L'avenir des Baronnies : Marc Bonnard répond à nos questions
 
(Article du Dauphiné Livéré du 24 octobre 1999)
 
Marc Bonnard, maire de Poët –Sigillat est président du S.A.B. depuis le 28 mai 1999.
 
La question de l’avenir des Baronnies se pose aujourd’hui de manière cruciale avec l’apparition des futurs outils de développement (pays, parc régional, plates-formes économiques, programmes européens) qui dépassent largement les limites des 4 cantons constituants le Syndicat d’Aménagement des Baronnies. Le point méritait d’être fait avec Marc Bonnard, président du S.A.B.

Marc Bonnard, est devenu le 28 mai 1999 le nouveau président du Syndicat d’Aménagement des Baronnies en remplacement de Michel Grégoire qui avait souhaité prendre quelques distances avec cette charge, tout en restant membre du conseil syndical. Conseiller municipal depuis 22 ans et maire depuis 10 ans du Poët Sigillat (commune située très exactement au centre géographique du territoire formé par les quatre cantons des Baronnies) Marc Bonnard a accepté, de répondre à nos questions.

Le Dauphiné Libéré : En deux mots, pourriez vous nous présenter le SAB et nous dire à quoi il sert ?

Marc Bonnard : Le Syndicat d’Aménagement des Baronnies, est une structure intercommunale qui existe déjà depuis 25 ans. En fait c’est un syndicat de syndicats. Au départ, à sa création, il était constitué des quatre syndicats intercommunaux (SIVOM) des cantons de Buis, Nyons, Rémuzat et Séderon représentant les 74 communes des Baronnies drômoises. A ce jour il est constitué de deux Communautés de communes (Nyons et Buis) et de deux SIVOM (Rémuzat et Séderon). Mais ces deux derniers sont en train, eux aussi, de se transformer en Communauté de Communes. Une métamorphose qui vraisemblablement sera réalisée au 1er janvier de l’an 2000 pour ces deux cantons. Il est vrai que la transformation des SIVOM en Communautés de Communes redonne un nouveau dynamisme aux cantons et permet ensuite d’avoir des moyens de fonctionnement beaucoup plus performants que maintenant.
Le SAB est donc une structure de développement, regroupant les 4 structures intercommunales des Baronnies, un outil performant au service des collectivités locales. Il est dirigé par un Comité Syndical comprenant 32 membres délégués syndicaux titulaires (et 16 suppléants) qui sont l’émanation des conseils communaux des 74 communes. Ces délégués syndicaux élisent un bureau composé d’un président, de quatre vice-présidents (un par canton) et des présidents des différentes commissions. Une équipe technique basée dans les bureaux de Buis et composée de 6 employés est dirigée par Gilberte Brémond.

Le Dauphiné Libéré : Quels sont les domaines d’interventions du SAB et concrètement quelles sont les actions menées présentement par le syndicat ?

