En dépit de la pluie et de quelques incidents liés aux revendications paysannes du moment, la visite qu’a rendu vendredi le Garde des Sceaux Elisabeth Guigou à La Roche et au Buis se sera déroulée normalement dans une amicale atmosphère où la chaleur des mots aura remplacé le soleil des Baronnies pour une fois absent.

        Inutile de revenir sur la première traversée du Buis par le cortège ministériel sous une pluie battante et qui a donné lieu aux incidents que l’on sait (notre édition d’hier 4 septembre 1999). A la sortie de Buis donc, après avoir traversé l’Ouvèze au pont neuf, le cortège ministériel emprunte la route étroite et sinueuse qui, bordée d’oliviers, surplombe en montant dans un chaos de mégalithes le cours de la vallée du Menon. Un dernier virage en épingle à cheveux et tout le monde se retrouve au beau milieu de La Roche sur la place du village.

        Michel Grégoire, le député de la circonscription, conseiller général et maire du village, entouré des membres de son conseil, de Jean Pierre Buix, maire du chef lieu de canton tout proche et de nombreux amis maires de tout le canton, accueille chaleureusement madame la ministre et les officiels qui l’accompagnent parmi lesquels les sénateurs Jean Besson et Bernard Piras, le préfet de la Drôme Jean Fedini, le sous préfet de Nyons Marc Paganel et de nombreux élus de la région que l’on ne peut ici tous citer. La visite commence par l’admirable panorama (malheureusement un peu gris ce jour là) que l’on découvre de la place du village sur les ciselures du rocher de St Julien et les à-pics de la montagne de La Nible.

        Ancien village fortifié typique des Baronnies Drômoises, le village donne le sentiment d’avoir gardé jusqu'à nos jours une irréelle tranquillité qui lui vient probablement de son passé de sagesse et de labeur. Un passé que « ces dames du musée » ont le souci de mettre en valeur comme en témoigne les deux expositions qui furent offertes à la visite ministérielle. Elisabeth Muller, Thérèse Olivier, Geneviève Armand, Martine Ferrouillet, Claire Vidal, Pascale Borel et Charlotte Ricard sont à l’origine de « La lessive à travers le siècle » et du musée Joseph-Fortuné Layraud où sont exposés (dans une demeure proche du soustet et dans la jolie Chapelle de Pénitents du 17éme siècle récemment restaurée) un ensemble d’objets de la vie quotidienne et d’outils agricoles anciens.

Une double « Chronique de la vie rurale des Baronnies » à laquelle le Garde des Sceaux porta le plus vif intérêt soulignant qu’elle avait été «frappé par le souci que l’on avait eu ici de conserver la mémoire de la manière dont on lavait le linge, c’est à dire de la condition féminine il n’y a pas si longtemps. » L’occasion aussi de rencontrer en toute simplicité les habitants de La Roche qui se disaient touché par la gentillesse et l’élégance du Garde des Sceaux. Fermant les parapluies pour s’engouffrer dans les « Safranes », il était temps pour le cortège de redescendre au chef lieu de canton où l’inauguration de plusieurs équipements et travaux entrepris par la municipalité depuis trois ans attendait les officiels.

        En présence d’une foule importante de buxois que la pluie n’avait pas découragée, un premier ruban était coupé devant la piscine municipale « René Jouve » dont la rénovation avait été rendue nécessaire par son ancienneté et le respect de nouvelles normes sanitaires. Un petit tour de piscine qui permettait à Jean Pierre Buix de présenter ce complexe sportif de baignade désormais des plus moderne et agréable et la visite de la bourgade se poursuivait à pied avec la traversée de la place des Arcades et du centre ancien, récemment réhabilité. Partout Elisabeth Guigou devait manifester la plus extrême gentillesse. Saluant avec simplicité tout un chacun, s’entretenant avec les commerçants des rues traversées, coupant un ruban ici, recevant une rose là, des produits du terroir ailleurs, écoutant les doléances des uns (l’association S.O.S. – Papa Drôme-Ardèche en particulier manifestait une présence pacifique) et les compliments de tous, elle devait afficher partout un sourire fragile qui conquit les buxois.

