Après 8 ans d’un parcours complexe, chargé d’embûches et des mois de débats, le processus de création du parc naturel régional des Baronnies Provençales touche à sa fin. Un pas décisif vient d’être franchi avec le vote des collectivités locales du territoire concerné.
Les collectivités locales concernés par la création d’un parc naturel régional (PNR) des Baronnies Provençales se sont maintenant toutes prononcées pour ou contre l’adhésion à ce projet et en corollaire sur l’acceptation ou non des statuts et de la charte proposée.
Rappelons que, à cheval sur deux départements (2/3 dans la Drôme et 1/3 dans les Hautes Alpes) et par conséquent sur deux régions (Rhône Alpes et PACA), le territoire du futur parc est un espace naturel d’environ 220 000 hectares, comptant 130 communes et 33 700 habitants répartis sur 12 communautés de communes, cinq en Hautes Alpes (Rosans, Serres, Orpierre, Ribiers et Laragne-Monteglin) et 7 dans la Drôme (Buis les Baronnies, Nyons, Rémuzat, Séderon, La Motte Chalencon- Grignan et Dieulefit).
Ont voté pour l’adhésion :
– Les deux conseils généraux de la Drôme et des Hautes-Alpes.
– les 12 communautés de communes (sur les 12 concernées).
– 6 « Villes Portes » : Dieulefit, Grignan, Sisteron, Valréas, Vaison-la-Romaine, Veynes (sur les 7 concernées, seul Montélimar ne s’est pas prononcé).
– 87 des 130 communes (représentant 78 % de la population et 70% des 1600 suffrages d’élus locaux exprimés).
Ont voté contre l’adhésion :
– 43 communes représentant 1/3 du nombre de communes mais seulement 23 % de la population et 25 % des 1600 suffrages d’élus locaux exprimés, 5 % s’étant abstenus.
– Parmi les communes les plus importantes ayant voté contre, on note Mirabel aux Baronnies, Mollans sur Ouvèze, Ste Jalle, Rémuzat et Séderon.
Les partisans du parc restent optimistes malgré tout
Malgré ce nombre importants de communes (43 sur 130) qui ont rejeté l’adhésion et ne feront donc pas partie du parc, les partisans du projet demeurent optimistes quant à sa concrétisation à l’horizon 2013. Concrétisation qui reste encore soumise, faut-il le rappeler, au vote favorable des deux conseils régionaux Rhône Alpes et Paca (en juin), à l’avis du conseil national de la protection de la nature (à l’automne) et à la décision finale du premier ministre attendue en fin d’année.
Le président du syndicat mixte de préfiguration des Baronnies Provençales Hervé Rasclard, également 1er vice président du conseil général de la Drôme et candidat PS au prochaine législative dans la 3ème circonscription (où il sera opposé au député UMP sortant Hervé Mariton), soulignait dans une interview au Dauphiné Libéré du 29 mars que la plupart des communes anti-parcs sont, soit très peu peuplées, soit situées en périphérie du territoire. « Nous sommes partis sur un projet très étendu géographiquement et nous devrons sans doute en réduire les contours. Mais démarrer cette aventure avec 87 communes adhérentes et près de 80 % de la population est un bon début. Je ne pense pas que le projet de parc puisse être retoqué par l’Etat… » Et Hervé Rasclard de souhaiter un apaisement dans le vif débat qui agite la région depuis plusieurs mois sur ce sujet. « Je prend note du vote des communes qui refusent d’adhérer au parc et je respecte leur choix. Aujourd’hui nous allons poursuivre le travail pour créer un beau projet au service des collectivités qui ont voté « Pour » … »
Les commentaires du Tam-Tam
Hervé Rasclard et les partisans de la création du PNR des Baronnies Provençales ont-ils raison d’être optimiste ? Les deux prochaines étapes du processus ne devraient pas leur poser de problème. Le vote favorable des deux conseils régionaux qui sont les principaux financeurs et qui sont tous deux de gauche ne fait pas de doute. Il en est de même pour le conseil national de la protection de la nature qui avait déjà donné un avis favorable et unanime à l’ensemble du projet. Restera la décision finale du gouvernement (ministère de l’écologie et signature du premier ministre). Et là, c’est pas gagné !
Les opposants au parc soutiennent en effet qu’aucun ministre de l’écologie ne se risquera à valider un PNR dont le territoire serait amputé d’un tiers de ses communes. Peut-être, mais il ne fait pas de doute que les prochaines élections (présidentielles et législatives) auront leur importance. Il va sans dire que le parc aura plus de chance d’exister avec Hollande et Rasclard qu’avec Sarkozy et Mariton…
D’autre part, l’examen attentif des 42 communes qui n’ont pas souhaité adhérer au parc montre que la plupart d’entre elles se trouvent être en périphérie de ce territoire et pourraient par conséquent en être exclu en redessinant son contour sans avoir à l’intérieur de trop nombreuses enclaves hors parc, sans provoquer de trop spectaculaires effets de gruyère ou de mitage … Le directeur du syndicat mixte de préfiguration Lionel Tardy indique que la carte du PNR du Livradois-Forez avec ses enclaves et le cas actuel du renouvellement du PNR des Ballons des Vosges (avec 29 communes qui n’ont pas adhéré), méritent d’être examinés à titre exemple…
A contrario on peut aussi légitimement se demander quel gouvernement (et quel député ?) pourrait décider d’un trait de plume de rayer un projet souhaité par 80 % de la population du territoire ? De mettre à la poubelle 10 ans de travail, d’études, d’investissement ? De se priver pour les 12 ans à venir d’un outil remarquable au service de l’aménagement d’un territoire et de son développement économique, notamment en matière agricole ?
Le député UMP Hervé Mariton, opposant de longue date à la création du PNR, ne déclarait-il pas le même jour et dans le même journal qu’il « souhaitait un réexamen de la situation et que le parc ne doit pas être créé au forceps… ». Soit, mais la phrase peut aussi laisser entendre qu’il ne serait pas impossible qu’il soit créé quand même, « sans forceps et après examen de la situation… » On peut rêver … Peut-on rêver Monsieur Mariton ?
Alain Bosmans