De la Normandie jusqu'aux Baronnies

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Cinquante ans d'itinérance (1945 - 1995)

Une enfance normande.
Je suis né le 19 juillet 1945 à Montivilliers, petite commune rurale proche du Havre en Seine Maritime. Second fils d'un père Albert (directeur de société, diplômé d'HEC) et d'une mère Noëlle (sans profession) dont les ancètres sont issus de familles plutôt cosmopolytes ...
- Du coté paternel, mes grands parents Théodore Bosmans (que l'on n'appellait que "Théo") et son épouse Germaine étaient belges tous les deux. Né à Bruxelles vers 1880, Théo s'était lancé très jeune dans une carrière de comédien, acteur professionnel de théâtre (puis de cinéma). Monté à Paris en quête de succès, il avait d'abord connu une cernaine notoriété en jouant les "jeunes premiers" dans la troupe parisienne de la comédienne "Réjane" (qui fut probablement sa maitresse). Jusqu'à ce qu'il rencontre (à Paris vers 1912) ma grand-mère Germaine (elle même issue d'une famille franco-austro-hongroise : les Nieder-Haffen). D'une quinzaine d'années plus jeune que lui, Jeanne Nieder sut convaincre Théo Bosmans d'abandonner Réjane et la comédie en lui faisant (aprés l'avoir épousé en 1914), un enfant unique : mon père Albert. Aprés la guerre de 14-18, Théo et Germaine ouvriront et tiendront à Paris pendant plus de 40 ans une librairie (au 42 de la rue des Martyrs, 9e arr). Mon père y grandit et y fit ses brillantes études. C'est aussi dans cette librairie que, moi-même, rendant visite à mes grand parents parisiens à chaque vacances scolaires, je contractai ce vif goût pour la lecture, les livres, la littérature, le théâtre et la comédie. J'aimais et j'admirais ce grand-père plein d'humour, d'insouciance et de fantaisie qui nous quitta trop tôt lorsque que j'avais 16 ans. Ma grand-mêre Germaine avait un fort caractère, elle vécu longtemps seule à Paris aprés la disparition de son époux.
- Du coté maternel, j'ai peu de souvenirs de
mes grands parents : Raymond Frêne et Jeanne Delhomme. Tous deux étaient issus d'un milieu et d'une société provinciale, bourgeoise, catholique, traditionnelle de Normandie. Raymond, né lui aussi vers 1880, s'était engagé très jeune pour devenir militaire officier de carrière active dans l'armée française. Il participa notamment à la campagne coloniale du Maréchal Lyautey au Maroc en 1910-1912. Puis à la grande guerre 14-18 où il s'illustra en recevant la Croix de Guerre et la Légion d'honneur. Ma grand mère Jeanne, elle-même issue d'une riche famille d'industriels havrais (chantier naval Delhomme) lui donnera deux filles : Ma tante Gillette née en 1912 et ma mère Noëlle née en 1919. Le commandant Raymond Frêne pris sa retraite militaire à Montivilliers et décéda avant la guerre de 1939. Ma grand-mère Jeanne, très affectueuse, nous quitta alors que j'avais 5 ans.
- Mes parents Albert et Noëlle se connurent avant la guerre 39-45 à Montivilliers où ma mère résidait chez ses parents avec sa soeur. Sorti dans les tous premiers rangs de l'école d'HEC, mon père fut recruté en 1938 (il avait 24 ans) pour devenir l'ajoint et le successeur de Mr Mahuzier, vieux directeur de la sucursale havraise de la Maison Worms, spécialisée dans le commerce des combustibles (charbon et pétrole). Mr Mahuzier, qui avait des filles à marier du même age que celles de Mr et Mme Frêne, pris l'habitude d'inviter chez lui à Montivilliers le jeune fondé de pouvoir qui venait d'arriver de Paris ... C'était avant la guerre et on raconte que tous les week-ends chez les Mahuzier on faisait du théâtre à Montivilliers.... Ils se marièrent en 40, mon frère Philippe naquit en janvier 43, moi en juillet 45.

