Le tilleul toujours en effervescence...

(article du Dauphiné Libéré du9 juillet 1998)

Le bras de fer se poursuit entre les producteurs de tilleul du Buis et les cinq négociants de la région qui ne se sont pas déplacés dutout pour le retour de foire de mercredi matin. La consternation fait place à la colère dans la capitale de cet arôme dont le maire s’explique.
 

    Ils étaient sans doute moins nombreux que le mercredi précédent, mais c’est tout de même une soixantaine de producteurs qui avaient apporté leurs bourrasses de tilleul à ce retour de foire de Buis. Malgré les événements de la semaine passée, tous formulaient l’espoir de pouvoir vendre leur production à un prix supérieur à celui qui leur avait été précédemment offert et qu’ils avaient jugé inacceptable. Sur la digue des Princes de Monaco, on estimait à quelques 4 tonnes les apports qui s’alignaient dés 6 heures du matin. Hélas, les négociants n’étaient pas au rendez-vous. Contactés par nos soins ils devaient déclarer que c’est afin d’éviter un affrontement direct avec les producteurs (dont ils avaient senti l’hostilité le mercredi précédent) qu’ils ont préféré ne pas se présenter hier matin, d’autant que les cours n’avaient pas changé entre temps.

    Sur la digue la consternation succédait à l’incrédulité. Cela faisait 160 ans que l’on n’avait pas vu cela… ! Les acheteurs n’étaient pas venus… ! Par petits groupes les agriculteurs se réunissaient en conciliabules autour de leurs élus et des représentants syndicaux. Les commentaires allaient bon train : Que faire désormais de ces bourrasses… ? Qui va vouloir maintenant de cette récolte que l’on a déjà manipulée et transportée deux fois vainement à la foire de Buis… ? Que faire pour renouer les files du dialogue avec les partenaires négociants… ? Comment éviter que la foire de Buis, la plus importante foire du tilleul d’Europe, ne soit menacée dans son existence même… ? Des questions d’autant plus graves que l’on connaît la précarité de la situation de nombre d’agriculteurs des Baronnies après que les récoltes de cerises et d’abricots aient été cette année totalement anéanties par le gel.

    A ces questions et à quelques autres, le maire du Buis, Jean Pierre Buix a accepté de répondre (voir ci dessous l’interview qu’il nous a accordée). Les négociants de leur coté, nous ont fait savoir qu’ils seront (tous les cinq) le mercredi 22 juillet à la foire de Villefranche le château et qu’ils donnent rendez-vous là bas à tous les producteurs, mais aussi à leurs représentants syndicaux, aux responsables du groupement de producteurs et à tous les élus de la région. Ce serait l’occasion d’une éventuelle table ronde qui donnerait la possibilité à chacun de débattre (en dehors de toutes polémiques) des problèmes strictement économiques de l’industrie du tilleul.

    Probablement le rendez-vous de la dernière chance pour une paix honorable et durable que chacun désormais appelle de ses voeux… !

Alain BOSMANS