En quittant la commune de La Roche sur le Buis le 3 septembre dernier alors qu’il accompagnait la visite (rapide et un peu mouvementée) du Garde des Sceaux Elisabeth Guigou, le nouveau préfet de la Drôme, avait promis qu’il reviendrait. Moins de deux mois après, Jean Fedini tient parole et c’est sous un soleil éclatant que, vendredi dernier en début d’après midi, il était accueilli par Michel Grégoire et la plus grande partie du conseil municipal de La Roche réuni sur la place de la mairie. Dans la réunion de travail qui suivi, le préfet qui était accompagné du sous préfet de Nyons Marc Paganel, a expliqué qu’il était autant un homme de terrain que de dossier et qu’un petit déplacement sur place est souvent préférable à un long rapport écrit. Aussi après Valence, Die et Nyons, c’est au fin fond des Baronnies qu’il a souhaité entamer une « tournée des communes rurales » qu’il se promet de réaliser dans les mois à venir et qui se poursuivait le jour même par la visite de deux communes de la vallée de l’Ennuyé, à St Sauveur Gouvernet et Bésignan.A La Roche sur le Buis, cette démarche courtoise d’information mutuelle devait se traduire par un dialogue très ouvert et confiant entre l’élu de la commune, du canton et du département, Michel Grégoire et la plus haute autorité de l’état dans ce département, Jean Fedini. Le premier devait en particulier faire l’inventaire des questions auxquelles sa commune doit faire face : L’aménagement de la falaise qui surplombe et donne son nom au village est un problème récurant pour lequel les élus demandent une révision du P.E.R. (Plan d’Exposition aux Risques) qui tiendrait compte de la diminution des risques consécutive aux importants travaux entrepris récemment. Il fut également question de la demande d’établissement d’un P.O.S. (Plan d’Occupation des Sols) dont l’utilité ne s’était jamais auparavant manifestée mais qui devient aujourd’hui nécessaire avec l’important développement démographique du village dont la population aura plus que doublé en 30 ans. Il fut également question d’un dossier assainissement particulièrement lourd et complexe pour cette commune à la topographie si singulière.
Mais ce qui attira sans doute le plus l’attention du préfet, ce fut l’intervention d’Alain Sauver, adjoint au maire, administrateur de la Coopérative du Nyonsais et lui-même producteur d’olives à La Roche. Ce dernier, rameau d’olivier gelé en mains, entrepris d’expliquer l’étendue des dégâts causés par le gel survenus en début de semaine dans les vergers d’oliviers de la région. Précisant que sur la commune de La Roche, le mercure était tombé deux nuits de suite à moins 9 degrés (phénomène météorologique très rare en cette fin novembre), Alain Sauver affirmait que ce gel constituait une véritable catastrophe pour les producteurs de la commune avec des pertes de l’ordre de 50 à 60% sur les revenus qu’ils pouvaient légitimement espérer de cette récolte. Jean Fedini qui n’avait eu connaissance de cette question que le matin même par la presse, a néanmoins promis de faire étudier la nature et l’étendue du sinistre par les services préfectoraux de la D.D.A. tout en assurant qu’il veillera à ce que les éventuelles subventions soient réparties avec la plus grande équité et transparence. La réunion se terminait autour d’un fort agréable goûter composé de spécialités culinaires régionales.
Les récentes intempéries dans les Baronnies vont sensiblement modifier la nature de la récolte d’olive dans la zone d’AOC, provoquant une inévitable baisse de revenus chez les producteurs. Après la mévente des abricots cet été, ce gel des olives pourrait s’avérer catastrophique pour nombre d’exploitations.L’arrivée précoce de l’hiver avec ses chutes de neige le week-end dernier ne sera pas sans conséquence pour la récolte d’olive de Tanche dans la région. Dans la nuit de dimanche à lundi en particulier, le thermomètre est descendu à moins 6 et jusqu’à moins 9 degrés dans la zone de production d’olives en A.O.C. du Nyonsais et des Baronnies. Bien qu’il soit semble-t-il aujourd’hui trop tôt pour déterminer l’étendue et l’importance des dégâts, les producteurs ont dés lors manifesté leurs inquiétudes sur les résultats de la récolte qui s’annonçait pourtant prometteuse et venait à peine de commencer dans la région de Nyons et de Mirabel (elle est plus tardive d’une à deux semaines dans les Baronnies autour de Buis). Le président du syndicat de la Tanche, Raoul Rouit s’est déclaré pessimiste et nous a confirmé avoir envoyé hier jeudi 25 novembre un courrier à la D.D.A. de la Drôme pour demander que la récolte soit considérée comme sinistrée, permettant ainsi aux producteurs dont les revenus seraient ultérieurement affectés d’avoir droit aux indemnités de « calamités agricoles ».
Ce gel précoce devrait avoir affecté principalement les oliviers porteurs de grosses olives noires déjà presque mûres et destinées à la conserve. Une partie de ces olives qui étaient sur le point d’être récoltés dans les basses vallées du Nyonsais ne seront sans doute pas utilisables pour la conserve et devront être recyclées pour faire de l’huile, d’où un manque à gagner notable pour les producteurs. En ce qui concerne les olives vertes de petites tailles sur des arbres actuellement très chargés, destinés à faire de l’huile et dont la récolte n’est pas prévue avant le début du mois de décembre, il est encore trop tôt pour savoir quelles seront les conséquences du gel récent. Mais il est à craindre que la production d’huile en A.O.C. sera plus limitée que prévue et qu’une partie de la production d’huile de cette région devra être commercialisée en dehors des critères d’appellation, comme une huile de pays simple et à un prix par conséquent plus bas que la production A.O.C.
A la Coopérative du Nyonsais qui accepte depuis hier de recevoir les premières olives de conserve, son directeur Christian Teulade s’est déclaré « catastrophé par l’étendue du sinistre qui touche les producteurs des Baronnies qui n’avaient vraiment pas besoin de cela après la dernière mévente des abricots cet été. Les pertes les plus importantes concernent les exploitations situées dans le fonds des vallées (de l’Eygues et de l’Ouvèze comme à Mirabel et Vinsobres) ainsi que celles les plus élevées en altitude (comme à La Roche). Ces pertes vont surtout concerner la production d’olive de conserve qui ne dépassera probablement pas les 3% du tonnage global récolté en zone AOC contre les 25% que l’on pouvait encore légitimement espérer jusqu’à la semaine dernière. Sans compter les olives dont la qualité ne permettra pas de produire de l’huile AOC de Nyons et que l’on vendra 40 francs moins cher du litre. » Interrogé sur l’impacte du sinistre sur le revenu des producteurs Christian Teulade estime que « si la production reste quasiment identique en terme de tonnage elle se traduira nécessairement pour l’exploitant agricole par une perte de l’ordre de 10% de ses revenus, c’est à dire le plus souvent par la disparition de toute marge bénéficiaire de l’exploitation. »
A la D.D.A. de Valence au service des calamités agricoles, Mme Vernet se disait prête à entamer la procédure de déclaration de « Calamités agricoles » pour les olives du Nyonsais – Baronnies.
Alain Bosmans