Les Chevaliers de l'Oliviers: Défense et illustration d'un patrimoine
 
(Article du dauphiné Libéré du 9 août 1999)
 
  
 
 
 
A l’occasion de la fête votive du Buis, la puissante Confrérie des Chevaliers de l’Olivier a tenu ce dimanche son 119ème chapitre. Le moment de rappeler que cette association est depuis 35 ans au cœur de la stratégie de reconquête du marché de l’olive par les producteurs des Baronnies.

        Ils ont été intronisés hier matin, dimanche 8 août, sous les frondaisons des arbres centenaires du jardin de l’Hôtel de Ville du Buis : L’éclectisme de leurs origines est à l’image de cette confrérie dont le recrutement par cooptation se veut le plus large possible : Dominique Chauvelier, coureur à pied de haut niveau (médaillé de bronze au championnat d’Europe de Marathon, plusieurs fois champion de France), parrainé par le maire de la localité, Jean Pierre Buix ; Antoine Dumas, directeur de l’Agence du Crédit Agricole à Buis les Baronnies, parrainé par le député Michel Grégoire ; Pierre Degoul, oléiculteur au quartier de la Safrette à Buis les Baronnies, parrainé par Georges Bec ; Françoise Chastel, « moulinière » à Buis les Baronnies, parrainée par Georges Faravel ; Raymond Chomel, médecin à Buis les Baronnies, parrainé par Raymond Argenson et (pas peu fier de cet honneur) l’auteur de ces lignes, Alain Bosmans, correspondant de presse pour le « Dauphiné Libéré », parrainé par Francis Jacquet, vice-président de la Confrérie.

        Six chevaliers de plus dans une confrérie qui en compte déjà plus de douze cents et qui fut fondée à Nyons en 1964 par le Général de Vernejoul. C’est ce dernier en effet qui, parallèlement à une brillante carrière militaire, devait consacrer une partie de son existence à la cause oléicole dans les Baronnies en ayant l’idée de regrouper au sein d’une confrérie tous ceux qui étaient en mesure d’en promouvoir l’image. A la tête de la confrérie avec le titre de « Grand Maître », se sont par la suite succédés, M. Duchet, Jean Mée et plus proche de nous, Freddy Tondeur qui pendant 11 ans fut le « Bâtisseur » que l’on connaît. Ce dernier ayant pris sa retraite à l’occasion des dernières Olivades de Nyons, le nouveau Grand Maître est désormais Jean Laget, un autre admirateur de l’arbre aux rameaux d’argent et grand amoureux de sa bonne ville de Nyons où il exerça 25 ans durant les fonctions d’enseignants et où il fonda en 1983 la Société d’Etudes Nyonsaises.

        La Confrérie des Chevaliers de l’Olivier a pour objectif d’assurer la promotion de l’olivier des Baronnies partout où cela est possible. En France sans doute (la Confrérie est régulièrement présente aux salons ou manifestations oléicoles à Paris ou Lyon) mais également à l’étranger (un chapitre s’est déjà tenu à Mechernich, ville allemande jumelée à Nyons). Dans la région la confrérie organise ou participe à l’organisation des quatre manifestations oléicoles annuelles du terroir : « L’Alicoque » se déroule à Nyons le 1er week-end de février. La fête permet de célébrer la fin de la récolte des olives et la venue de l’huile nouvelle par un ensemble de rituels et de festivités qui, en 15 ans, en ont fait une véritable institution nyonsaise. « Les Olivades » se déroule depuis 35 ans à Nyons le week-end qui précède celui du 14 juillet. Cette fête donne lieu chaque année à la tenue d’un chapitre de la confrérie et à l’intronisation de nouveaux chevaliers. « La Saint Laurent » est la fête votive du Buis qui, aux environs du 10 août de chaque année, permet de tenir un chapitre de la confrérie dans cette localité située au cœur de la zone de production de « Tanche ». Enfin « L’Olive Primeure » offre l’occasion de célébrer le début de la récolte et les premières olives à la Roche sur le Buis, le premier week-end de décembre.

        L’ensemble de ces actions et manifestations est organisé en liaison étroite avec toutes les autres institutions régionales de la filière oléicole, tant il est vrai que ce sont les mêmes personnalités qui sont à la fois à la tête de ces organismes et dans la confrérie. Parmi ces acteurs qui participent à la défense de l’Olivier dans les Baronnies (et parmi lesquels on retrouve nombre de « Chevaliers »), il convient de citer : « le syndicat de la Tanche » qui regroupe les producteurs des 57 communes du sud de la Drôme et du Nord Vaucluse pouvant bénéficier de l’Appellation d’Origine Contrôlé (la première obtenue en France pour ce type de produit). « L’institut du Monde de l’Olivier », basé à Nyons depuis 2 ans, il a pour vocation de coordonner les différentes actions de la filière oléicole dans les domaines scientifiques, administratifs, documentaires et de communication. « La Fédération des Villes Oléicoles », dont le siége est à Nyons et dont le président est Michel Faure, maire et conseiller général. En peu de temps, elle aura permis de mettre en place un réseau de communication et d’actions communes entre les différentes villes françaises oléicoles. « La route de l’Olivier » est le circuit touristique qui propose dans les Baronnies la visite de sites paysagers oléicoles, de moulins et autres sites de commercialisation des produits issus de l’olivier. « Le musée de l’Olivier de Nyons », créé en 1984 à Nyons, il assure la sauvegarde de nombre d’objets d’un patrimoine historique lié à la culture de l’olive. Sans oublier la « Coopérative de Nyons » qui absorbe prés de 50% de la production en A.O.C. et le C.F.P.P.A. (Centre de Formation Professionnel pour la Production Agricole) de Nyons dont les directeurs respectifs, Christian Teulade et Jean Pierre Jourdan sont des spécialistes renommés en matière d’oléiculture.

        Et c’est bien sûr la conjugaison de toutes ces volontés, de toutes ces compétences qui a fait le succès de la filière oléicole depuis 35 ans dans les Baronnies. A partir du gel de 1956, les producteurs de la région se sont mobilisés, battus avec intelligence et pugnacité pour faire reconnaître la spécificité de leurs olives et de leur huile. Aujourd’hui ils en récoltent les fruits.
Depuis 5 ans on assiste à un nouvel essor de la production d’olives. Ainsi 40 hectares se sont ajoutés au verger existant et 25 hectares de vieux vergers ont été réhabilités. Quelques 5 à 6 millions ont été investis par la filière qui a concentré ses efforts dans l’amélioration de la qualité : 4 moulins ont investi dans du matériel d’extraction et de nouvelles techniques de production. Les conservateurs ont quant à eux investi dans des systèmes de calibrage plus performant et du matériel de stockage. Ces efforts sont récompensés par une hausse de la demande d’Olives et d’huile d’Olive des Baronnies dont les prix se maintiennent à un niveau satisfaisant. Une nouvelle clientèle s’intéresse à ces produits, grâce à l’A.O.C. qui apporte au consommateur une sécurité sur la qualité de la production.

        Au cœur de cette démarche, de cette stratégie, la Confrérie de l’Olivier a joué un rôle décisif. Constamment, méthodiquement, elle aura bétonné le terrain, servant toujours d’accompagnateur, parfois d’initiateur, souvent de catalyseur aux efforts des producteurs.

        Un bien bel exemple que d’autres filières pourraient sans doute méditer ! On ne peut s’empêcher de penser à l’abricot ou au tilleul qui se vendent, ici même, sur le même terroir, si mal aujourd’hui…

        Alain BOSMANS