Marc Bonnard : Le SAB a plusieurs compétences : l’habitat, l’agriculture, l’environnement, le tourisme, la culture et la jeunesse et le développement économique. Je ne peux ici parler de toutes les actions actuellement en cours de réalisation par le SAB, mais je mentionnerai quand même celles-ci :
Dans le domaine de la politique de rénovation de l’habitat sur les Baronnies le SAB a été maître d’ouvrage de la mise en œuvre successive de quatre O.P.A.H. (Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat) qui auront permis la rénovation sur 10 ans de 1250 logements pour 150 millions de francs de travaux et prés de 40 MF de subventions.
Dans le domaine de l’agriculture, des mesures agri-environnementales et de redéploiement pastoral sont en cours de négociation par le SAB. L’objectif est de permettre la modernisation des élevages ovins et la conservation ou la remise en état de terrasses d’oliviers avec des aides remis à des exploitants au travers de contrats d’objectif signés entre l’exploitant et l’état. Sont également en cours d’élaboration (en partenariat avec la chambre d’agriculture et la D.D.A.F.) les fameux CTE (Contrat Territoriaux d’Exploitation) qui sont l’un des volets de la dernière loi d’orientation Agricole votée au mois d’août dernier. Le SAB enfin compte jouer un rôle d’aide et de soutient à l’organisation de la production de Tilleul des Baronnies en liaison avec le syndicat de producteurs.
Dans le domaine de l’environnement Le SAB intervient dans la gestion des déchets, les contrats rivières ou les programmes d’assainissement en lieu et place des communes ou des structures communautaires. Ce fut le cas par exemple du schéma d’assainissement de la Communauté de Communes du pays de Buis que nous avons réalisé alors que la Communauté n’avait pas les moyens techniques de mener à bien cette étude. Idem pour le contrat rivière Méouge pour lequel nous avons reçu délégation des communes concernées.
Dans le domaine du tourisme, le SAB est maître d’œuvre dans les opérations de balisage et d’entretien des boucles de randonnées. Que ce soit pour le tour des Baronnies ou le PDIPR (Programme Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnée) ou encore dans le programme de réintroduction du vautour fauve à Remuzat.
Il faudrait parler aussi de la commission qui, sous la responsabilité de Michel Tache, maire des Pilles, aura contribué au développement d’activités culturelles en partenariat avec l’Université Populaire de Nyons et des animation « jeunesse » sur les quatre cantons. L’un et l’autre volet ayant permis de recruter deux animatrices jeunesse, Marie Dieudonné à Nyons et Isabelle Poulain à Buis les Baronnies.
Enfin, en dehors de ces grandes lignes, il y a toutes les compétences déléguées par les communes qui ont la possibilité de transférer directement des dossiers, soit qu’elles ne peuvent pas seuls les gérer, soit que cela nécessite des financements européens. Par exemple c’est le SAB qui avait monté le dossier de restauration du couvent des Dominicains à Buis et c’est lui qui en avait été le maître d’œuvre. C’est le cas également de l’aménagement de la nouvelle « Maison des plantes aromatiques et médicinales » à Buis dont les travaux doivent commencer incessamment dans un bâtiment ancien situé sur les remparts à l’entrée de la localité et pour lequel le SAB est intervenu au niveau de l’étude à la demande de la commune.

Le Dauphiné Libéré : Comment le SAB se positionne-t-il en regard des réflexions qui ont lieu aujourd’hui sur la création de nouvelles entités territoriales telles que le « Pays » ou le « Parc ».

Marc Bonnard : Cette perspective de création de pays et de parc s’inscrit dans la perspective de la loi d’orientation et d’aménagement durable du territoire, (dite loi Voinet-Chevénement) qui prévoit que désormais les territoires appelés à se développer ne pourront plus le faire à l’échelle d’un canton mais plutôt à l’échelle d’un bassin de vie. Un bassin territorial qui correspondra à une identité socio-culturelle forte qui s’étendra au delà des limites d’un seul département.
C’est ainsi qu’en ce qui concerne « le Pays » (dont la dénomination envisagée est celle de « Pays Baronnies - Enclave des Papes – Voconce – Ventoux), on se dirige vers la constitution d’un ensemble qui regroupera les quatre cantons des Baronnies, l’enclave de Valréas, le canton de Grignan et ceux de Vaison et de Malaucène (84). Pour le « Parc régional des Baronnies » le territoire regrouperait (dans une vision plus historique du territoire) les quatre cantons des Baronnies, ceux de Rozan et d’Orpierre (05) et celui de La Motte Chalencon avec un point d’interrogation pour le canton de Luc en Diois.
Je pense que ce sera le « Pays » qui devrait voir le jour le plus rapidement. La procédure en est plus simple et elle est entamée avec un comité de pilotage déjà en place. Le « Parc », pour l’instant, n’en est qu’à un stade de réflexion.
Dans toutes ces démarches qui sont en ce moment menées, le SAB est très actif et se situe en première ligne des deux procédures. Car que ce soit pour l’une ou pour l’autre, il est fondamental d’associer étroitement les élus de toutes les communes concernées. En ce sens le SAB, qui n’est rien d’autre que l’émanation et le représentant des 74 communes qui le composent, aura un rôle essentiel à jouer en tant que garant de l’identité des Baronnies dans les consultations et les concertations qui s’entament.

      Propos recueillis par Alain Bosmans