Des "Monstres" sur la digue des Princes de Monaco

(Article du Dauphiné Libéré du 19 janvier 1999)
 

    
Arrivant par "La Promenades des Princes de Monaco", les bolides du rallye ont recouru à un parc d'assistance sur "l'allée des platanes"

 

Pour la première fois hier, la capitale des Baronnies accueillait le rallye le Monte-Carlo : Chronique d’une rencontre attendue.

        C’est un curieux télescopage historique que l’actualité sportive a ménagé aux centaines de spectateurs qui s’étaient déplacés hier lundi en fin de matinée pour assister à Buis les Baronnies au passage du plus prestigieux des rallyes : Le Monte-Carlo. Un parc d’assistance de 20 minutes était prévu entre 12 et 14 heures sur le parking de « l’allée des platanes » et les concurrents, les fameux « Monstres » du Monte-Carlo, venant de Sainte Jalle en parcours de liaison, devaient arriver en empruntant « la promenade des Princes de Monaco » où ils stationnaient plusieurs minutes avant d’entrer dans le parc proprement dit en contrebas.
Des liens historiques fort anciens existent en effet entre la principauté de Monaco et la cité de Buis les Baronnies. Ici on se souvient que c’est en 1643 que la localité fut donnée par Louis XIII, roi de France au Prince de Monaco, Honoré de Grimaldi. Longtemps les armoiries de la principauté furent visibles au-dessus de ses portes et c’est sans doute pour ne pas oublier ce voisinage historique que la digue le long de l’Ouvèze en surplomb de « l’allée des platanes » (où se tenait le parc d’assistance du rallye) fut nommée : « La promenade des Princes de Monaco ».

        Or si « le Monte-Carl » est un habitué de la région pour l’avoir bien souvent traversée (en particulier avec la « Spéciale » de laborel, des cols du Perty et de St Jean entre Ruissas et Eygalayes), c’était bien la première fois que le Rallye faisait escale dans ce chef lieu de canton du pays de Buis les Baronnies. Un honneur, une chance, un privilège, un « formidable coup de projecteur sur notre bourgade et son environnement » répétait ravi le maire Jean Pierre Buis, à qui voulait l’entendre. Pourtant la matinée s’annonçait des plus maussades. L’Ouvèze, grosse, courrait vivement entre les ponts, charriant des eaux boueuses sous un ciel sinistrement gris d’où suintait une pluie fine et glaciale. Au loin on pouvait apercevoir dans la grisaille les contreforts Alpins des Baronnies recouverts de neige.

        - 09h30 : Georges Mouchot, le patron du syndicat d’initiative, met le nez dehors pour se concerter dubitatif avec Gérard Jean, l’omniprésent adjoint au Maire. Les parkings prévus des deux cotés de la rivière sont encore vides. Les camions d’assistance des différentes marques se mettent en place sur le parc tandis qu’une quinzaine de commissaires de la Ligue Languedoc-Roussillon de la Fédération Française de Sport Automobile prennent position Place des Quinconces. Tous bénévoles, passionnés de rallye, venant parfois de fort loin (Perpignan, Béziers, Montpellier), ils sont chargés de la gestion du parc, de sa sécurité et du contrôle des concurrents (pointages, marquage des pneus, contrôle de carburants, etc…). On apprend ainsi que l’organisation d’un rallye de cette importance repose beaucoup sur la participation bénévole d’un réseau d’environ 400 volontaires enthousiastes et passionnés.

        - 10h30 : Les pompiers se mettent en place à l’extrémité du parc. Ce sont ceux de St Paul Trois Chateaux munis d’un véhicule FTEX spécialisé dans la production de mousse pour l’extinction des incendies de carburants. La totalité des pompiers de la région est d’ailleurs mobilisée sous l’autorité du capitaine Gallichet du groupement de Nyons pour la sécurité de l’Epreuve Spéciale entre Ruissas et Eygalayes.

        - 11 heures, pour saluer l’arrivée des deux voitures d’ouverture (des Renault numérotés 0 et 00) le soleil pointe judicieusement son nez juste au-dessus du Saint Julien. La pluie renonce, les parapluies se referment, les parkings se remplissent, les passants affluent, les badauds flânent entre les camions bariolés des grosses écuries : Subaru World Rally Team, Fiat Scicento Sporting, Seat Dekonal, Mitubishi Motor Rally, on parlent toutes les langues d’Europe entre les platanes…

        - 11h30 : Les premiers « Monstres » arrivent sur la digue des « Princes de Monaco ». On se presse pour les voir, ces étonnantes machines pétaradantes, rutilantes de couleurs vives, intégralement recouvertes d’inscriptions publicitaires, complètement crottées et maculées de boue. Photos, caméras, flash, autographes, on se bouscule autour des pilotes, ces « Dieux » du volants, véritables stars que sont devenus les Makinen, Sainz, Kankunnen, Delecour, et surtout Auriol avec son équipier Denis Giraudet qui possède une maison à Vercoiran et à qui l’on doit (dit-on) cette escale du rallye à Buis ou encore l’équipage Pellerey-Boyer si populaire à Vaison, la cité voisine du Vaucluse.

