ! Car à coté des pièces où sont conservés les œuvres du passé, la demeure des Parant est également un vaste atelier où la création continue de s'exprimer au présent, explosant de toute part.

De chaque coté, les pièces du rez-de-chaussée et le jardin lui même sont transformés en ateliers. C'est là que les fameuses " boules " de Jean Luc Parant sont confectionnées. Elles sont en terre cuite pour les plus petites. Les plus grandes sont faites d'un mélange de cire et résine plaqué sur une armature métallique recouverte de fibre de chanvre. La cire est chauffée pendant des heures sur des réchauds sommaires, dans des marmites et chaudrons évoquant d'étranges cuisines pataphysiciennes fort odorantes…

Et c'est sans vraiment s'interrompre dans leurs tâches créatrices que les filles de la maison, Marie Sol, Sibylle, Anaïs ou Noémie Parant, invitent le visiteur à poursuivre ses découvertes dans le jardin où à nouveau, entre sculptures de lions et canon médiéval, d'innombrables boules de terre sont exposées dans un ordre qui tient autant à la géométrie qu'à de savants éboulements. Loin d'être un musée traditionnel ou une galerie ordinaire, la " Maison de l'Art Vivant " qui vient d'être inauguré à Buis les Baronnies est sûrement amené à devenir un étonnant lieu de rencontre pour tous les amateurs (acteurs ou spectateurs) de l'expression artistique contemporaine.

La Maison de l'Art Vivant est ouverte tous les jours de 15h à 22h jusqu'au 15 septembre. Les œuvres seront aussi visibles et touchables sur rendez-vous le reste de l'année. L'entrée est gratuite. Renseignements au Château de Rieuchaud - 26170 - Buis les Baronnies - tel 04 75 28 20 95 -

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Texte et Photos d' Alain Bosmans