"Parfums de jazz" : Les copains d'abord...
 

(Article du dauphiné libéré du 4 juin 1999)
 


La promotion Jean Cocteau 1963/1967 de l’école Normale d’Instituteurs de Valence. On reconnaît debout en partant de la gauche, le 3ème  : Jean Jacques Taïb, le 5ème à l’arrière plan : Alain Brunet, le16ème : Olivier Clary et assis à partir de la gauche le 6ème donnant l’accolade à ses voisins, Jean Pierre Buix, aujourd’hui maire de Buix les Baronnies entouré en bas par Olivier Clary à gauche et  Jean Pierre Espieux à droite.

 

Le premier festival de jazz de Buis les Baronnies est le fruit de la longue amitié d’une bande de copains de l’école Normale de Valence qui, venant d’horizons les plus lointains, se retrouvent 35 ans plus tard pour célébrer leur passion commune pour cette musique, dans la ville dont le prince est un parfum.
 

        L’histoire commence dans le milieu des années 60 à l’école normale d’instituteurs de Valence où sont assis sur les mêmes bancs (destinés à les faire passer de l’autre coté du tableau noir) 5 copains qui deviendront inséparables malgré la diversité des trajectoires de leurs destins respectifs. Trois d’entre eux sont natifs des Baronnies : Jean Pierre Buix, Jean Pierre Espieux et Olivier Clary. Les deux premiers reviendront y faire carrière dans l’enseignement à l’école primaire du Buis où ils sont devenus respectivement maire et adjoint au maire. Olivier Clary, originaire de Montauban sur Ouvèze, attiré dés la sortie de l’école par le grand large, poursuivra sa carrière d’enseignant en outre mer. Naviguant (au propre comme au figuré) de Madagascar à Tahiti, il réside aujourd’hui et depuis 10 ans en Polynésie Française, où il occupe le poste de directeur des services sportifs universitaires, vivant toujours sur un voilier (voir notre article « Les marins de Montauban » du 1/1/99).

        Le quatrième, Jean Jacques Taïb, est peut-être le musicien le plus confirmé de la bande. Ce pied noir natif d’Alger n’avait pas son pareil pour animer, dans le milieu des années soixante, tous les bals des environs de Valence en compagnie des meilleurs jazzmen de la région : Marcel Becker, Jacques Rochegude, Gérard Maimone, Jacques di Meglio ou encore René Paoletti. Une joyeuse équipe de musiciens qui devait entraîner dans leurs aventures musicales plusieurs étudiantes Valentinoises de l’Ecole Normale de filles comme Christiane Jérôme ou Annie Chiffre par le biais de la « Chorale Inter-Ecole-Normale ». Devenu professeur d’histoire-géo à Orléans, Jean Jacques Taïb participera ultérieurement à plusieurs groupes de jazz prestigieux, jouant avec les plus grands musiciens américains comme Tommy Flanagan, Sonny Stitt, Pepper Addam, Horace Parlan, Lou Bennet et Al Levitt.

        Le cinquième compère enfin, Alain Brunet, originaire de St Sorlin en Valoir dans le nord de la Drôme aura sans doute le parcours professionnel le plus atypique de tous. Tour à tour trompettiste de jazz, nommé directeur de l’ADDIM à Valence au terme d’un cursus universitaire en musicologie à la Sorbonne, il crée en 1975 le département de jazz du conservatoire de Romans ainsi que le grand orchestre de jazz de la Drôme qu’il dirigera jusqu’en 1984 avec pour pianiste un certain Michel Petruciani. Abandonnant en 84 la scène il exerce les fonctions de sous préfet à Albi (Tarn), Cosne sur Loire (Nièvre) et Céret (Pyrénées-orientales). En 1989, Jack Lang l’appelle pour l’intégrer à son cabinet comme conseiller technique, puis comme chef de cabinet de 91 à 93. Devenu conseiller de Jean Marie Cavada à la direction de la cinq, il fait l’objet d’un portrait en images par le réalisateur François Reichenbach et co-anime avec Eve Ruggiéri plusieurs émissions consacrées au jazz sur Antenne 2. Il occupe actuellement à Paris les importantes fonctions d’Inspecteur Générale de l’Education Nationale.

        Une solide amitié de potache relie au fil des ans ces cinq copains qui partagent également la même passion pour la musique de jazz dont deux d’entre eux sont devenus des interprètes hors pair. Rien d’étonnant donc à ce que, lors d’une visite d’Alain Brunet à Tahiti sur le voilier d’Olivier Clary, l’idée germe entre les deux amis de se retrouver autour de l’organisation d’un festival de Jazz dans la capitale du tilleul et des arômes. L’accueil du projet par la municipalité du Buis, dont deux des compères sont d’éminents magistrats, fut (on s’en doute) enthousiaste et depuis 2 ans le projet prend corps. Utilisant le réseau de relations publiques de l’un, les contacts musicaux de l’autre et s’appuyant sur la malice et l’ingéniosité de tous, l’opération va voir le jour dés cet été avec un plateau que bien des communes de cette importance pourrait envier.

        Le « premier Festival de Jazz de Buis les Baronnies » se déroulera cet été les 19, 20 et 21 août. Son nom « Parfum de Jazz » résume assez bien le cadre et le genre musical qui sera proposé pendant trois jours dans le chef lieu de canton de la Drôme Provençale. A l’affiche pour cette première édition le jeudi 19 août, un quintet constitué autour d’Alain Brunet (trompette) et Jean Jacques Taïb (clarinette et saxo), se produira dans la cour des V.V.F. Le vendredi 20, le « Jomfru Fanny Big Band » (un talentueux big band danois) présentera un concert dans les jardins de la mairie. Enfin le samedi 21 une grande soirée de jazz populaire et gratuite sera proposée par tous les musiciens réunis sur la place des Quinconces.

        La principale attraction du festival sera le Big Band danois « Jomfru Fanny » constitué de 20 musiciens (5 saxos, 5 trombones, 4 trompettes, 4 rythmiques, 1 vocaliste et 1 chef d’orchestre) de renom international. L’un de ces musiciens, le saxophoniste Felter Steen, possède une résidence secondaire à Buis et compte pas mal d’amis parmi les amateurs de jazz drômois. Si l’on ajoute que le Jazz-Band en question célébrera cette année son Jubilée de 10ème anniversaire, il n’en faut pas plus pour expliquer comment nos amis Danois auront été aisément convaincus de venir en car et en famille à la découverte de la Drôme Provençale tout en participant au premier « Parfum de Jazz » de Buis les Baronnies.

        Alain, Olivier, Jean Jacques, Felter, Jean Pierre et les autres… Un festival de jazz ! Une bouffée d’amitié ! Les copains d’abord…


         Alain Bosmans