Jean
Luc Parant : le retour du voyant Lire aussi l'article :
La Maison
de l'Art Vivant |
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Depuis plus de 30 ans, Jean Luc Parant est un créateur dans le domaine de l'art et de la littérature. Mondialement connu, il revient aujourd'hui s'installer à Buis les Baronnies y poursuivre une œuvre multiple et foisonnante. A Buis où justement voilà trente ans, il avait commencé à réaliser ses premières boules et à écrire ses premiers livres… En haut, Jean Luc Parant au chateau de Rieuchaud en avril 2000 avec sa fille Sibylle et en bas (Photo de R. Gallet) en 1971, déja des boules...
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Jean Luc Parant a dans sa vie façonné des milliers de boules, aligné des millions de mots. C'est un écrivain qui a déjà publié quarante ouvrages d'une écriture dense et circulaire qui tient à la fois du poème et de l'essais. C'est également un artiste qui réalise des dessins, des tableaux, des sculptures et surtout des " Boules ", des installations de " Boules "… Il a participé en trente ans à prés de 300 expositions dans des musées, galeries et centre d'arts parmi les plus prestigieux de France et d'Europe. Depuis le Centre Georges Pompidou à Paris jusqu'à la fondation Maegh à Saint Paul de Vence et demain dans le Palais des Papes à Avignon où il participe à l'exposition de l'an 2000 " La Beauté " qui sera inaugurée par une visite de Jacques Chirac (1). Musée des Beaux Arts de Toulon Jean Luc Parent aime se présenter comme étant un fabricant de boules et de textes sur les yeux. " Les textes sont sortis de ma tête, les boules sont sorties de mes mains. Si avec les mains, je fais des boules, avec la tête je fais des textes sur les yeux ". Les boules sont en terre ou en cire. Ces dernières sont faites d'un noyau de grillage recouvert de fillasse et enduit d'une mystérieuse matière à base de cire à cacheter que l'on fait chauffer sur des chaudrons d'alchimistes. Elles sont de toutes tailles, de quelques centimètres à plus d'un mètre de diamètre. Ce sont de curieux objets, le plus souvent noires, de forme sphérique, rugueuses, couvertes d'aspérités. Certaines sont sur le point d'éclater, d'autres semblent vous regarder ou vous menacer. Boules amicales ou inquiétantes, envahissantes, qui se propagent, se multiplient, avalent des chaises, des voitures, des personnes… Musée des Augustins à Toulouse Autour de Jean Luc Parant, depuis 30 ans, les boules s'amassent, à peu prés semblables, envahissant l'espace et peu à peu le lieu où il habite, où il expose ses " assemblages de boules ". Dans l'œuvre de Jean Luc Parant, c'est le tas qui prévaut, qui fait sens, tout comme pour les mots qui ont leur sens propre et qui se noient dans la phrase. Des phrases que l'auteur psalmodie de façon incantatoire sur une musique composée par sa fille Marie Sol (2). Marie Sol façonne à Rieuchaud les "boules" qui seront exposées au Palais des Papes d'Avignon Les mots, les boules, les yeux, l'ombre et la lumière, l'amas et l'éboulement, l'œuvre de Jean Luc Parant est en effet totale et vivante. Pour la découvrir, il suffit d'y aller voir, à Buis les Baronnies, dans la grande bâtisse que l'on appelle ici pompeusement " le château de Rieuchaud " et qu'il vient d'acquérir pour s'y installer avec toute sa famille. Son épouse Titi, ses filles aînées Marie Sol et Sibylle (la famille Parant compte également deux autres filles Anaïs (20 ans), Noémie (18 ans) et un garçon Quentin (13 ans) qui poursuivent leur scolarité à Toulouse) accueillent volontiers le visiteur égaré à la recherche d'une hypothétique " maison des arômes " que le château hébergea un temps. La famille Parant au grand complet devant le "Chateau" de Rieuchaud Alors, le visiteur découvre un étonnant capharnaüm, un " foutoir vivant ", un désordre invraisemblable dans lequel se mêlent et s'accumulent, s'agglutinent et se côtoient jusque dans le jardin, des objets les plus hétéroclites. Au cœur du désordre apparent règnent des centaines de boules, de livres, d'animaux empaillés (y compris un éléphant !) ou vivants comme ces nombreux chiens, chats, poulailles, colombes et perroquets qui s'ébattent en liberté ou dans leurs volières. Marie Sol raconte le passé, l'œuvre de ses parents. Les projets aussi avec la transformation de ce vieux manoir en une future " Maison de l'Art vivant " sise à Buis les Baronnies. Une métamorphose qui doit déboucher avant la fin de l'année sur un lieu de vie et de création, de rencontres et d'expositions, une bibliothèque d'art et de poésie. On parle même d'une maison d'édition de livres d'art… Marie Sol compose et accompagne son père au piano " La création n'est pas indifférente à l'environnement qui la vu naître. Le lieu détermine l'œuvre ! " confirme Titi Parant qui raconte comment au début des années 70 ils étaient déjà venus s'installer à Buis les Baronnies. Précisément ici, dans ce château et dans la ferme toute proche (aujourd'hui transformée en Centre équestre et d'Escalade) qu'un de leurs amis parisien propriétaire à l'époque avait proposé de leur prêter pour héberger la création des premières " boules ", l'écriture des premiers textes… Trente ans et une immense notoriété plus tard, Jean Luc Parant revient non sans émotion sur les lieux qui ont présidé à ses premières intuitions. L'inspiration est restée la même, intacte : " Je n'ai jamais écrit qu'un seul texte, toujours le même. S'il est des milliers de fois répété sans qu'aucun ne lui ressemble jamais, c'est parce que ce texte existe dans un espace sans fin… Je n'ai jamais fait qu'une boule… une boule à la fois fini mais dans un espace sans fin… " Jean Luc Parant à Rieuchaud avec son fils Quentin Et si on lui demande s'il va encore continuer longtemps à faire comme cela des boules et des textes sur les yeux, Jean Luc Parant répond qu'il pense tout de suite au soleil à qui il a envie de demander si lui aussi pourra un jour s'arrêter de brûler… " Car je brûle, je me consume ! Ces boules, ces textes ne sont produits que pour la combustion de mon corps… Et j'écris sur les yeux des textes qui éclairent les boules que je fais comme le soleil éclaire la terre… ! ". Ami de Michel Butor et familier des plus grands noms de l'art contemporain, Jean Luc Parant est bien ce " voyant " rimbaldien à la recherche d'une éternité (3). Alain Bosmans (1) L'exposition d'Avignon comprendra 20 tonnes de boules de terre, plus d'une centaine de boules de cire de toutes tailles, des dizaines d'animaux naturalisés et empaillés ainsi qu'une bibliothèque d'environ un millier de livres de cire fabriqués par l'artiste et ses filles. Elle se tiendra au Palais des Papes du 27 mai au 1er octobre tandis que d'autres " Boules " seront exposées à Paris dans la prestigieuse Galerie de France et que la Galerie J.F. Dumont de Bordeaux accueille l'artiste du 7 juin au 10 juillet. (2) L'œuvre de Jean Luc Parant est non seulement foisonnante et multiple, mais également familiale. Son épouse Titi Parant est également peintre-sculpteur et Jean Luc reconnaît volontiers que " toutes ces boules sont des œuvres avec Titi… ". Ses enfants aussi participent à la réalisation des assemblages, en particulier les deux aînées Marie Sol et Sibylle qui confectionnent dans les jardins de la propriété de Rieuchaud à Buis les Baronnies des boules et des livres de cire tandis que Marie Sol accompagne au piano les textes de son père d'une musique originale éditée notamment sur un C.D. par le Centre Culturel André Malraux de Nancy. (3) " Elle est retrouvée.
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