Avec une récolte 2011 de lavande et lavandin en croissance de 10 %, des cours d’huiles essentielles qui progressent de manière très significative et une stabilisation du dépérissement, les lavandiculteurs drômois retrouvent le moral après plusieurs années de déprime.
« 2011 aura été une bonne année pour la lavande et lavandin ! » C’est en ces termes qu’Alain Aubanel ouvrait vendredi dernier au CFPPA de Nyons l’assemblée générale de la fédération départementale des producteurs de lavandes, lavandins et plantes à parfum de la Drôme et de l’Ardèche. Et le président de détailler: « Malgré des conditions climatiques défavorables en juillet, la récolte a progressé en moyenne de 10 % par rapport à 2010 s’établissant à 1030 tonnes en lavandin, 30 tonnes de lavande clonale et 10 tonnes de lavande de population. Au niveau économique, nous avons vu une augmentation des prix très significative et totalement imprévue : le cours du lavandin a augmenté de 20 %, celui de la lavande de population de 25 % et les lavandes clonales de 30 %. Enfin, l’année 2011 a été marquée par une stabilisation de l’avancée de la maladie du dépérissement, le mauvais temps de cet été ayant éliminé une partie des insectes vecteurs ».
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes lavandicoles drômois et ardéchois ? Pas tout à fait s’empresse de préciser Alain Aubanel, « car en agriculture les années se suivent mais ne se ressemblent pas nécessairement : Nous avons déjà quelques inquiétudes suite au gel de ces derniers jours (voir ci contre) et pour le dépérissement, il faut être très prudent, rien n’est gagné… »
Le dépérissement reste préoccupant
Précisant que la vallée du Rhône est maintenant la seule zone en France indemne de cette maladie depuis que le plateau de Valensol a été contaminé l’année dernière, Alain Aubanel soulignait qu’il faut absolument maintenir les mesures de prophylaxie et recommandait aux producteurs de lavande et lavandin de ne se fournir qu’en plants sains certifiés. Le sujet du dépérissement, les méthodes de prévention et l’état des recherches furent par ailleurs longuement abordés à l’occasion des interventions de Cédric Yvin de l’ITEPMAI (1), Eric Chesse directeur du CRIEPPAM (2) et François Arnaud-Miramont de la chambre d’agriculture qui détaillait les mesures du plan de reconstitution du patrimoine lavandicole du conseil général de la Drôme.
(1) ITEIPMAI : Institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales et aromatiques.
(2) CRIEPPAM : Centre régionalisé interprofessionnel d’expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
France Lavande : Un parfum d’optimisme
La coopérative de Montguers affiche, cette année encore, des résultats financiers et commerciaux en progression.
Tenant son assemblée générale à Buis les Baronnies le mardi 21 février dernier sous la présidence d’Eliane Bres et en présence du vice président du conseil régionalMichel Grégoire, des conseillers généraux Fabien Limonta et Marie-Claire Cartagéna, la coopérative « France Lavande » a présenté à ses adhérents un bilan économique et financier de l’exercice 2010-2011 très satisfaisant. Pour la quatrième année consécutive les apports en huiles essentielles sont en nette augmentation, de l’ordre de 4 tonnes supplémentaires en 2010 et de 10 tonnes en 2011.
Des primes et de nouveaux coopérateurs
Le partenariat avec Givaudan, qui devient le premier interlocuteur commercial de France Lavande en absorbant 90 % de sa production d’huile essentielle, permet aujourd’hui de rémunérer les adhérents avec une prime de 1,50 à 4 euros par kilo. Sur le plan économique, les cours d’huiles essentielles, que ce soit en lavandin ou lavande ont, depuis un an, sérieusement augmenté (de 20 à 30 %), sous l’effet d’une offre limitée et d’une forte demande. Ces bons résultats ont attiré une douzaine de nouveaux lavandiculteurs portant le nombre de coopérateurs de France Lavande à plus de 150 aujourd’hui.
Le tilleul et les fleurs et bouquets en berne
Concernant le tilleul, le marché, dominé par l’industrie des infusettes, est en fort déclin et la récolte 2010 réglée entre 9 et 12 €/kg est restée en quasi-totalité invendue… Seule une production de tilleul certifié Bio semble avoir encore un avenir. Quant à la production de fleurs et bouquets, c’est une activité qui a beaucoup diminué du fait du dépérissement des plantations. En 10 ans le montant des apports à France Lavande est passé de quelques 500 000 € en 2000 à 50 000 € en 2010.
Alain BOSMANS
Extraits des articles parus dans le Dauphné Libéré du 24 et 26 février 2012, dans l’Agriculture Drômoise du 1er mars 2012.