Jeux de Mains
 

(Article du Dauphiné Libéré du 7 mai 1999)
 

 
 l’école de Mollans toute entière, de la maternelle au CM2 est venue visiter l’exposition de Monique Lefebvre.

 

Succès mérité de l’exposition « De Main en Mains » présentée deux week-end successifs dans la chapelle des pénitents à un public mollanais nombreux qui a applaudit son auteur « des deux mains »…

        « De Main en Mains » tel est le thème de la très originale exposition que Monique Lefebvre a présentée le week-end dernier à Mollans. Dés les premiers instants de l’inauguration qui s’est déroulée vendredi dernier en présence du maire Yves Roux et de nombreux « Amis de Mollans » dont l’association patronnait l’exposition, on put sentir que cette exposition marcherait. Et l’impression ne s’est pas démentie puisque la chapelle n’a pas désempli pendant deux jours et qu’en dehors de l’école de Mollans qui devait y passer l’après midi de mardi à la visiter, plusieurs groupes de Buis demandèrent à pouvoir y accéder durant la semaine.

        Pourtant, à priori et avant d’entrer dans la chapelle, on est plutôt septique et dubitatif devant cette curieuse idée de vouloir faire une exposition entièrement consacrée à la « Main »… Mais il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir que le travail de Monique Lefebvre n’a rien d’une démarche monomaniaque ni d’un simple exercice scolaire.

        A travers des photos, des objets, des peintures, le visiteur découvre le coté magique de la main avec ses lignes et son destin dont la représentation a de tous temps été liée à la pensée humaine et à son imagination. Mains de joie et d’allégresse qui se tendent vers le ciel ou mains enchaînés qui se tordent de douleur. Celles qui lisent chez l’aveugle, parlent pour le muet, se tendent vers l’ami, se dressent contre l’adversaire, se joignent en prière. Main rugueuse du travailleur, menue de l’enfant, caressante de l’amant, délicate de l’écrivain, agile du musicien, sans parler de celle de ma sœur dont le goût pour les zouaves est bien connu…

        Car avec Monique l’humour n’est jamais bien loin et la présentation décalée et insolite de toutes ces mains est pour beaucoup dans le plaisir que l’on prend à flâner de panneaux en panneaux. Chemin faisant le visiteur s’attardera probablement sur les peintures que Madeleine Duchêne d’Entrechaux a spécialement conçues pour cette exposition ou encore celles de Jivar, un peintre d’Orange lui aussi fasciné par le pouvoir évocateur des mains. Jeux de mots, d’images et d’objets, jeux de mains et de vilains, la promenade poétique au royaume des phalanges ne va pas sans émotion. Ainsi de l’exposition d’un agrandissement photographique des rudes mains de Fernand Estève, le dernier moulinier de Mollans, ou de celles peintes par le regretté Claude Boileau à la manière de Durer. Ou encore de cette étonnante main en bois de Ramon Aloys Clemens, qu’il sculpta lui-même avant de partir s’expatrier au Mexique afin que ses parents puissent la serrer à chaque fois qu’ils lui téléphonent (ce qu’ils font encore chaque semaine).

        Etrange et fascinante exposition en vérité ! Que ceux qui ne l’ont pas encore fait se dépêchent. Il ne reste plus que deux jours pour la voir : Samedi 8 et dimanche 9 mai de 10 à 12 et de 15 à 18 heures.

        Alain BOSMANS