Un Théâtre pour la Paix

(Article du Dauphiné Libéré du 2 mars 2003)

 

Se solidarisant avec un mouvement mondial d'artistes contre la guerre en Irak, le Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies présentera lundi soir au cinéma du Buis une lecture spectacle de la pièce "Lysistrata" d'Aristophane...

http://theatrebaronnies.free.fr/

 

Le lundi 3 mars 2003, afin de protester contre la perspective d'une guerre en Irak, des extraits de la pièce "Lysistrata" écrite voilà 2400 ans par l'auteur grec Aristophane seront lus en même temps dans 911 Théâtres de 56 pays du monde entier (au moins). La pièce antique est un pamphlet contre la guerre qui raconte le mouvement des femmes d'Athènes refusant de faire l'amour à leurs hommes tant que ceux-ci ne penseront qu'à faire la guerre.

L'initiative de cette mobilisation mondiale revient à deux acteurs américains du Brooklyn Academy of Music's Harvey Theater de New-York qui sont aujourd'hui rejoints par des milliers d'artistes, des techniciens, des metteurs en scènes, des acteurs et actrices du cinéma, du théâtre et de la télévision dans le monde entier. Le nombre de lectures étant chaque jour en augmentation, les organisateurs pensent qu'il devrait dépasser lundi le millier de représentations dans une soixantaine de pays du monde. C'est aux Etats-Unis que le nombre de lectures sera le plus important (615 à ce jour), mais la mobilisation des artistes est également grande au Canada (38), en Australie (15), en Angleterre (19), en Grèce (14). En France, treize représentations sont actuellement programmées à Paris, Montpellier, Nice, Marseille, Strasbourg et Buis les Baronnies...


Le Théâtre-Ecole avait déjà présenté "Lysistrata" dans les jardins de la Mairie

A Buis les Baronnies en effet, le "Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies" avait déjà joué "Lysistrata" une première fois en juillet 1999 et une seconde fois un an plus tard en juin 2000 à l'occasion de plusieurs représentations consacrées à l'œuvre d'Aristophane.


Le Théâtre-Ecole avait déjà présenté "Lysistrata" dans les jardins de la Mairie

La troupe de comédiens amateurs buxois, conduite depuis 5 ans par Serge Pauthe, a souhaité s'associer à cette initiative de paix. Des extraits de la pièce antique seront donc lues (par un groupe de comédiens dont la plupart avaient déjà participé aux représentations de 1999 et 2000) demain lundi 3 mars à 20h au cinéma "Le Regain" de Buis les Baronnies.


Le Théâtre-Ecole avait déjà présenté "Lysistrata" dans les jardins de la Mairie

Entrée gratuite. La lecture spectacle s'inscrit localement dans un partenariat avec le "Comité de Vigilance pour la paix Sud-Drôme / Nord-Vaucluse" et en coordination mondiale avec le "Lysistrata Project".


http://www.lysistrataproject.com - http://theatrebaronnies.free.fr/


Texte de Serge Pauthe dit en prologue à la lecture de la pièce "Lysistrata" à Buis les Baronnies le 3 mars 2003 à 20 heures.

Mesdames,Messieurs, chers amis rassemblés à Buis les Baronnies comme dans plus de mille théâtres à travers le monde, je ne dirai pas au même instant, car ce serait sans compter sur ces fuseaux horaires qui éparpillent le temps comme la tour de Babel a disséminé les langues; pourtant aujourd'hui 3 mars 2003, c'est un même coeur, qui bat dans tous ces théâtres du monde où sont rassemblés peut-être un million d'acteurs et spectateurs pour tâcher de freiner, voire d'arrêter, par le truchement du théâtre, cette effroyable machine guerrière conduite par des humains puisque l'on sait que l'homme est autant capable d'enfanter la vie que la mort...

Nous sommes donc rassemblés pour célébrer l'avènement d'un poète nommé Aristophane, âgé de 26 ans lorsqu'il écrit "Lysistrata", vivant il y a plus de 2400 ans dans ce pays, la Grèce, dessiné par les Dieux et pour les Dieux, tant ces paysages et ces rivages sont d'une beauté à vous faire aimer la vie et tous les présents qui la composent. Et je n'oublie pas que c'est dans une de ces contrées méditérranéennes, décidément choyée par les Dieux et dépécée par les hommes, que risque de se produire la prochaine hécatombe.

Ce poète qui n'a pas de prénom tant sa renommée a traversé les siècles, et qu'on appelait Aristophane comme l'on dit et l'on dira toujours Molière, Shakespeare ou Brecht, ulcéré par les guerres interminables entre Athènes et Sparte et conduites par des dirigeants qui ne souhaitaient que l'extermination des ennemis plutôt que le dialogue, décidait d'écrire une, puis deux et trois, voire quatre pièces sur ce sujet d'une brûlante actualité: La Guerre et son contraire: La Paix, tant il souhaitait que son pays aimé retrouve les charmes bucoliques pour lesquels il avait été créé ... Aux auteurs tragiques, Aristophane opposa le rire tant, croyait-il et avec juste raison, que mettre les rieurs de son coté ferait augmenter les suffrages en faveur de la Paix. Nous ne savons pas exactement aujourd'hui si, grâce à ses comédies populaires, le rire a eu raison des larmes, la Paix a eu raison de la guerre et si l'opinion publique a été assez forte pour calmer l'ardeur guerrière des ces dirigeants. Mais nous savons, hier comme aujourd'hui, que nous ne ferons jamais assez pour que la conscience prenne le pas sur les instincts, que l'homme cesse d'être un loup pour l'homme et que soit décrété "la Paix perpétuelle aux hommes et aux femmes de bonne volonté".

Dans ces nuées d'orage amplifiées par les déflagrations médiatiques actuelles, certes moins meurtrières que le fracas des bombes annoncées, le Théâtre, ce petit poucet isolé dans cette forêt profonde, a son mot à dire, aujourd'hui comme autrefois.

Ecoutons à présent le poète Aristophane.

.Texte de l'article et Photos d' Alain Bosmans
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