Un goût précoce pour les voyages.
- A cinq ans, mes parents quittent Montivilliers pour s'installer au Havre dans un appartement de l'avenue Foche au coeur d'une ville entièrement reconstruite. J'y effectue mes humanités : En primaire au collège publique François Premier, puis en secondaire à l'Institut catholique St Joseph. Mes parents occupaient alors leurs vacances estivales à sillonner la France en voiture pendant un mois (avec leurs 2 insupportables progénitures)  : Le Massif Central, les Vosges, le Jura, l'Alsace, les Alpes, la Côte d'Azur, les Châteaux de la Loire, la Bretagne, 1'Italie… L'une aprés l'autre, chacune de ces destinations ponctuèrent les étés de mon enfance.
- A 12 ans, je prends seul le Car-ferry au Havre pour me rendre à Londres où m'attend la famille d'un jeune écolier anglais avec lequel je serais "échangé" pour un mois... Premières découverte du voyage et de l'étranger ! La famille Barrow est bien là à m'attendre à la gare Victoria ... Ouf !
- L’année suivante je me rends seul en train à Dusseldorf en Allemagne pour passer un mois dans une famille allemande avec l'espoir d'y apprendre la langue... Deja, loin de la tutelle paternelle, étranger à l'étranger, curieux de tout, j'éprouve déjà une puissante attirance pour le voyage, la découverte de l'inconnu, le goût de l’altérité, la soif du dépaysement... Cela ne me quittera plus.
Au Havre, j'apprend à jouer de la guitare, je vais passer desweek-end à Londre, les chansons de Dylan, des Beatles, des Stones m'enthousiasment et les livres de Kerouac me fascinent. Le jeune centralien Antoine chante ses « élucubrations » avec des cheveux longs et une belle désinvolture. Son départ sur la mer en voilier 15 ans plus tard ne me laissera pas indifférent…
- J'ai à peine 15 ans lorsque, pour me récompenser du succès au BEPC, mon père (qui a des relations professionnelles avec des armateurs havrais) me propose d’effectuer par mer un voyage initiatique au Maroc. J'embarque à Rouen en juillet 1960 sur un caboteur hollandais de 1200 tonneaux. Je suis le seul passager à bord, je mange avec les officiers et j'ai accès à la passerelle. Je traverse le Golfe de Gascogne sans être malade et débarque à Casablanca 8 jours plus tard. Pas peu fier … C'est le premier contact avec l'Afrique et c'est le coup de foudre. Pendant un mois, je serais l'hôte d'une famille franco-marocaine (amie de mes parents) avec qui je visiterai Casa, Meknes, Rabat, Marakech et Mogador (Essaouira), avant de ré-embarquer sur un autre caboteur qui, au retour, fera escale à Safi, Tanger, Lisbonne et Rouen. Le soleil, la mer, les ports, les médinas, les moquées, les souks et les femmes voilées … Tout est déjà là… Je suis mordu ! Le poète avait raison : « La vrai vie est ailleurs… ».
- En juillet 1963, le bac philo en poche, je me lance avec un ami havrais dans un voyage de "Beatnick" à travers la France, l’Italie et la Grèce. Nous partons en auto-stop et descendons sur la côte d'Azur, puis la Riviera italienne, passant par Canne, St Tropez, Florence, Rome, Naples et Ancone. Nous allons nu-pieds, les jeans délavés et le cœur en fête … Le soir, on dort dans les auberges où se rencontrent une jeunesse européenne qui rêvent de changer la vie en écoutant les Beatles et les Stones ... A Ancône, nous rejoignons un groupe d'étudiants (et d'étudiantes !) en lettres qui organisent un voyage de visites archéologiques en Grèce avec l’un de leur professeur. Ce sera durant 15 jours la découverte émerveillée du Péloponnèse, Athènes, Delphes, Délos et La Crête, … Un bien joli décor pour se déniaiser ! Je rentre seul en autostop à travers l'Italie et la Suisse…
- En septembre c'est la rentrée universitaire à Rouen. Louant une chambre d'étudiant dans la vieille ville, rentrant tous les week-ends chez mes parents au Havre, j'entame trois années d'études
en faculté de droit et de sciences économiques de l'Université de Mont-Saint-Aignan. La ville et la vie universitaire me semble alors bien grise. C'est d'ailleurs moins les matières étudiées (le droit public et l'économie) que les perspectives d'avenir qu'elles offrent, qui me déçoivent le plus... La passion pour le voyage ne me quitte plus !
- Durant l'été 1967, je me lance dans un nouveau "Road Trip"que j'effectue en solitaire à travers la Scandinavie et l’Europe de l’Est. Parti en avion jusqu’à Copenhague avec un sac à dos et une guitare, je traverse la Suède et la Finlande en auto-stop jusqu'au cercle polaire. Puis, aprés avoir travaillé un mois comme ouvrier agricole dans une ferme finlandaise près d'Oulu, je prend le bateau à Helsinky pour rejoindre Leningrad et rentrer en France à travers l’URSS, la Pologne et l’Allemagne de l’est en train, puis l'Allemagne de l'ouest en auto-stop.
- Je viens d'avoir 22 ans, j’ai échoué à l'examen d'entrée en troisième année de licence en droit et n’ai plus aucune chance d’obtenir ce diplôme sans me mettre sérieusement au travail. Pour qui ? Pourquoi ? Pour quelle vie ? Incapable de répondre à ces questions, j'ignore ce je veux faire de ma vie, mais commence à savoir ce que je ne veux pas qu'elle soit !

