Bruno
Villar: La voie royale de l'apiculture |
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Installé depuis deux ans dans les Baronnies, Bruno Villar se consacre
au plus vieux métier agricole du monde : "l'apiculture".
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Originaire de Normandie, d'une famille d'enseignants, rien ne prédisposait Bruno Villar à devenir à 30 ans apiculteur dans les Baronnies. Mais le destin de chacun est souvent déterminé par des rencontres insolites et celle que le jeune étudiant rouennais en géographie devait faire au début des années 90 avec un apiculteur fut certainement décisive. Après avoir travaillé durant ses vacances universitaires dans l'exploitation apicole de cet ami situé dans la Drôme des Collines, Bruno Villar fut tout de suite fasciné par le travail délicat et absorbant, secret et individualiste, toujours artisanal et quelque peu mystérieux qu'est l'apiculture. "Avec la sériciculture (l'élevage des vers à soie), le petit monde de l'apiculture est le seul exemple d'activité où l'homme tire directement profit de l'élevage d'insectes. A la différence des animaux domestiques, le comportement des abeilles n'a pas pu être modifié par l'homme qui doit donc s'adapter à elles et non le contraire "
De Rouen à la Drôme Provençale en passant par Lyon et d'aventures en aventures poursuivant sa quête de miel et sa passion pour les abeilles, c'est finalement en 1999, que Bruno Villar s'installe à Buis les Baronnies avec sa compagne Pascale. Rapidement Bruno crée à partir de Buis les Baronnies une petite exploitation apicole qu'il développe depuis deux ans en autofinancement.
A la tête de 60 ruches en trois ruchers, il produit du miel Toutes Fleurs au printemps ainsi que du miel de lavande l'été. Les ruches sont placées durant l'hiver dans trois ruchers d'hivernage sur la commune du Buis et de La Roche. Puis dés le mois d'avril, l'apiculteur crée des essaims artificiels à partir des ruches les plus fortes de manière à augmenter le cheptel et compenser les pertes hivernales. Au cours du printemps la population de la ruche passe de 10 000 à 80 000 abeilles.
Dans les Baronnies habituellement, la première récolte de miel toute fleur à lieu vers la mi juin. Elle est aussitôt suivie d'une transhumance vers la lavande. Une opération délicate qui consiste pour Bruno à transporter par camion, de nuit avant que le jour ne se lève, les ruches ouvertes afin de les déposer sur le plateau de Plaisians à proximité des champs de lavande. Les abeilles y butineront tout leur saoul jusqu'à la mi août offrant à leur heureux propriétaire jusqu'à 20kg de miel de lavande par ruche. " Dans les Baronnies, les paysages sont tellement beaux que l'on ne peut faire que du bon miel ".
La région compte en effet de nombreux apiculteurs. Les exploitations sont pour la plupart modestes et l'activité apicole le plus souvent ne vient qu'en appoint à d'autres productions agricoles (arboriculture et plantes aromatiques). D'autre part, les problèmes phytosanitaires récurrents depuis de nombreuses années en France dans la plupart des autres régions productrices de miel (liés à l'utilisation massive d'insecticides dans l'agriculture extensive) sont épargnés aux abeilles des Baronnies, qui jouissent à loisir d'une pureté de l'air exceptionnel.
Aussi Bruno Villar a-t-il décidé depuis cette dernière récolte de l'été 2001 d'y ajouter la production de " Gelée Royale ". Un produit dont la notoriété et la demande ne cessent de grandir dans un marché de plus en plus porteur. Jusqu'à encore quelques années, la production intensive de gelée royale était essentiellement une activité des pays asiatiques. La progression régulière de la consommation de gelée en Europe a incité Bruno à se spécialiser dans la production de ce noble produit. La gelée royale est une substance fluide de couleur blanc-nacrée qui est secrétée par les abeilles nourricières et destinées aux futures reines durant toutes leurs vies. " C'est un remède miraculeux qui permet à la reine de vivre de 3 à 5 ans, (alors qu'une abeille ouvrière ne vit que 6 semaines) en pondant 1500 ufs par jour ! "
Afin d'en obtenir des quantités commercialisables, il convient de rendre la ruche orpheline et la privant de sa reine et de faire élever un maximum de larves de reine par la ruche. Après avoir retiré ces larves des cellules, la gelée est récoltée à l'aide d'une spatule de verre, puis conditionnée en bocal stérile à l'abri de la lumière et à une température de l'ordre de 4°C. La durée de la saison d'élevage est habituellement de 3 mois mais Bruno a pu constater que la région des Baronnies est particulièrement propice à cette production. " J'ai récolté de la gelée depuis le mois de juin jusqu'à la mi octobre ". Un travail méticuleux qui nécessite une main d'uvre importante. Il s'agit de décoller une à une, à l'aide d'une lame, les minuscules larves des cellules d'une même barrette afin d'en extraire la gelée déposée par les ouvrières durant les trois jours précédents.
Mais le résultat est à la hauteur de l'effort. Riche en vitamine du groupe B, en acides aminés essentiels, sels minéraux et oligo-éléments, la Gelée Royale est un produit merveilleux qui a de nombreuses vertus fortifiantes, euphorisantes et surtout possède des effets antivieillissement sur les organes, la peau et l'intellect. Le pot de Gelée Royale pure de 10 grammes est vendu à Buis les Baronnies à " La Ferme ", le magasin épicerie en face de la Mairie, aux prix de 120 Francs (1)
Devenu récemment correspondant de " La Tribune " à Buis les Baronnies, Bruno Villar est intarissable lorsqu'il s'agit de parler de ses chères abeilles et de ce qui fait désormais le miel de sa vie : " L'apiculture est une affaire vieille comme le monde. Elle était pratiquée sous forme de cueillette au néolithique pendant les pérégrinations des populations, bien avant leur sédentarisation et l'apparition des premières cultures. C'est dans l'Égypte de pharaons que l'apiculture s'est perfectionnée, vers 2500 ans avant l'ère chrétienne "
L'hexagone compterait de 80 000 à 90 000 exploitants pour 1 Millions à 1,4 Millions de ruches avec une préférence pour les régions qui fournissent une plante goûtée par les abeilles : La Provence avec la Lavande, le Limousin avec la Bruyère, l'île de France avec le Colza, les Vosges avec le Sapin Les français sont amateurs de bon miel. Ils en consomment environ 40 000 tonnes par an. La demande dépasse d'ailleurs largement la production nationale qui atteint à peine 20 000 tonnes. Alors si l'on considère que le marché des nouveaux produits issus de la ruche comme le pollen et la Gelée Royale sont en pleine expansion, on se dit que le plus vieux métier agricole du monde a encore devant lui un bel avenir. Bruno Villar, jeune apiculteur de 30 ans à Buis les Baronnies, en est convaincu ! (1) Renseignements complémentaires: Bruno Villar, 04 75 28 24 42 - bruno.villar@ifrance.com Texte et Photos d' Alain Bosmans |