Premier long métrage d’un jeune metteur en scène belge, le tournage du film « Les vacances » qui réunit Michèle Bernier et Zinedine Soualem a débuté sur un terrain de camping reconstitué sur les bords du Toulourenc entre Drôme et Vaucluse.Cela fait déjà plus d’un mois qu’une première équipe de techniciens de cinéma d’une vingtaine de personnes s’est installée au camping « Les trois rivières », à la limite des communes de Mollans et d’Entrechaux. Parmi eux, des régisseurs de production, des assistants metteur en scène et des décorateurs chargés de la logistique, de la préparation des lieux et du recrutement d’une centaine de figurants dans les environs. A Mollans, comme à Entrechaux ou à Faucon, depuis un mois, on ne parle plus que de cela : Il s’agit du tournage du premier long métrage d’un jeune metteur en scène belge : Christophe Reichert qui s’est jusqu’à présent surtout illustré à la télévision dans des campagnes de publicité fameuses (il fut entre autre responsable de la pub de Slim-Fast). S’il a choisi cette région des Baronnies à la frontière entre le Vaucluse et la Drôme, sur les bords du Toulourenc, à l’ombre du Ventoux, ce n’est nullement un hasard. Christophe Reichert réside en effet à Faucon (84) depuis 7 ans dans une belle demeure où il aime à venir se reposer, loin du stress et du strass des plateaux de télévision parisiens ou bruxellois.
La maison de production « OUF’TI »qui finance le film lui a accordé un budget de l’ordre de 13 Millions de Francs en fabrication (c’est à dire hors frais généraux) ce qui est une somme plutôt coquette pour un premier film. Le tournage se déroulera en quasi-totalité dans les environs de Mollans et s’étalera sur 6 semaines du 9 août au 17 septembre.
Il s’agit d’une comédie de mœurs ayant pour titre « Les vacances » et qui se déroulera sur un terrain de camping des Baronnies avec Michèle Bernier et Zinedine Soualem dans les rôles principaux. En deux mots, c’est l’histoire d’un couple moderne, gentil et maladroit qui décide d’échanger pour les vacances d’été leur pavillon urbain de Blois contre ce qui leur semble être un paradis : une villa à la campagne entourée de vignes et d’oliviers dans le sud de la Drome au bord d’une rivière en face du Mont Ventoux. Hélas, la maison en question est située au beau milieu d’un camping surpeuplé de touristes et les quiproquos qui en découlent seront source de situations cocasses et burlesques mettant en péril l’équilibre fragile du couple formé par Michèle Bernier et Zinedine Soualem.
Autour des deux acteurs principaux, on compte 27 rôles secondaires confiés à de jeunes comédiens professionnels parmi lesquels il convient de citer Patrick Zimmermann de Grenoble, Sofiane Belmouden et Vanessa Jarry, toutes deux de Marseille. Les figurants ont été recrutés dans les environs immédiats du tournage. Ils touchent 250 frs par jour pour une figuration muette et c’est un total 500 cachets de figurant-jour qui est actuellement prévus.
Commencé depuis lundi dernier le tournage mobilise une armada de plus de cinquante techniciens : Décorateurs, éclairagistes, opérateurs, preneur de sons, maquilleuses, scripts, assistants metteur en scène, régisseurs, comédiens et figurants, c’est une véritable ruche qui s’active chaque jour, reproduisant interminablement les mêmes gestes, reprenant les mêmes scènes, chacun à sa place, dans un silence respectueux que seul vient briser les ordres brefs du réalisateur ou de son assistant : « Clap ! » « Moteur ! » « Silence on tourne ! ».
La propriétaire des lieux, Anita Monnoy, (une française, résidente en Belgique qui n’a acquise cette maison qu’en 96) regarde avec philosophie la transformation de sa demeure en studios de cinéma. Plusieurs pièces sont utilisées pour le tournage, une terrasse et une guinguette ont été artificiellement rajoutées à la maison dont la façade a été repeinte de couleurs vives. Le jardin transformé en terrain de camping envahi de tentes, de caravanes, de lavoirs et de douches est devenu méconnaissable tandis que son époux a été recruté parmi les figurants…
Christophe Reichert quant à lui est plutôt satisfait de ce début de tournage. « Nous avons une bonne équipe, jeune et compétente qui a l’habitude de travailler ensemble. Le film sera bouclé avant la fin de l’année et devrait sortir au printemps. S’il a du succès je continuerai à tourner d’autres longs métrages. On dit qu’un jeune réalisateur sur quatre qui fait un premier film en fera un second… C’est un métier difficile ! » Avoue-t-il en toute simplicité. « De toutes façons je continuerai à travailler avec FR3 Marseille où je me trouve très bien. La culture régionale mérite d’être mise en valeur. Bruxelles et Paris, on connaît, cela suffit ! Et c’est aussi pour ça que je viens tourner dans la Drôme ! »
L’ambiance est bonne en effet au camping « Les trois rivières » où l’équipe a installé ses bureaux et vient y prendre ses repas entre deux prises de vues. Un drôle de lieux quand même pour venir travailler au mois d’août. Il est vrai que lorsque l’on tourne « Les vacances »…
Alain BOSMANS
Rencontre avec Michèle Bernier et Zinedine Soualem, deux comédiens emblématiques d’une nouvelle race d’acteurs français à la carrière aussi talentueuse qu’éclectique.