Un an de service militaire polynésien
- En septembre 1967, renonçant à la vie qu’on me destine, je décide d’abandonner mes études et résilie mon sursis militaire. Seconde classe dans l’armée de l’air, je fais mon C.I. sur une base aérienne prés de Colmar. Puis, volontaire pour partir en outre-mer, je suis affecté à la station météorologique militaire de l’aéroport de Papeete, capitale de l'ile de Tahiti en Polynésie française. Pendant un an j'y serai chargé quotidiennement d'enregistrer les cartes météo destinées à la campagne d'essais thermo-nucléaires de Mururoa.
- En marge de ces obligations militaires, je travaille (épisodiquement et au black) comme pigiste à la rédaction du journal quotidien local "Les Nouvelles de Tahiti". Pendant un an je rève de vivre sur les traces de Pierre Loti, Jack London, Paul Gauguin, Alain Gerbault ou Bernard Moitessier. De quoi me consoler d'avoir raté mai 68 à Paris !

14 ans de salarié expatrié en Afrique noire
- De retour en France, je cherche aussitôt à repartir dans le tiers-monde. Le groupe français SCAC spécialisé dans le transport maritime international, recrute pour ses agences d'Afrique noire des jeunes gens, parlant l’anglais, célibataire et volontaire pour l’outre-mer. Pistonné par mon père, je suis rapidement affecté en mai 1969 à l'agence de consignation maritime SOCOPAO du port de Pointe Noire en République du Congo Brazzaville
. J'y effectue 3 séjours d'expatrié de 18 mois chacun, apprenant (sur le tas) le métier d'agent maritime (représentant d'armateurs).
- En mai 1973, à la suite d’un différent avec la direction locale de l'agence, je démissionne de la SCAC et me lance dans un long voyage solitaire de plusieurs mois. Partant de Pointe Noire, utilisant les moyens de transport les plus variés (avion, train, car, auto-stop), je traverse et fais escale successivement au Congo (Kinshasa), au Kenya (Nairobi et Masaï-Marra), en Ethiopie (Addis-Abeba, Lalibela, Asmara et Massada), aux Indes (New Delhi, Khajurâho, Agra, Bénarès, Patna), au Népal (Katmandu), en Afghanistan (Kabul, Bamian, Banda Amir, Herat), en Iran (Meched, Téhéran, Tabriz) et en Turquie (Istanbul). Je rentre à Paris en octobre 1973 aprés un voyage fascinant qui me marquera profondément.

