(Article du Dauphiné Libéré
du 2 mars 1999)
Experts et élus sont venus à Remuzat apporter
leurs compétences et soutiens au syndicat des producteurs de tilleul
des Baronnies à l'occasion de son Assemblée Générale
Afin de faire face à une crise sans précédent, les producteurs de tilleul des Baronnies tente aujourd’hui de s’organiser en liaison et avec le soutien de nombreuses personnalités et institutions.
On a longtemps constaté, pour le regretter, les difficultés que rencontrent depuis toujours les producteurs de tilleul pour se concerter et définir une politique d’ensemble au sein d’une filière dont ils sont le maillon le plus fragile. Voilà une trentaine d’années déjà un syndicat, tentant de regrouper les producteurs des Baronnies, avait fait long feu. Plus récemment, en janvier 97, le « Syndicat des Producteurs de Tilleul Officinal des Baronnies » voyait le jour avec la ferme intention de défendre le tilleul de cette région. Sous la présidence de Mireille Lesbros, un premier résultat était rapidement obtenu avec la mise en place par le syndicat en collaboration avec l’ONIPPAM d’un contrat de qualité et le versement d’une prime de 7 francs. Regroupant aujourd’hui 63 adhérents, étendant son territoire sur les « Baronnies historiques », une zone qui comprend 152 communes à cheval sur 4 départements (Drôme, Hautes Alpes, Alpes de Hautes Provence et Vaucluse), le jeune syndicat tenait sa troisième Assemblée Générale vendredi dernier à la mairie de Rémuzat en présence de nombreuses personnalités et experts soucieux de l’avenir de cette production.
Et du souci pour l’avenir
de cette production, on a quelques raisons de s’en faire...
La situation de fait est si grave qu’après la crise sans précédent
provoquée par l’effondrement des cours l’été dernier
(1), c’est la cueillette du tilleul dans les Baronnies (qui représente
75 % de la production française et dont le volume a déjà
été divisé par 4 en 30 ans) qui se trouve aujourd’hui
menacée dans son existence même. Les raisons en sont bien
connues : La main d’œuvre occupée à d’autres tâches
fait aujourd’hui de plus en plus cruellement défaut à une
cueillette et à un entretient des arbres nécessairement familiaux
et manuels. D’autant que le tilleul d’importation, bas de gamme et meilleur
marché en provenance de Chine ou d’Europe de l’Est, fait tellement
baisser les cours que les cueilleurs des Baronnies ne ramassent déjà
plus aujourd’hui que le cinquième des possibilités de production
locale.
Au chevet donc de cette production hautement symbolique de la culture et de l’identité des Baronnies, ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement de Rémuzat. Aux cotés du sénateur Jean Besson, représentant également le député Michel Grégoire et Aimé Chalion, vice-président du Conseil Général, l’ONIPPAM était présent avec M. Garnon, la DDA de Valence avec M. Meyer, La chambre d’agriculture des Hautes Alpes avait délégué Jocelyn Mathieu et Grégoire Delabre, le Syndicat d’Aménagement des Baronnies (SAB) était représenté par Christine Borriello qui aura beaucoup travaillé sur ce dossier, ainsi que Laurent Haro, le dynamique président de la Confrérie du Tilleul dont les compétences et actions sont loin de se limiter au folklore (2).
Comment valoriser la production… ? Mireille Lesbros devait d’entrée définir trois grands axes de recherche : La reconnaissance d’un label de qualité « Tilleul Bio » qui permettra la production de tilleul officinal des Baronnies sous certification « Agriculture Biologique ». Le dépôt d’une marque collective simple « Tilleul Officinal des Baronnies » (déjà déposée l’année dernière) qui devra permettre à terme la commercialisation d’un produit de qualité référencé à l’aide d’étiquettes. Enfin la réalisation (en liaison avec la confrérie) d’actions promotionnelles et de communication telles que la publication d’une plaquette sur le tilleul qui pourrait être distribuée à l’occasion de la foire de Buis début juillet de cette année.
Sur ces trois dossiers le syndicat n’est pas seul. Grégoire Delabre devait longuement exposer le travail réalisé au sein de la chambre d’agriculture des Hautes Alpes afin d’établir un cahier des charges visant à obtenir le Label « Bio » pour le tilleul des Baronnies. Jean Besson suggérait la mise en place d’une procédure de PIDA et donnait l’assurance du soutien de ses amis auprès du Conseil Régional. Il confirmait également la tenue imminente d’une réunion sous la présidence de Michel Grégoire visant à présenter un dossier I.G.P. (Indication Géographique de Provenance) qui remplacerait partiellement les vertus d’une A.O.C., impossible à obtenir en la demeure. Aimé Challier quant à lui assurait le syndicat du soutient du Conseil Général dans ses efforts pour l’amélioration de la qualité et de l’organisation de la production. Il devait en outre suggérer le recrutement d’un Emploi-Jeune que le Conseil Général pourrait financer par l’intermédiaire d’une commune. Enfin l’ONIPPAM, par la voix de M. Garnon devait confirmer la reconduction pour la récolte 99 de la prime de qualité de 7 francs (3) et indiquait qu’une nouvelle prime visant à encourager non plus la qualité ou le soutient des prix mais plutôt l’organisation économique des producteurs pouvait être accordée dans le cadre d’un groupement de producteurs (il en existe 3 actuellement pour le tilleul des Baronnies).
Beaucoup de pain sur la planche donc en perspective pour le syndicat de producteurs de tilleul des Baronnies... Et ce n’est sans doute pas le moindre des mérites de cette réunion que d’avoir permis d’en faire l’inventaire, d’en mesurer leur urgente nécessité et d’y avoir compter ses amis.
Alain BOSMANS
(1) On se rappelle qu’à la foire au tilleul de Buis le 1er juillet 98, les prix d’achat offert par les négociants de la région n’avaient pas dépassé les 45 francs le kilo, soit un manque à gagner de prés de 50% par rapport aux cours de l’année précédente. Un effondrement qui avait provoqué le vif mécontentement des producteurs et de leurs représentants qu’ils soient élus, syndicat et confrérie.
(2) Se tenant depuis 190 ans à Buis les Baronnies, la traditionnelle foire au tilleul de cette bourgade est l’occasion de cérémonies folkloriques hautes en couleurs. La Confrérie des Chevaliers du Tilleul des Baronnies y tient son chapitre annuel en intronisant chaque année de nouveaux membres qui sont appelés à boire le verre de Castillou et à prononcer le fameux serment en tunique verdoyante et feutre noir du berger provençal.
(3) L’aide est accordée aux membres du syndicat dont les arbres sont implantés dans la zone d’appellation dite « Tilia Platyphylos », qui se seront engagés à respecter les critères de qualité « Tilleul Officinal des Baronnies » ayant soumis en temps utile au syndicat une demande et un échantillonnage du produit. (renseignements et inscriptions auprès de Mireille Lesbros – 05700 - Sigottier, tel 04 92 67 09 11 ou christine Boriello au SAB – B.P. 35 – 26170 Buis les Baronnies, tel 04 75 28 04 08.)