(article du Dauphiné Libéré du 5 février 1999)
Broyée pour lui faire rendre son huile ou
négociée au marché pour être servies à
table, l'olive de "Tanche"est une des meilleures du monde
Caractérisée par une forte proportion d’huile par rapport aux conserves, la récolte des olives de la zone A.O.C. du Nyonsais et des Baronnies se révèle cette année exceptionnellement bonne en terme de tonnage : La meilleure depuis le gel de 1985.
Recouvrant 95 pour cent des vergers à olives du Nyonsais et des Baronnies, définie par des critères agricoles précis et rigoureux, sur une zone géographique bien délimitée qui s’étend sur environ 1100 hectares et 61 communes, produite par quelques 200 000 arbres, la « tanche » est le nom de l’olive qui mérite depuis 1994 l’Appellation d’Origine Contrôlée (A.O.C.).Une appellation que la « tanche des Baronnies » fut la première à obtenir et qui fait que ce fruit et l’huile qu’on en tire, sont parmi les plus recherchés au monde. Commencée depuis le 20 novembre, la récolte se termine ces jours-ci avec les fêtes de l’Alicoque à Nyons ce week-end et c’est en se frottant les mains que la profession en fait cette année le bilan.
Jean Pierre Jourdan, directeur du Centre de Formation Professionnelle pour la Promotion Agricole (CFPPA) le confirme sans ambages : « Nous n’avons jamais eu autant d'huile soumis à l’agrément et c'est la meilleure récolte que nous ayons eue dans la région depuis le gel catastrophique de 1985. Les chiffres disponibles sont provisoires mais permettent de se faire une idée de l'importance de la récolte totale des olives appartenant à la zone A.O.C. : de l’ordre de1400 tonnes d’olives à écraser pour la production d’huile et quelques 300 tonnes d’olives de table ». Au total donc le volume de production est très abondant, même si du coté des producteurs on regrette que, du fait du coup de froid de la mi-novembre, la proportion d’olives de table par rapport aux olives à écraser soit plus faible que prévue (les premières se négociant deux fois plus chères que les secondes). Jean Pierre Jourdan souligne par ailleurs l’excellente qualité des olives dont l’huile produite enregistre un taux d’acidité particulièrement faible. Ce qui devrait faire rentrer l’essentiel de l’huile extraite à froid cette année dans la qualité « Vierge Extra ». Il note également un meilleur équilibre entre les deux bassins de production, Nyons et Buis, qui auront obtenu cette année des résultats proportionnellement comparables. Il semble d’ailleurs que du fait de nouveaux rythmes de taille adoptés désormais généralement par les producteurs dans la région, les récoltes des années à venir devraient subir moins de fluctuation et devenir plus régulières.
Pour ce qui est des prix, on a enregistré une légère baisse de celui de l’olive de conserve qui s’est négociée tout l’hiver sur les marchés de Buis, de Mirabel ou de Vaison autour de 23 francs. L’olive à huile quant à elle a vu son prix se maintenir avec une grande stabilité. En ce qui concerne le rendement de cette dernière on a noté, sans savoir vraiment pourquoi, que malgré un été assez chaud et sec, il a été plutôt bon cette année, donnant un tonnage d’huile par rapport à celui des olives à écraser particulièrement élevé.
Ainsi à la coopérative de Nyons, les 505 tonnes d’olives qui ont été écrasées (un chiffre qu’il faut comparer aux 317 tonnes de l’année dernière) ont donné quelques 115 tonnes d’huile soit 125 000 litres d’une huile dont on ne dira jamais assez à quel point elle est bonne pour la santé. Le tonnage d’olives de conserve enregistré à la coopérative du Nyonsais confirme la baisse relative de cette production cette année par rapport à l’année dernière : 101 tonnes seulement contre 186 l’an passé.
Les meules de pierres des 9 mouliniers de la zone (1) ont donc désormais cessé de tourner et resteront inertes pendant les 9 mois et demie à venir. Mais tandis que les dernières gouttes de la potion magique finissent de s’égoutter du dernier scourtin, c’est à Nyons, ce samedi et ce dimanche que se retrouveront tous les acteurs de cette abondante récolte de « Tanche ». Avec vous, avec moi, dans l’abondance des réjouissances.
Alain BOSMANS
(1) A Nyons les olives sont moulues à la coopérative du Nyonsais, au moulin Autran-Dozol et au moulin Ramade. A Buis les Baronnies au moulin Beaume, au moulin Chastel et au moulin Bernard, à Mirabel aux Baronnies au moulin Bayle et au moulin Farnoux. A Mollans sur Ouvèze au moulin Chauvet. La plupart sont ouverts à la visite le Week-end.