- A la recherche d'un nouvel emploi d’expatrié, mettant en avant mon expérience africaine et mon goût pour les voyages, je suis recruté en janvier 1974 par les services commerciaux du groupe français de restauration collective SODEXHO. Affecté à Port Gentil (Gabon) comme attaché commercial itinérant, je suis principalement chargé des relations avec des compagnies internationales de recherches pétrolières présentes en Afrique de l'ouest. Muté à Paris aprés 18 mois en Afrique, je démissionne de la SODEXHO en décembre 1976.
- De nouveau à la recherche d'un emploi d’expatrié, je
suis ré-embauché en mai 1977 par la SCAC Afrique qui m'affecte au Kenya à sa filiale locale de consignation maritime EACS de Mombasa. J'y occupe pendant 5 ans les fonctions de chef d'agence avant d'être muté à Abidjan ( Côte d'Ivoire) pendant encore deux ans à la direction du service de consignation maritime de la SOCOPAO. J'en démisionne en novembre 1983 pour traverser l'Atlantique sur le voilier "Cigale 2" que je viens d'acquérir à Abidjan.
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Durant ces 14 années étant expatrié en Afrique, j'ai été amené à effectuer plusieurs déplacements professionnels à travers le monde : pour la SODEXHO en Rhodésie (Salisbury), au Congo (Pointe Noire) et en Afrique du Sud (Cape-Town). Pour la SCAC en Allemagne de l'Est (Rostock), en Uganda (Kampala), à l'Ile Maurice et à la Grande Comores (Moroni).
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Dans le même temps, j'ai consacré plusieurs de mes vacances annuelles d'expatrié à effectuer des voyages de découverte touristique à travers le monde. Notamment deux voyages d'un mois chacun au Moyen Orient (Egypte, Liban, Israël) et deux voyages d'un mois chacun en Asie du Sud-Est (Indes, Thaïlande, Laos et Birmanie).

Une passion pour la voile
En Afrique dans les différents ports où je réside (Pointe Noire, Port-Gentil, Monbasa, Libreville, Abidjan), je me prend de passion pour les sports de voile (planche à voile, dériveurs, voiliers) et m’initie progressivement à la navigation hauturière sur voilier de croisière. Bernard Moitessier devient mon mentor.
- En automne 1980 au Kenya, je suis équipier pendant 2 mois sur le voilier "Dinask" en croisière entre Mombasa et Aldabra (Seychelles), et entre Mombasa et Lamu (Tanzanie).
- En 1982 et 1983 à Abidjan tous les week-ends, je m’initie à la navigation sur le voilier "Cigale 2" avec ses propriétaires de retour d’un tour du monde.
- En mars 1983, j’effectue à Nice un stage d'une semaine à l'école de skipper de Florence Artaud.
- En juin 1982 j'achète à Abidjan, le voilier "Cigale 2". Un sloop de 11m de long (35 pieds), de modèle "KIRK" en polyester fabriqué aux chantiers Amel de La Rochelle. Voilier parfaitement équipé, à la suite d'un tour du monde réalisé par les anciens propriétaires Jeanne et Luc Rabione. (voir La Cigale 2 (1983 - 1994) et lire La Cigale 2 - mode d'emploi)
- En novembre 83, je démissionne de toutes activités professionnelles et entame au départ d’Abidjan une vie de navigation itinérante en solitaire sur mon voilier "Cigale 2".

