Olives: Une année difficile pour la Tanche des Baronnies

(Article du Dauphiné Libéré du 18 décembre 2002)

 

Précoce et faible en quantité (tout en restant excellente en qualité), la récolte des Olives de la zone AOC du Nyonsais et des Baronnies ne sera pas brillante cette année. Que ce soit pour l'huile ou la conserve, elle annonce dès maintenant des difficultés dans la gestion des stocks.

 

Sur les terrasses du coteau sud escarpé qui monte à La Roche sur le Buis tout comme dans les vergers du bord de l'Eygue, l'activité règne de nouveau autour des oliviers ancestraux des Baronnies. La récolte des olives destinées à la fabrication de l’huile AOC a débuté cette année très tôt. Celle des olives destinées à la conserve est plus tardive et c’est en ce moment qu’elle bat son plein. Compte tenu de la précocité de la récolte dans le Nyonsais et les Baronnies, le "Ban de l'Olivaison" avait décidé que ce serait à partir du 7 novembre pour les olives à huile et du 25 novembre pour les olives de conserve que l'on pouvait récolter les fruits noirs et fripés de l'arbre d'argent.

Obtenue en 1994 pour les olives de table et l'huile d'olive, l'AOC de la variété Tanche du Nyonsais et des Baronnies couvre aujourd'hui une zone de quelques 50 communes situées au sud de la Drôme et au nord du Vaucluse. Comptant 200 000 arbres environ, 1300 producteurs, 7 moulins et une coopérative, la production de l'AOC s'établit en moyenne chaque année autour de 200 tonnes d'huile et 400 tonnes d'olives noires.


On estime que la récolte de cette année sera bouclée à Noël pour les premières et au plus tard à la mi janvier pour les secondes. Les marchés aux olives de Mirabel aux Baronnies le samedi et celui du Buis le mercredi donnent de nouveau, depuis le début du mois de décembre, rendez-vous aux producteurs et aux grossistes acheteurs de la région. Dans la morosité il faut bien le dire! Car de l’avis général, la récolte n'est pas brillante cette année… Différentes raisons en sont données: On parle des coups de chaud de l'été, de la pluie de l'automne, des vents violents de l'hiver qui ont entraîné la chute précoce des grosses olives turgescentes gorgées d'huile…


Mais surtout comme le fait remarquer le président de l'Institut du Monde de l'Olivier Jean Pierre Jourdan, l'un des meilleurs spécialistes oléicoles de la région, il y a le fait incontournable et récurant qui veut que l’olivier est un arbre capricieux qui a tendance à moins produire en alternance une année sur deux ! L'année dernière ayant été excellente, celle-ci est bien naturellement plus faible…


Ceci étant, les rendements sont encore moins bons cette année dans les Baronnies que dans le Nyonsais. A Nyons on estime que la baisse de production est de l'ordre de 20 à 30% tandis que dans les Baronnies, Francis Jacquet, producteur à La Roche sur le Buis et moulinier à Mollans juge que pour les olives de bouche il n'atteindra que 30 pour cent de la récolte de l'année dernière. Quant au moulin de Mollans, il enregistre sa plus mauvaise année depuis sa réouverture en 1995. Les premières olives triturées n'en donnent pas moins un rendement en huile satisfaisant et la qualité est au rendez-vous tant pour l'huile que pour la conserve.


Cette diminution du volume de production de la zone d'AOC aura évidemment des conséquences importantes en terme de gestion des stocks et de commercialisation: "Cette mauvaise récolte est particulièrement mal venu" déclare Jean Pierre Jourdan. "A l'heure où les stocks sont faibles, tant à la propriété que chez les mouliniers et transformateurs, il est clair que cette récolte nous mènera tous rapidement à la rupture de stock et que l'on ne pourra de toute évidence que très partiellement répondre à la demande commerciale… D'autant que l'année dernière le froid avait réduit la mise en conserve et que déjà la récolte d'olives de bouche avait été déficitaire en 2001-2002…"


Une autre conséquence de cette situation est que le prix des olives enregistré aux marchés de Mirabel et du Buis sont quant à eux plutôt bons (entre 4 et 5 Euros). Ce qui est certain aussi c'est que la production de cette olive AOC prend chaque année un peu plus d'importance dans le paysage agricole des Baronnies. En particulier à Nyons où la Coopérative Agricole du Nyonsais se développe sur le site existant en faisant passer le moulin à huile à la Fruitière et en agrandissant ses structures de vinification. Le maire de Nyons Pierre Combes ne vient-il pas d'être nommé Président de la Fédération des Villes Françaises Oléicoles qui regroupent une centaine de communes françaises avec pour objectif de promouvoir, défendre et développer la production nationale oléicole…

Texte et Photos d' Alain Bosmans
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