Le Village, le Cirque et les Jazzmen

(Article du Dauphiné Libéré du 6 août 2002)

Le village c'est Reilhanette!
Le cirque c'est Pataques!
Les jazz men ce sont ceux du festival de "Jazz du Bout du Monde"!
Ceux qui ont investi penant une semaine en compagnie des artistes du cirque "Pataques" le charmant village de Reilhanette en Baronnies pour un festival qui n'est pas tout à fait comme les autres...

 

C'est l'histoire d'une bande d'amis passionnés de jazz qui ont eu l'idée voilà une dizaine d'années de réunir pendant une semaine dans un petit village du sud de la France des musiciens venant d'horizons européens différents (France, Allemagne, Pays Bas).

Sélectionnés par un musicien professionnel hollandais, Dolf Pleiter, les musiciens pour la plupart ne se connaissent pas. Pendant une semaine, ils se rencontrent, se découvrent, vivent et jouent ensemble pour enfin offrir deux soirs de suite au public, un drôle de spectacle vivant, un concert qui bouge à travers le village, une fête qui promène toute la nuit les spectateurs dans les ruelles et les petits endroits dénichés ça et là.

Détail important: Ici personne n'est payé. Le bénévolat est de mise aussi bien pour les musiciens que pour la cinquantaine de volontaires qui, arrivant progressivement au village, mettent la main à la pâte et se partagent les multiples tâches, la logistique, la gestion, l'intendance, la cuisine, le bar, la musique, les couchages (sous tente principalement)…


Jusqu'à cette année, ces rencontres de Jazz d'un type nouveau se tenaient là où elles avaient été crées en 1993, à Reynier, un tout petit village d'une vingtaine d'habitant des Alpes de Hautes Provence entre Gap et Sisteron. Pour son édition 2002, répondant à l'invitation de son maire Francis Aubert, le "Festival de Jazz du Bout du Monde" a élu domicile pour la première fois à Reilhanette, modeste commune des Baronnies, accroché à un rocher sur les bords du Toulourenc dont les gorges serpentent à l'ombre du Ventoux.

Les jazzmen sont arrivés en début de semaine dernière en compagnie du Cirque "Pataques" de Nîmes dont plusieurs artistes avaient déjà participé aux précédentes éditions du festival à Reynier et qui possèdent également des liens particuliers avec Reilhanette. "Pataques" est, comme son nom l'indique, un cirque "couleur locale" qui mêle le cirque et le théâtre, le burlesque et la comédie marseillaise, à la façon du Cirque Plume ou du Grand Magic Circus.

Son spectacle actuel "Pas d'engatse chez Pataques", présenté la semaine dernière sous chapiteau à trois reprises à Reilhanette pour la plus grande joie d'un public ravi, est un déferlement de rire et de bonne humeur d'une truculence toute méditerranéenne.


Le point d'orgue de cette semaine de fête à Reilhanette fut atteint durant les deux concerts publics du vendredi 2 et samedi 3 août. Mais peux-t-on encore parler de concerts ? Les 22 musiciens présents et les 9 artistes du cirque Pataques offrirent deux soirs de suite, une étonnante série de rencontres musicales et théâtrales dans les différents lieux du village.

Promenant les spectateurs de scène en scène, du chapiteau du cirque à l'église, de la place du village à l'esplanade du château, à travers ruelles et calades, ils associèrent ainsi jusqu'à une heure fort avancée de la nuit, les spectateurs, les acteurs et le lieu. La bonne humeur était de mise et le répertoire, imprévisible, fruit des rencontres de la journée fut d'une étonnante variété, richesse, créativité. Les soirées se terminèrent au petit matin en jam-session, tous, musiciens et spectateurs réunis, autour d'un "bœuf" dansant et décoiffant…


Succès assuré, plus de 300 personnes étaient présentes chaque soir, ce qui pour un coup d'essai dans un village de 120 âmes constituent une belle performance. Gageons que l'essai sera transformé et que dans les années à venir encore, Reilhanette continuera à accueillir durant la première semaine d'août ce fabuleux cirque, ces drôles de jazzmen du bout du monde.

Texte et Photos d' Alain Bosmans
Vous avez le droit de reproduire librement le texte et ou les photos ci-dessus à condition uniquement de citer clairement le nom de son auteur et celui du site d'où ils proviennent.