Trois années de bourlingue.
En décembre 1983, avec son capitaine néophite et un jeune équipier recruté localement, le voilier "Cigale 2" traverse l’atlantique sud entre Abidjan et Salvador de Bahia au Brésil . Soit 32 jours de navigation, entrecoupée d'une escale à l'ile de Saint Hélène. Cette première grande traversée sera suivie de trois années (de 1984 à 1986) à vivre et à voyager sur mon voilier en solitaire et en itinérance, entre le Brésil et Haïti :
- Sept mois d'escale à Salvador de Bahia suivis d'un mois à l'ile de Fernando de Noronha (Brésil).
- Six mois à Cayenne en Guyane française avec une expédition de la remontée du fleuve Approuague et un séjour aux iles du Salut.
- Un an à l'ile de Grenade (petites Antilles) où je fais réguliérement des sorties à la voile de type "charters"à la journée pour clients et amis depuis Prickly Bay. Je suis également chargé par la coopération française à Grenade d'animer bénévolement l'Alliance Française de la capitale St Georges.
- Six mois d’escale technique à Fort de France (Martinique) pour carénage, pose d’un enrouleur de génois et d'un navigateur satellite.
- Organisation sur La Cigale depuis Grenade et Fort de France de plusieurs mini-croisières de type "charters" vers les iles voisines des petites Antilles : les Grenadines, la Dominique, la Martinique, Trinidad et Margarita (Venezuela).
- Deux voyages aller/retour en avion vers Paris pour passer quelques semaines auprés de parents et amis. Le premier depuis Cayenne (avec escale d'une semaine à New-York chez J.D Couffon de Trévos) et le second depuis Fort de France.

Une escale Haïtienne
- Alors que j'avais pour objectif de rejoindre Panama et son canal, je décide en février 1986 de faire une courte escale en Haïti, où le dictateur Jean-Claude Duvalier vient d'être renversé.
- Atterrissant au port de Jacmel après 8 jours de navigation solitaire depuis l'ile vénézuélienne de Margarita,
il m’est proposé d'occuper, jusqu'à la fin de l'année scolaire, un poste rémunéré de professeur (de français, histoire et géographie) dans le collège secondaire franco-haïtien "Alcibiade de Pomeyrac". Après 4 mois de cette passionnante expérience pédagogique à Jacmel, séduit par le pays, sa culture et ses habitants, je décide de poursuivre avec La Cigale la découverte de la péninsule sud de l'ile.
- En août 1986, je fais escale à PESTEL, petit village de pêcheurs de la baie des Cayemites (2 500 habitants). J'y découvre les exceptionnelles qualités du plan d'eau, les remarquables traditions nautiques et l'hospitalité de ses habitants. Tombant amoureux du village, je décide de prolonger mon séjour en Haïti et Pestel devient le port d'attache de La Cigale et de son capitaine.
- Les traversées régulières que j'entreprend désormais chaque mois vers la capitale Port-au-Prince et les séjours à la marina d'Ibo Beach me permettent de nouer de nombreux liens amicaux avec des membres influents de la communauté haïtienne et expatriée de la capitale.
Ces relations seront d'un précieux soutien aux projets de développement que je ménerai pendant les 8 annnées suivantes à Pestel.

