(article du Dauphiné Livéré
du 7 juillet 1999)
1500 kg de tilleul séché auront été
négociés à Mollans en une heure de temps. Deux jours
plus tard à Buis les prix et les apports sont restés désespérément
bas... Le tilleul n'est -il plus qu'un attribut folklorique dans le paysage...?
La première foire du tilleul de la région
aura confirmé ce que l’on craignait : la production locale est en
baisse et les prix se maintiennent au plus bas.
La foire au tilleul de Mollans se déroule traditionnellement le premier lundi du mois de juillet et donc habituellement deux jours avant celle du Buis qui attirent producteurs de toute la région, touristes et photographes autour d’animations riches en couleur. Beaucoup plus modeste que cette dernière puisque ne concernant que les producteurs du village, la foire de Mollans est suivie néanmoins avec intérêt par les spécialistes qui enregistrent la tendance du marché du tilleul à 48 heures de la grande foire du Buis.Une trentaine de producteurs étaient réunis de bonne heure sur la place de la gare tandis que les négociants habituels rangeaient leurs camions devant les anciens établissements Derbes. Etaient présents, Georges Borel de la société SESSE de Montbrun les Bains et Jean Paul Gravier d’Herbissima à Vaison la Romaine. Les choses ne devaient pas traîner et à 10 heures un peu plus des 1500 kgs qui se trouvaient entreposés là sur le parking avaient été négociés, pesés et embarqués dans les trois camions.
L’ambiance n’était pas franchement à la fête. Le tilleul se négociait à Mollans en ce lundi matin entre 40 et 45 francs et les producteurs faisaient grise mine. Nombreux étaient ceux qui faisaient remarquer « qu’à ce prix là, il valait mieux le laisser sur l’arbre » et plusieurs agriculteurs parmi les traditionnels producteurs y avaient même totalement renoncé. Tel était le cas par exemple de Gérard Rousse qui produit à Mollans chaque année 400 kgs de tilleul (« et jusqu’à 1100 kgs voilà 35 ans… » qui était venu en visiteur sans une bourras et qui nous confiait que « la récolte du tilleul devient de plus en plus aujourd’hui une activité accessoire pour celui qui a le temps, qui n’a rien d’autre à faire… ! »
La qualité était pourtant jugée excellente par tous. Les producteurs se retrouvaient en petits groupes pour des conciliabules désabusés sur cette persistance dans l’effondrement des cours tandis que les deux négociants se disaient eux-même victimes de méventes avec des reports de production d’une année sur l’autre.
La suite à Buis mercredi…
Le déclin de la production de tilleul dans les
Baronnies semble se confirmer avec pour la deuxième année
consécutive des prix dérisoires et des négociants
qui boudent. Heureusement, les efforts des associations et collectivités
locales pour pérenniser l’image d’une région dont la flore
est d’une richesse exceptionnelle commencent à porter ses fruits.
Le premier salon du livre des plantes remporte un fulgurant succès.
A Mollans, dés lundi matin, la foire du tilleul qui s’y tenait pour les producteurs du village et qui n’avait duré qu’une petite heure l’avait laissé présager. Cela n’a pas manqué ! La 192 ème foire du Tilleul du Buis n’a pratiquement pas eu lieu si l’on s’en tient à son aspect strictement commercial et économique. Guère plus d’une cinquantaine de producteurs avaient transporté leurs bourras dorées sur la digue des princes de Monaco. Le tonnage ainsi offert au marché était probablement inférieur à trois tonnes, contre plus de 120 producteurs et 12 tonnes l’année passée. Les prix se sont maintenus à leurs cours les plus bas, identiques à ceux de l’année dernière, soit de 40 à 45 francs ce qui rend dérisoire le salaire du travail accompli. Et encore, bien heureux ceux qui purent ainsi le céder puisque plusieurs négociants n’avaient même pas cru bon de se déplacer. Seuls les frères Gozzi de l’Européenne d’herboristerie et les établissements Couton négociaient les lots, tandis que France Lavande acceptait le tilleul de ses adhérents. Son président Franck Bec pouvait ainsi annoncer que le tilleul de la récolte de 98 venait d’être soldé à 64 francs pour le beau tilleul et 49 francs pour la seconde qualité. Il semble désormais qu’à ces conditions là, nombre d’agriculteurs pourraient être intéressés à se rapprocher du groupement de producteurs. La morosité et l’inquiétude se lisaient sur tous les visages et la présence, dés la première heure aux cotés des agriculteurs, du sous préfet de Nyons, Marc Paganel accompagné du député Michel Grégoire et du maire de la localité Jean Pierre Buix, montrait assez que ce déclin persistant dans les conditions de commercialisation du tilleul était fort préoccupant pour tous.Le spectacle, toujours aussi beau, était pourtant bien au rendez vous et les photographes professionnels ou amateurs se pressaient autour des employés municipaux qui pesaient imperturbablement les bourras devant une nuée d’objectifs. Car c’est évidemment là que l’on a quelques raisons de ne pas désespérer. Le premier salon du livre des plantes, inauguré la veille en grandes pompes (voir notre article en pages locales) est en train de remporter en effet un succès fulgurant qui surprend même ses propres géniteurs. Depuis 48 heures les différents lieux d’expositions (il y en a 5 au total) ne désemplissent pas et le cycle de conférences s’est déroulé la première journée à guichet fermée. Les touristes semblent en effet de plus en plus sensible à l’image des Baronnies, vitrine vivante de toutes les activités liées aux plantes aromatiques et médicinales. La remise par l’Office du Tourisme des Bourras d’or (le premier prix revint à Gildas Tortel de Benivay) allait en ce sens ainsi que la très belle et noble cérémonie de la tenue du 25ème chapitre de la Confrérie des chevaliers du tilleul des Baronnies.
Présidée par Laurent Haro, grand maître de cérémonie, elle permit l’intronisation de 13 nouveaux Messires, Grandes Dames ou Grands Dignitaires, chacun parrainés par un illustre dignitaire. On ne peut tous les nommer ici, qu’on me laisse seulement signaler que Gérard Tenoux du syndicat du tilleul fut élevé au grade de Grand dignitaire par Laurent Haro lui-même, que Paulette Reynier, présidente de la croix rouge devint Grande Dame de la main de Michel Grégoire, député, que Suzanne Buix le fut par la grâce de Jean Besson sénateur, que Bernard Piras, sénateur également devint Messire avec M.Juillie et qu’enfin notre ancien correspondant Jeannnot Tourniaire fut honoré par les alexandrins de Gilbert Sauvan, vice président du conseil Général.
« Ut Semper in Baronis tillia vivat » : Ils sont maintenant tous réunis sous la même sainte devise. Et ils ne sont sans doute pas trop nombreux, à mettre toute leur bonne volonté au service de la sauvegarde d’un patrimoine inestimable : Celui des fleurs, des plantes, des fruits et des senteurs de ce beau pays.
Alain BOSMANS