Le gel aura bien sinistré lourdement la production d’olives de table dans toutes les Baronnies. La production d’huile sera par contre (et par conséquent) beaucoup plus importante avec une qualité qui ne devrait pas en être affectée.Il fait encore tout à fait nuit à 7 heures du matin mercredi 8 décembre sur le parking de la place du 19 mars recouvert de givre, lorsqu’arrivent devant le cinéma du Buis les premières camionnettes chargées de cageots d’olives. C’est le premier marché aux olives de la localité pour la récolte de l’année. Une récolte qui s’annonçait magnifique. Voilà encore trois semaines on entendait parler de « récolte du siècle » ! Et bien ce ne sera pas le cas. Le gelées inhabituelles du 21 novembre auront considérablement changé la donne et la vingtaine de producteurs qui sont venus apporter leur marchandise ce matin vont en avoir l’amère confirmation.
L’employé municipal Raymond Jourdan est pourtant là, comme d’habitude, fidèle au poste avec sa bascule, il pèse les différents lots remettant les certificats de poids aux différents producteurs. Jusqu’à 08h30 c’est 1450 kilos qui seront pesés, ce qui est beaucoup pour un premier marché au Buis où, du fait de l’altitude des vergers, la récolte est habituellement plus tardive que dans le Nyonsais. Mais ici, comme la-bas, conséquence du gel, la cueillette ne peut plus attendre une maturation qui ne viendra plus. Alors depuis 15 jours, partout dans les Baronnies, on récolte l’olive à grande échelle.
Ce matin, les olives destinées à la table et à la conserve sont apportées au marché pour être négociées. Les négociants sont là en effet mais avec de bien petites camionnettes, ce qui n’est pas bon signe. Pierre Mourier des établissements « Produits du Nyonsais » et Claude Ricard d’Eygaliers confirment en effet rapidement la pauvre qualité de la marchandise qui leur est proposée. Calepin dans une main et opinel dans l’autre, les olives sont soigneusement examinées, soupesées, entaillées. Et le verdict tombe : Pierre Mourier n’achètera rien du tout et repartira avec son camion vide et Claude Ricard négociera quelques lots pour un total de moins de 200 kilos destinés essentiellement à faire des olives piquées. Tous les deux confirment que c’est la même situation qu’ils ont rencontrés la veille au marché de Vaison et samedi dernier à Mirabel (où seulement 300 kilos avaient été apportés).
Jean Pierre Jourdan, directeur du CFPPA de Nyons et spécialiste l’oléiculture confirme que la production d’olive de conserve sera cette année dérisoire dans la zone d’appellation contrôlée. Il laisse néanmoins entendre qu’il est possible qu’on assiste à un nouveau départ en maturation sur certains arbres très chargés avec une nouvelle récolte à la fin décembre ou le début janvier.
La production d’huile quant à elle sera bien sûr beaucoup plus importante que prévue puisque toutes les olives qui ne pourront servir à la conserve seront utilisées à faire de l’huile. Et du coté des moulins, les nouvelles sont plutôt bonnes. A la Coopérative de Nyons où les quantités apportées chaque jour sont considérables (de l’ordre de 30 tonnes/jour), on incline à penser que les conséquences du gel sur la qualité de l’huile seront moins catastrophiques que ce que l’on avait craint au début. Francis Jacquet, maître moulinier à Mollans confirme même l’excellente qualité de l’huile actuellement produite.
Et pour s’en assurer chacun pourra venir déguster l’huile nouvelle et savourer les olives piquées de l’année à l’occasion du « Ban de l’Olive » qui se tiendra ce dimanche 12 décembre à La Roche sur le Buis à partir de 11 heures. La Confrérie des Chevaliers de l’Olivier y tiendra son 120ème chapitre et une restauration à base de soupe d’Epeautre, cochonnaille et vin chaud sera proposée sous chapiteau…
Alain Bosmans