(article du Dauphiné Libéré
du 4 avril 1999)
C’est à Beauvoisin, au dessus du Buis, que la
chanteuse répète en compagnie de ses « Troubadours
»
Rattraper par une notoriété qui ne l’a jamais vraiment quitté, l’interprète de « Voyage, Voyage », entouré de musiciens « Troubadours », travaille au cœur des Baronnies bucoliques à un nouveau répertoire. Tout en cultivant son jardin…
Le groupe va-t-il réellement s’appeler ainsi : « DESIRELESS et les vrais méchants ours »… ? Faisant référence en forme de clin d’œil malicieux à la prononciation anglo-saxonne de « Troubadours » : True Bad Ours ! ? Désireless sourit… De toute évidence, elle aime bien ce jeu de mot cosmopolite… Mais cela n’a, à vrai dire, pas grande importance et c’est avec insouciance et quelque désinvolture que la chanteuse aborde ces questions d’ordre promotionnel.
Ce qui l’importe c’est que le groupe existe, qu’il fait du bon travail et que ceux qui le composent ont plaisir à être ensemble. « Créer des choses sympas, les jouer parce qu’on aime ça, c’est tout ce que nous cherchons ». Désireless, n’a plus le look d’enfer de sa chevelure punk des années quatre vingt. La tête tout enturbannée, de lourdes lunettes de myope sur le nez, Claudie Fritsch s’exprime avec la simplicité qui semble décidément le trait marquant de celle qui fut une star et reste avant tout une artiste. « Quand nous serons prêts, il est sûr que nous aurons envie de jouer en public. Je ne cache pas que j'aimerai bien que cela débouche sur un album, une tournée et pourquoi pas, il ne me déplairai pas de renouer avec le succès… évidemment… Mais ce ne sera plus jamais à n’importe quel prix. Ce que je cherche surtout à faire, c’est de la bonne musique. Pour le plaisir ! Avec des vrais méchants ours… ! »
A Beauvoisin, au-dessus de Buis les Baronnies, dans la vaste demeure où elle a trouvé refuge depuis déjà quatre ans, les répétitions vont bon train. Plusieurs fois par mois depuis le début de l’année, Eric Hervé et Michel Gentis font le déplacement, l’un de Toulouse et l’autre de Menglon dans le Diois, afin de mettre au point un répertoire de chansons aux multiples facettes. Eric Hervé est contrebassiste de jazz, compositeur, mais aussi soliste dans un orchestre de chambre de Bordeaux. Michel Gentis, est musicien professionnel, compositeur, interprète, venant du « Folk », il a hérité de nombreuses influences musicales très variées. Ce guitariste (qui a 12 cordes à son arc lorsqu’il accompagne Désireless) aura, entre autre, participé à l’introduction du « Picking » en France. Tous deux font partie du « Trio Michel Gentis » dont le troisième homme (le percusionniste Shyamal Maïtra également membre du fameux groupe « Gong ») pourrait bien rejoindre bientôt les « Vrais Méchant Ours » de Beauvoisin.
Cibèle Dilhac quant à elle, qui assure le chant en 2 ème voix, n’a pas loin à venir pour les répétitions : Cette jeune normande est venue s’installer récemment dans une maison juste au-dessus, sur les hauteurs des Baronnies, en face du Ventoux. Tous quatre forment désormais un groupe soudé, homogène, qui compose, arrange, répète déjà une douzaine de chansons. Un répertoire plein de reprises bien sûr, mais aussi de nouvelles compositions originales, dont l’interprétation témoigne d’une recherche acoustique profondément nouvelle, servie par l’admirable timbre de voix de celle qui reste une grande artiste de la chanson française contemporaine.
On aura d’ailleurs put en avoir un aperçu, lors du passage de la chanteuse dans le 12/13 de FR3 Rhône-Alpes mercredi dernier quand elle interpréta, accompagné de Michel Gentil, une de ses toutes nouvelles chansons « Un brin de paille ». C’est que depuis quelques temps en effet, Désireless, a multiplié les apparitions publiques sur les médias télévisuelles. Que ce soit sur France 2 à l’occasion du réveillon de la Saint Sylvestre avec Michel Drucker, sur M6 dans l’émission « Plus vite que la musique » en février, sur FR3 régional à plusieurs reprises récemment ou encore dans un étonnant spot publicitaire pour un véhicule bien connu sur toutes les chaînes.
Claudie est-elle impatiente ou anxieuse de renouer avec l’immense notoriété qu’elle a connue hier et qui lui aura fait vendre voilà 13 ans plus de 2 millions de disques… ? « Non ! Ni l’un ni l’autre. Le succès de « Voyage, Voyage » m’est arrivé dessus sans que je le cherche vraiment. Je ne suis pas une carriériste… Si j’ai quitté la région parisienne pour venir vivre dans la Drôme Provençale, c’est que j’aime avant tout cultiver mon jardin ! Il est plein d'amis, d'enfants et de musique ! »
Juste ! On y rencontre même de vrais méchants ours… !
Alain BOSMANS