"A bout de souffle", le cinéma du Buis est en quète d'une "Nouvelle vague"

(Article du Dauphiné Libéré du 29 octobre 2000)

Pour sauver leur cinéma, les buxois doivent prendre leur responsabilité et en assumer l'exploitation en régie associative. Une forte mobilisation se met en place pour envisager la réouverture sur ces nouvelles bases au 1er décembre.

Depuis le début octobre, le cinéma de Buis fait relâche et les cinéphiles de toute la région font grise mine… On était pourtant bien fier à Buis les Baronnies d'avoir un cinéma de cette qualité. Avec ce confort, cette qualité de sonorisation, de projection, cette programmation… Pour une commune de moins de 2500 habitants dans une zone rurale qui compte moins de 5 habitants au kilomètre carré, avoir régulièrement des films en sortie nationale à raison de 4 séances par semaine, constituait une situation quasiment unique en France…

Une situation qui avait été rendue possible par un astucieux montage réalisé en 1997 autour de Jean Claude Georgel. Ce fou de cinéma, déjà gérant de celui de Nyons et (par alliance) de celui de Vaison, réussissait à réunir tous les partenaires concernés (de la paroisse propriétaire du lieu jusqu'au Conseil Général et Régional en passant bien sûr par la mairie du Buis) pour faire revivre ce cinéma à la " Paradisio " auquel il apportait toutes les compétences d'un professionnel et l'enthousiasme d'un passionné.


Des orateurs au chevet d'un cinéma malade.

Les élus communaux et le public répondaient immédiatement présent et dés la première année le cinéma de Buis les Baronnies affichait un taux de fréquentation très au-delà de la moyenne nationale avec 12 150 spectateurs en 1997. C'était sans doute trop beau pour durer longtemps… Dés 1998 la fréquentation baisse, elle descend inexorablement en 1999 au-dessous du seuil critique de rentabilité minimum des 10 000 spectateurs et accusera cette année encore un déficit d'environ 1000 spectateurs…

Dans ces conditions, Jean Claude Georgel tire la sonnette d'alarme. D'autant qu'il est depuis un an régulièrement confronté à Buis les Baronnies à des problèmes de personnel dont l'instabilité, pour de multiples raisons, est récurrente. Devant la menace de devoir fermer le cinéma du Buis on se mobilise de toute part et notamment à la Mairie où le maire Jean Pierre Buix est très attaché à maintenir ce précieux outil culturel. A grand renfort d'affiches, de tracts et de messages les cinéphiles de toute la région étaient invités à venir participer jeudi dernier à une réunion d'information sur l'avenir de ce cinéma.


La salle était ce soir là, archi comble.

Jeudi soir donc, dans une salle de cinéma archi comble, le maire Jean Pierre Buix et Jean Claude Georgel ont joué cartes sur table devant 250 spectateurs inquiets. Jean Claude Georgel l'avoue nettement. En substance: " Je suis à bout de souffle et je ne souhaite plus assumer seul la marche de ce cinéma et notamment la gestion de son personnel ". Un vaste échange d'idées s'instaure entre les orateurs sur scène et la salle qui pose des questions, apporte des témoignages, fait des suggestions.

Il apparaît clairement que, s'ils veulent sauver leur cinéma, les buxois devront prendre leurs responsabilités et mettre en place une structure qui en assurera l'exploitation. Jean Claude Georgel renonce à toute idée de profit sur le cinéma du Buis tout en se proposant de continuer à lui apporter un soutien technique et logistique (notamment en terme de programmation). L'idée de créer une association (Loi de 1901) chargée de la gestion et de l'exploitation du cinéma fait son chemin.


Les orateurs sur scène, de gauche à droite : Jean Pierre Buix, Jean Claude Georgel et Christian Boudot.

Un calendrier est même envisagé : première réunion constitutive de la nouvelle association dans le courant de la semaine prochaine avec tous ceux qui souhaitent s'y adonner. Les statuts seront rédigés sous quinzaine et la nouvelle association sera chargée rapidement d'embaucher (à mi-temps ?) un opérateur et un responsable de la caisse tandis que la réouverture du cinéma à Buis les Baronnies pourrait-être envisagée sur ces nouvelles bases au 1er décembre…

Il reste à passer de la parole aux actes, mais l'inscription à l'issue de cette réunion d'une quarantaine de volontaires pour participer à la création de la nouvelle association est un bon signe…

Texte et Photos d' Alain Bosmans
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