De grands espoirs pour le Petit épeautre
(Article du Dauphiné Libéré du 17 décembre 2000)

Aujourd'hui c'est en Haute-Provence, où sa culture fait partie du patrimoine céréalier depuis l'antiquité, que les producteurs de petit Epeautre, réunis récemment en syndicat, redonne ses lettres de noblesse et oeuvrent au développement de cette plante authentique aux multiples qualités nutritives et gustatives.

Il n'est pas exagéré de dire que le Petit Epeautre est le véritable ancêtre des céréales modernes. Les premières traces de culture datent de 9000 ans av J.C. Consommé en abondance jusqu'à l'époque romaine, il fut abandonné au profit des blés froments pour des raisons de rendement (déjà) et n'a été redécouvert que récemment par le grand public auprès duquel il suscite depuis une quinzaine d'années un intérêt grandissant (enfin).

Il est vrai que si sa productivité est faible (sans doute du fait qu'elle n'a jamais été soumise à la moindre sélection artificielle), ses qualités nutritives et gustatives sont grandes (vertus énergétiques, riche en magnésium, en protéines et en fibres). C'est une plante rustique, cultivée sur des terrains de moyennes montagnes, elle doit rester 11 mois en terre (semée en septembre, récolté en août) et nécessite un travail de décorticage et de blanchiment de longue haleine à l'aide d'un équipement spécifique.

Cette céréale locale et authentique, produite sans aucune manipulation génétique, fait partie du patrimoine céréalier de Haute-Provence où elle n'a jamais cessé d'être présente côtoyant souvent les plantations de lavande. Une quarantaine d'exploitations (notamment à Ste Jalle, Rémuzat, Buis, Mévouillon, Sault, Séderon, Montbrun…) réparties sur une zone d'exploitation qui s'étend sur 2 régions et quatre départements (04, 05, 26, 84, à plus de 400 m d'altitude), cultivent aujourd'hui le Petit Epeautre de Haute Provence dans le plus pur respect d'une agriculture naturelle (souvent bio), tout en préservant un savoir-faire séculaire de grande qualité.


Les responsables du syndicat de producteurs

En 1997, afin d'œuvrer pour la relance de cette céréale provençale et d'assurer sa promotion dans l'hexagone, céréaliers et transformateurs régionaux se sont regroupés au sein du Syndicat Interdépartemental des Producteurs de Petit Epeautre de Haute Provence. C'est qu'en effet le " Petit Epeautre " est confronté à la concurrence déloyale du " Grand épeautre " (une céréale beaucoup plus productive mais aux aptitudes technologiques moindres qui inonde le marché). Il était donc essentiel pour les producteurs de la région d'exprimer la différence et l'authenticité d'une céréale dont la production à ce jour (en augmentation régulière de 30% par an) ne dépasse pas les 300 tonnes sur 300 hectares.


Le petit épeautre reçoit le soutient du Conseil Régional via le C.G.D. Tricastin-Baronnies

Ce combat passe notamment par l'obtention de l'I.G.P. (Indication Géographique Protégée) ainsi que du label " Certification Qualité Produit ". Dans cette démarche, les porteurs du projet ont déjà bénéficié d'un soutien important de la part des organisations professionnelles agricoles, de l'administration et des 4 départements concernés. Séduit par le projet, la Région Rhône-Alpes via le Contrat Global de Développement Tricastin-Baronnies a souhaité soutenir et financer activement plusieurs actions de communication et de promotion menées autour de ce produit céréalier : Aide à la conception d'un logo, d'un dépliant informatif, à l'acquisition de matériel publicitaire, participation à des foires et salons, …


Hervé Mariton, Jacques Laurent et Marc Bonnard au chevet du petit épeautre

C'est pour présenter un premier bilan de ces actions et envisager d'aller plus loin dans cette démarche qu'une réunion était organisée jeudi dernier à la Ferme Expérimentale de Mévouillon. Le conseiller Régional Hervé Mariton, le président du SAB Marc Bonnard et le représentant du C.G.D. Tricastin Baronnies Richard Lamy étaient présents aux cotés des représentants du Syndicat des producteurs de petit épeautre de Haute Provence.


Fabien Gegnis, Etienne Mabille et René Liardet

Son président René Liardet (exploitant à Sault), son trésorier Fabien Begnis (Ste Jalle) et Etienne Mabille le secrétaire producteur à Mévouillon, devaient longuement répondre aux interrogations des visiteurs. Ils devaient ensuite présenter un ambitieux programme d'action prévoyant le développement de la production sous I.G.P., l'aide à la mise en place des équipements et des décortiqueurs, la préparation à l'organisation commerciale, des actions de promotion et des animations.


Hervé Mariton a (un peu) tousser en découvrant le montant du projet...

Au total une enveloppe totale estimée à 9,4 MF sur 6 ans était présentée. Un montant qui devait faire tousser légèrement le conseiller régional qui n'en recommandait pas moins d'enclencher la présentation d'un projet auquel il confirmait souhaiter apporter un soutien sans réserve.

Texte et Photos d' Alain Bosmans
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