Huit années d'aventure à Pestel
De 1986 à 1994, avec le concours et le soutien de l'ensemble de la population et des élus locaux, je serai à l'initiative et à l'animation de plusieurs projets de développement du village (voir Pestel, village Haïtien (1986 - 1994) et lire le récit de voyage "La Flibuste" ) à savoir :
- Création et animation, avec le concours et le soutien de la Mission de Coopération Française de Port- au-Prince, d'un centre culturel villageois (CEPEC) qui proposera gratuitement pendant 8 ans à la population villageoise une bibliothèque avec prêt de livres, de journaux, la projection de films et des cours de français.
- Ouverture et animation, avec le soutien des autorités municipales locales, d'un hôtel, restaurant, bar, nommé d'abord "La Flibuste" puis "Le Jacquot Bleu". L'établissement était géré par les jeunes du village.
- Organisation, pour les visiteurs, amis et touristes de passage, de sorties à la journée et de mini-croisières sur La Cigale, à la découverte de la baie des Cayemites.
- Organisation, avec le soutien de plusieurs entreprises privées de la capitale Port au Prince, d'une "Fête de la Mer" à Pestel. La première édition s'est déroulé avec éclat le 19 mars 1987 en présence de nombreuses personnalités venues de la capitale. Parmis lesquelles le Général Namphi, président (éphémère) de la république d’Haïti.
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Les « Fêtes de la Mer », que j'ai continué à animer à Pestel chaque année jusqu'en 1993, connaitront succès et notoriété tant au niveau local que national. En mars 1989, contacté par mes soins lors d'un de mes séjours annuels à Paris, le magazine de la Télévision Française "Thalassa" enverra une équipe de tournage sur place pour réaliser un documentaire de 21 minutes qui sera diffusé le 16 juin 1989 sur FR3.

Huit années de cabotage à partir de Pestel
- En dehors de ma vie à Pestel pendant ces huit années, j'ai continué à naviguer avec La Cigale le long des côtes et autour de la presqu-ile. Notamment pour me rendre régulièrement à Port au Prince et à la marina d'Ibo Beach de la capitale, transmportant passagers et équipement.
- A partir de Pestel ou d'Ibo-Beach, j'ai aussi organisé sur mon voilier plusieurs charters avec passagers payants. Notamment deux croisières en Jamaïque (escales à Port Antonio et Kingston) et deux voyages aux iles Turk and Caicos (Bahamas), dont l'un pour effectuer le carénage de La Cigale.
- En tant que skipper, j'ai également effectué le convoyage d'un voilier de 15 m depuis Pestel jusqu'à l'archipel des iles Samblas (Panama) et retour en avion.
- Enfin, p
endant ces 8 annnées, je suis plusieurs fois rentré en avion en France pour des séjours de quelques semaines à Paris auprès de mes parents et amis.

Quand l’enfant parait
Le 15 avril 1990, un fils Arthur est né à Pestel de mes amours avec une jeune pestelloise. L'heureux événement se déroula durant la soirée de la quatrième "Fête de la Mer"... Pour héberger mon fils et ma nouvelle famille, je fis construire début 1991 au bord du lagon une petite maison de trois pièces pourvu d'une terrasse servant d'appontement à mon voilier. (voir photos souvenir d'Haïti (1986 - 1994) . A Noël 1993, pour la première fois, Arthur a fait le voyage en avion vers Paris avec moi. Nous avons séjourné à Versailles chez les Gauger, à Pantin chez Christine et Michel, aux sports d'hiver à Megève avec Chantal, avant de retourner à Port au Prince avec escale à Miami.

La fin des voyages
Tout au long de ces huit années, l'histoire politique, économique et sociale d'Haïti fut très mouvementée (c'est un euphémisme). Aprés y être arrivé en mars 1986, mes espoirs de rétablissement de la démocratie après la chute de la dictature Duvalier firent long feu et les coups d'état militaires se succèdèrent pratiquement chaque année. Celui de 1991, qui renversa le prêtre Jean-Bertrand Aristide (élu démocratiquement en 1990), fut sanctionné par un embargo international provoquant le départ des missions de coopérations françaises et américaines. La situation devenant de plus en plus inquiétante et dangereuse, je quittais Haïti avec Arthur en mars 1994, huit ans presque jour pour jour après m'y être installé... Ni Arthur, ni moi n'y sommes depuis plus jamais retourné ! La Cigale doit toujours s'y trouvé ...
Rentré en France avec Arthur qui n'avait pas encore 4 ans, le hasard et un heureux concours de circonstances nous amenèrent à nous installer au sud de la Drôme dans les Baronnies Provençales....

La suite "A l'ombre des Tilleuls".