Durant les 6 semaines de tournage du film « Les vacances », Michèle Bernier s’est installée dans les Baronnies en famille avec son compagnon, sa fille de 9 ans et son fils de deux ans et demie. C’est à Faucon qu’elle a trouvé une jolie villa qui domine la vallée de l’Ouvèze et fait face au « Géant de Provence ». Loin des images sulfureuses d’une comédienne en mal de scandale, la fille du professeur Choron mène tranquillement depuis 15 ans une carrière de comédienne atypique aux talents les plus variés.
Ses classes, elle les fera dans différents cafés-théâtres pendant plusieurs années. Elle y apprendra le dure métier de saltimbanque en y mangeant quelques vaches enragées. Le théâtre de Bouvard la fait connaître et les premiers succès s’affichent avec « Les filles » qu’elle interprète avec Mimi Matty et Isabelle de Botton et « Bonne année toi-même » avec Pauline Daumale. Du cinéma elle n’en fera jamais beaucoup, juste quelques apparitions dans plusieurs longs métrages dont une très remarquée dans « Gazon maudit ». Par contre la télévision convient bien à vivacité de son esprit et on la verra souvent ces dernières années sur de nombreux plateaux avec Arthur. Pour l’heure elle sort d’un an de radio avec William Leynergie sur France Inter et vient de terminer un film avec Dieudonné, « Vive-nous » qui sortira cet hiver. A partir du 6 octobre, Michèle Bernier partira en tournée dans toute la France pour y reprendre son dernier « One Man Show » : « Le démon de midi » qui a connu un an durant le succès parisien que l’on sait (elle se produira cet hiver à Bourg les Valences, Avignon et Torres).
Zinedine Soualem est quant à lui, l’un des rares comédiens français issus, (non sans mal) de l’immigration maghrébine. A 42 ans, celui dont le nom commence à être connu de tous les cinéphiles a pourtant déjà une vaste expérience de comédien. Mime expérimenté à l’école de Marceau, comédien de théâtre de rues habitué du festival off d’Avignon, il montera sur de nombreuses scènes parisiennes avant de tâter au cinéma à partir de 1991. La rencontre avec le réalisateur Cedric Klapisch, dont il deviendra l’acteur fétiche en tournant dans ses 4 films (dont le plus connu :« Chacun cherche son chat », celui qu’ils tournèrent ensemble à Valence : « Riens du tout » et le dernier qui sortira en novembre :« Peut-être »), constituera le départ d’une carrière cinématographique prometteuse. Aujourd’hui « Les vacances » dont il partage la vedette avec Michèle Bernier est son vingtième long métrage. Avec Michèle qu’il connaît bien et dont il apprécie la compagnie pour avoir déjà tourné ensemble « l’échapée belle » de Etienne Dahenne et plus récemment un court métrage-opérette écrit pour Canal+ par le père de Michèle, le professeur Choron, avec un titre à sa manière : « Ivre mort pour la France ».
Et tout comme Michèle, c’est en famille, en compagnie de son épouse et de ses deux filles de 9 et 5 ans, que Zinedine Soualem est venu travailler dans le sud de la Drôme. Une région qu’il connaît bien pour y être déjà venu en vacances chez des amis et qu’il espère avoir le temps de faire découvrir aux siens. Mercredi dernier, à la question du jour posée entre deux prises de vues, de savoir ce qu’ils avaient pensé de l’éclipse, Zinedine et Michèle n’avaient eu qu’une seule réponse : « Dommage que les prédictions de Paco Rabane ne se soient pas réalisées… Si Paris avait été détruit, on n’avait plus qu’à rester ici… »
Propos recueillis par Alain BOSMANS