Ces bois dont on se chauffe...
 

(article du Dauphiné Libéré du 5 mai 1999

               
Une quarantaine d’élus du sud de la Drôme assistaient à cette réunion d’information patronné par le député Michel Grégoire.

 

Enjeu majeur pour les générations futures, la gestion du patrimoine forestier communal dans les Baronnies a fait l’objet d’une réunion d’information dont l’objectif était de dynamiser le processus « d’aménagement forestier » entamé voilà 3 ans par l’O.N.F.

        Il existe dans la Drôme quelques 270 000 hectares de forêts (soit plus de 40 pour cent du territoire) dont le tiers est géré par l’O.N.F. (Office National des Forêts) aux titres des forêts domaniales (28 forêts sur 46 000 hectares) et des forêts des collectivités, essentiellement communales (162 forêts sur 43 000 hectares). Pour gérer ce parc, l’office départemental emploi 100 personnels fonctionnaires et 55 ouvriers permanents et habituels. Depuis 3 ans, le bureau de l’O.N.F. de Valence a lancé un vaste programme d’analyse du milieu naturel et de ses potentialités sur chaque espace dont il a la charge dans le département. Le résultat de ces études fera l’objet d’un document de gestion : « L’aménagement forestier » qui sera remis avant la fin de l’année prochaine à chacune des communes concernées.

        C’est afin de sensibiliser les élus Drômois à ces questions d’aménagement et de gestion des espaces boisés, qu’une réunion d’information était organisée par l’O.N.F. vendredi dernier à Sainte Jalle sous le patronage du S.A.B. (Syndicat d’Aménagement des Baronnies) et de l’Association Départementale des Communes Forestières. Son président, André Tronchon, représentait cette dernière tandis que Michel Grégoire, député et président du S.A.B. accueillait les participants parmi lesquels on notait la présence de Michel Cossantelli, conseiller Général de Séderon et Guy Lefer, président de l’U.F.D. (Union de la Forêt Drômoise), ainsi que de nombreux maires du sud de la Drôme.

        C’était la première réunion de ce type que l’O.N.F. organisait dans le département et le choix des Baronnies n’est certainement pas du au hasard, tant il est vrais qu’ici beaucoup reste à faire dans le domaine de l’aménagement forestier. La région n’a en effet aucune tradition forestière ancienne et ses bois sont, depuis toujours, réservés presque exclusivement à la chasse ou à l’affouage. Bien que les zones boisées recouvrent une partie importante de son territoire (prés des 2/3), les forêts des Baronnies sont pauvres, ne génèrent habituellement pour les agriculteurs que des revenus marginaux, et sont le plus souvent mal desservies par un réseau de chemins et de sentiers insuffisant.

        Pendant près de 3 heures les représentants de l’O.N.F. en la personne de son chef de service départemental Philippe Demarq, et du chef de division, Etienne Zahnd, développèrent les différents aspects de la gestion forestière publique aussi bien au niveau national que dans la Drôme. Il y fut rappelé l’intérêt économique et social de la production du bois (de planche ou de chauffage) en terme de création d’emplois ainsi que la nécessité de l’entretien des forêts dans le développement du tourisme et la protection de l’environnement (incendie…). On parla également du fameux rapport « Bianco » qui préconise à l’échelle nationale un ensemble de mesures visant au développement de la filière « Bois ». Différentes questions furent soulevées traduisant les inquiétudes de nombreux élus face à des problèmes conjoncturels : dégâts des sangliers ou recommandations de « Natura 2000 ». Mais l’essentiel de la réunion permis de détailler la nature de l’opération « Aménagement forestier » dans la région. En prenant en particulier l’étude symptomatique réalisée à Sainte Euphémie, le technicien aménagiste Philippe Français-Demay démontrait l’intérêt de cette démarche qui constitue un instrument majeur dans la gestion durable (pour les 12 à 15 ans à venir) des espaces naturels forestiers communaux. L’analyse exhaustive des différents paramètres sylvicoles étudiés débouche naturellement sur un programme d’actions (recommandation de coupes, travaux d’entretien, de limites ou d’amélioration d’accès), que la commune reste libre de réaliser ou pas en fonction d’un bilan financier qui lui est également fourni. Il fut en effet confirmé que si l’étude en question est remise gratuitement aux communes concernées, celle-ci restent maîtresses de l’exécution des ses conclusions tant pour les dépenses que pour les recettes et subventions que leurs applications entraîneraient.

        Dans les Baronnies où les forêts sont globalement pauvres l’objectif est surtout de conserver le patrimoine forestier et les emplois qui y sont liés tout en contribuant au développement du tourisme et à l’amélioration de l’environnement dans le respect de la biodiversité. En informant les élus des Baronnies de son plan de gestion à long terme des espaces naturels bénéficiant du régime forestier, les responsables de l’O.N.F. de Valence ont souhaité dynamiser le mouvement lié à l’élaboration des documents « d’aménagement forestier » et les pérenniser tout en servant de « caisse de résonance » auprès des autres zones du département. Gageons qu’elles y auront réussi.

       Alain BOSMANS