La guerre du tilleul (suite)
Une foire au tilleul trés particulière...
article du Dauphiné Libéré du 7 juillet 1998
 

MOLLANS SUR OUVEZE

Après les événements consécutifs à la foire du Buis, la foire du tilleul de Mollans était très attendue. Tonnage record (prés de 6 tonnes d’apport), prix maintenus entre 40 et 50 francs et ambiance très particulière ont marqué l’édition 98

    La foire au tilleul de Mollans est habituellement une manifestation modeste, pittoresque et sans histoire. Ne concernant que les producteurs du village et des environs immédiats, ignorée des touristes et photographes si nombreux ailleurs, elle se tient le 1er lundi de juillet et par conséquent le plus souvent avant celle du Buis. Tel n’était pas le cas cette année et les événements qui se sont déroulés la semaine passée au chef lieu de canton (voir nos éditions du 2 et 4 juillet) ont sensiblement modifié la physionomie de celle-ci.

    Alors que d’habitude seuls deux négociants (Georges Borel de la société SESSE de Montbrun les bains et Jean Paul Gravier d’Herbissima à Vaison) viennent acheter le tilleul de Mollans, ce lundi, les cinq grossistes de la région dans les mains desquels est concentrée la totalité de la production des Baronnies (Gérard Gozzi de l’Européenne d’herboristerie du Buis, Raphaël Franco et Georges Couton s’étaient donc joint aux deux précédents), étaient réunis dés 8 heures sur la place de la gare. Tous les cinq avaient en effet souhaité rencontrer la presse afin de répondre aux graves accusations, (il fut même question de diffamation), dont ils pensent avoir fait l’objet par les autorités municipales du Buis. En attendant la lettre ouverte émanant du GIE (groupement d’intérêt économique) qui doit être incessamment adressée à Jean Pierre Buix, les cinq négociants se sont dit scandalisé qu’on ai cru bon de leur faire porter seul la responsabilité d’une situation (l’effondrement des cours du tilleul consécutif à une exceptionnelle surproduction) dont ils ne maîtrisent pas la majorité des données. Rappelant que l’industrie du tilleul est constituée d’une chaîne dans laquelle ils ne sont qu’un maillon, ils regrettent que les propos tenus publiquement à Buis n’aie servi qu’à monter inutilement et localement les uns contre les autres. Ajoutant que tout ce bruit va à l’encontre de la nécessaire réorganisation d’une filière auquel ils sont favorables et prêts à collaborer. Regrettant de n’avoir pas été invité à la « réunion de crise » de vendredi dernier à Buis, ils se disent « d’accord pour acheter le tilleul chaque année à 70 frs le kilo à condition que la production se limite d’elle-même à 40 tonnes (elle est de 100 tonnes cette année), qu’un contrôle de qualité rigoureux soit mis en place et que tous les producteurs cotisent à la MSA… »

    En attendant cet hypothétique avenir, la foire du tilleul de Mollans pouvait commencer sous le soleil et dans une ambiance très particulière où se mêlait la morosité, la méfiance et parfois même l’hostilité de certains producteurs vis à vis des acheteurs. Les apports étaient en effet en quantité tout à fait exceptionnelle, (plus de 6 tonnes), la qualité jugée par tous excellente (de la très belle fleur), les prix se sont maintenus au niveau de ceux pratiqués à Buis la semaine précédente entre 40 et 50 francs : Fourchette incompressible, aucun lot ne s’étant négocié ni au-dessous ni au-dessus. Par contre tout le monde n’eut pas l’occasion d’écouler sa production. Certain repartirent d’eux même, refusant de céder leur marchandise à ce prix, d’autres ne furent pas même contactés par les négociants qui achetèrent en priorité le tilleul aux fournisseurs habituels du marché de Mollans. Au total c’est un peu plus de 3 tonnes qui furent négociées lundi matin à Mollans, soit le double de l’année précédente.

    La guerre du tilleul n’aura probablement pas lieu cette année dans les Baronnies, mais on attend avec intérêt la suite des événements mercredi prochain à Buis pour le retour de Foire.

Alain BOSMANS