Pour son premier festival « Parfum de Jazz », Buis accueille depuis mercredi des musiciens qui animent chaque jour marchés et terrasses de café avant les trois concerts de cette fin de semaine.Ils sont déjà parmi nous et n’ont pas tardé à le faire savoir en se produisant mercredi à l’heure du marché dans les rues et à la terrasse des cafés, improvisant des « bœufs » endiablés pour la plus grande joie des passants en villégiature. Nous les avons rencontrés. Ces musiciens au parfum…
Alain Brunet : Originaire de Saint Sorlin en Valloire dans le nord de la Drôme, c’est un des jazzmen français les plus originaux, au parcours le plus atypique. Nommé directeur de l’ADDIM à Valence après y avoir été étudiant à l’école normale d’instituteurs et au terme d’un cursus universitaire en musicologie à la Sorbonne, il crée en 1975 le département de jazz du conservatoire de Romans ainsi que le grand orchestre de jazz de la Drôme qu’il dirigera jusqu’en 1984 avec pour pianiste un certain Michel Petruciani. Tour à tour collaborateur de Jack Lang (qui en fera son chef de cabinet de 91 à 93), de Jean Marie Cavada et d’Eve Ruggiéri, il se passionne à partir de 1990 pour la musique des chansons françaises contemporaines à laquelle il consacre deux disques, l’un sur la musique de Gainsbourg et l’autre sur celle de Trenet, Piaf et Brel qu’il enregistre à Los angeles. Parallèlement Alain Brunet se lance depuis 1996 dans l’approfondissement de son instrument et devient l’élève permanent de Guy Touveron (l’un des plus grands trompettistes classiques de ce temps) au conservatoire de Paris. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à participer aux festivals de jazz les prestigieux de la planète (récemment à la Réunion, au Zimbabwe, en Italie, Toronto, Montreux, Nice, La Nouvelle Orléans, Montréal et Manille en juin). Persuadé que « Le jazz c’est la rencontre avec d’autres musiques », il travaille avec des jazzmen d’horizon les plus divers, notamment Prince Lawsha et le fantastique percussionniste Kenneth Nash avec lequel il vient d’enregistrer deux disques à San Francisco. Récemment la recherche de nouveaux sons et de nouvelles formules musicales le conduisent à travailler avec des musiciens polynésiens jouant sur des « Didjeridoos », (instruments des aborigènes australiens) en concert avec le CERET dans les Pyrénées orientales.
Jean Jacques Taïb : Pied noir natif d’Alger, également ancien élève de l’école normale d’instituteurs de Valence, c’est l’ami de toujours d’Alain Brunet dont il avoue qu’il fut son grand initiateur au jazz. Devenu professeur d’Histoire-Géographie à Orléans (il sera à l’origine du festival de jazz de cette ville), Jean Jacques Taïb a consacré une bonne partie de son existence à cette musique dont il est (à la clarinette et au saxo) l’un des interprètes les plus subtils de l’hexagone. Lui non plus ne compte plus ses participations aux festivals de jazz du monde entier, ni ses rencontres avec les plus grands jazzmen notamment américains. Depuis 3 ans, Il travaille surtout avec un jeune trompettiste américain, Ronald Baker avec lequel il a déjà enregistré 3 disques. Se produisant régulièrement en concert avec un quintet, (notamment ensemble avec Alain Brunet), il s’exprime surtout pour le moment dans un style Hard-Bop qui prend sa source dans l’esthétisme du jazz des années 60-70.
Mahnu Roche : Ancien batteur de Michel Petruciani, ce qui suffit à le présenter, Mahnu Roche est probablement l’un des tous premiers percussionnistes du jazz français contemporain. En compagnie d’Alain Brunet et Jean Jacques Taïb dont il est également un inséparable copain, il aura participer cet été à une succession de six concerts dont un hommage à Petruciani voilà moins d’un mois au Perthus avant de se retrouver en cette fin de semaine au Buis pour ce premier « Parfum de Jazz ». Ensemble les trois musiciens rêvent actuellement d’un vaste projet commun pour cette fin de siécle. Il s’agit de réunir autour d’eux un quintet de jazz et un orchestre de musique de chambre qui rendrait hommage à Charles Trenet, Miles Davis et Charly Parker. Le passage vers le 21ème siécle serait alors célébré par un concert auquel, à cet amalgame de musique de jazz et d’instruments à cordes classiques, il serait ajouté des instruments virtuels conçus par ordinateur avec l’ensemble de recherche instrumental de Romans dirigé par Alexandre Siranossian.
« le jazz est un langage universel, une musique planétaire, qui efface les frontières » aime à répéter Jean Jacques Taïb. Nos trois compères le prouvent sans difficultés en accueillant à Buis pour cette fin de semaine un « Big Band » danois : le « JOMFRU FANNY Big Band » qui se produira vendredi soir dans les jardins de l’Hôtel de Ville avec Alain Brunet et Jean Jacques Taïb en solo, puis à nouveau le lendemain samedi 21 août pour un grand concert gratuit sous les platanes de la place des Quinconces qui réunira tous les musiciens de jazz présents à ces premiers «Parfums de Jazz » de Buis les Baronnies.