        Il ne restait plus à Madame le Garde des Sceaux, toujours guidée par Jean Pierre Buix et suivi par un cortège d’officiels et de badauds, qu’à se rendre à la réception prévue dans les jardins de la mairie mais qui avait été au dernier moment transportée au Mille-Club à cause de la pluie. Ce fut le temps des allocutions : Celle de Jean Pierre Buix, volubile, chaleureuse, amicale, celle de Dominique Chambon, vice président du Conseil Régional représentant Anne Marie Comparini, de Gilbert Bouchet vice président du Conseil Général représentant Jean Mouton, de Michel Grégoire député, avant que la ministre de la justice ne prenne la parole pour remercier ces hôtes de l’accueil qui lui avait été réservée dans les Baronnies. « Une région, devait-elle préciser, qu’elle connaît bien, où elle compte de nombreux amis et où elle a toujours plaisir à venir en voisine pour y rencontrer une population courageuse et enthousiaste ».

        Devant se rendre en mairie rencontrer une délégation syndicale agricole, Elisabeth Guigoux laissait à regret la Salle J.J. Coupon sans avoir vraiment put partager avec la population buxoise, invitée pour l’occasion par la municipalité, au sympathique vin d’honneur qui lui était offert.

   

Le mélange d’histoire et de quotidien qui fait le charme de cette région aujourd’hui attire étrangement à La Roche sur le Buis des parlementaires de tous les pays…

        La Roche sur le Buis est un village typique des Baronnies Drômoises de moins de 300 habitants. Sa visite donne le sentiment d’une irréelle tranquillité qui lui vient probablement de son passé de sagesse et de labeur. Un passé que l’on a ici le souci de préserver comme en témoigne les deux expositions qui sont actuellement offertes à la visite : « La lessive à travers le siècle » et le musée Joseph-Fortuné Layraud où sont exposés un ensemble d’objets de la vie quotidienne et d’outils agricoles anciens.
 
        A coté de cette double « Chronique de la vie rurale des Baronnies » se trouve un minuscule cimetière qui jouxte la chapelle des pénitents et qui, désaffecté depuis 1930, a été transformé récemment en un charmant et délicat jardin de plantes symboliques. Lors de la visite dont Elisabeth Guigou devait honorer le village la semaine dernière, le cortège officiel pressé n’eut pas le temps de s’y attarder et c’est dommage. Une quarantaine de plantes y est répertoriée au milieu de tombes bucoliques. Chacune symbolise un des éléments fondamentaux de l’existence. La vie ou la mort, la fécondité ou la virginité, le bien ou le mal, la vertu ou le plaisir, la sagesse ou la folie. Un endroit superbe qui invite à la réflexion, à la méditation et qui, curieusement, est régulièrement fréquenté par des parlementaires de différents pays…

        Madame la Ministre aurait en effet probablement été surprise d’apprendre qu’en dehors de Michel Grégoire, député P.S. français qui en est le maire, la population de La Roche compte régulièrement en son sein deux autres parlementaires internationaux (ce qui pour 287 habitants constitue une sorte de record !). Léonie Kirschfink est une députée verte de la communauté germanophone de Belgique qui siégea pendant 9 ans au parlement belge d’Eupen et qui possède depuis 3 ans à La Roche une ravissante demeure. L’Australienne Cristobel Chamaret (du même nom que le village drômois dont est originaire sa famille), ancien sénateur verte de la région de Perth et Fremantle à l’Ouest de l’Australie, est également bien connue des habitants de La Roche pour y passer depuis de nombreuses années ses vacances estivales dans la demeure de son amie australienne Windy Castelden.

        Avec Elisabeth Guigou, elle-même parlementaire, qui vient d’y rendre une visite ministérielle, on se dit que décidément « La Roche » n’est effectivement pas loin du Capitole…