        - 12h20 : Une à une, les voitures entrent dans le parc, rejoignent leur stand où les attend une équipe de mécano qui s’affaire pendant 20 minutes exactement à de multiples contrôles. Le changement de pneumatiques est, semble-t-il, essentiel : Subaru mettra des pneus cloutés, tandis que Machinen non… Chacun donne son avis et devient un expert. Puis les véhicules se succèdent au ravitaillement de carburants et repartent toutes les deux minutes pour remonter la vallée de la haute Ouvèze.

        - 12h40 : Les 70 enfants de l’école de Buis déboulent de la cantine accompagnés de leurs surveillants. Ils partent à la chasse aux autographes, entourant pour le fêter affectueusement le maire Jean Pierre Buix (qui est également l’un de leurs instituteurs). L’allée des platanes est maintenant noire de monde. Tant qu’il est impossible de s’approcher des toutes nouvelles Ford Foccus dont c’est la première sortie en Rallye…

        Il est maintenant 14h 40, le dernier concurrent quitte Buis dans un dernier rugissement, les derniers camions plient bagages et la bourgade retrouve progressivement le calme et la tranquillité des bords paisibles de l’Ouvèze. Reste pour tous ceux qui y auront assisté, le plaisir, la joie et la fierté d’avoir pour la première fois à Buis, accueilli avec succès ces nouveaux « Princes » de Monaco…

         Alain BOSMANS
 

Le Monte-Carl' à Buis :

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(article du Dauphiné Libéré du 20 janvier 1999)

    
Arrivant par "La Promenades des Princes de Monaco", les bolides du rallye ont recouru à un parc d'assistance sur "l'allée des platanes"
 

Organisation rigoureuse, satisfaction partagée des organisateurs et du public, l’accueil lundi à Buis du premier « parc d'assistance » d’un rallye de Monte-Carlo fut un indiscutable succès.

        Pour une belle journée, ce fut une belle journée que ce lundi à Buis ! Pour la première fois la capitale du tilleul accueillait le rallye automobile le plus prestigieux du monde : Le Monte-Carlo ! Une initiative que l’on doit, on le sait, à Denis Giraudet, le copilote de Didier Auriol, qui possède quelques attaches dans la région et qui soutint la candidature de Buis auprès des organisateurs monégasques. Mais il ne suffit pas d’être recommandé, on s’en doute, pour assurer le succès d’un tel événement… ! Encore faut-il répondre présent et agir avec efficacité en termes de préparation et d’organisation. En ce sens on ne peut que féliciter les autorités communales qui ont permit que l’événement se déroule le mieux du monde. De l’avis général et unanime, Buis donnait ce lundi matin l’impression d’une organisation parfaitement rodée et nombreux furent les visiteurs extérieurs qui pensèrent que la bourgade avait dans le domaine de l’accueil de rallye automobile d’importance internationale une expérience de plusieurs décennies…

        Venant de Sainte Jalle, c’est bien évidemment par « La promenade des Princes de Monaco » que les bolides se présentèrent au parc d’assistance qui se tenait en contrebas sur « l’Allée des platanes » dont les abords avaient été auparavant rigoureusement balisés de rubans multicolores. Dés l’entrée du village un parcours fléché permettait aux véhicules des visiteurs de se rendre aux parkings situés à proximité des deux cotés de l’Ouvèze. Pompiers, gendarmes et personnels communaux, mobilisés en nombre et dés la première heure assurèrent avec efficacité la sécurité et la circulation tant des véhicules que des piétons en liaison avec les organisateurs et commissaires de course.

        Organisation rigoureuse donc, mais également bonne enfant, voire familiale, qui permit par exemple aux enfants de l’école déjeunant à la cantine de venir sous la protection de leurs surveillants faire un tour au « Monte-Carl » entre midi et une heure. Souplesse et gentillesse du service d’ordre qui autorisa tout un chacun de s’approcher des véhicules, des stands d’assistances, des coureurs. Obtenir les autographes des plus prestigieux pilotes du moment, prendre la photo de l’année de la nouvelle Ford Foccus à son stand en plein déshabillage, se retrouver dans l’angle de prise de vue des caméras de l’équipe de télévision d’Euro-Sports, comparer le choix de pneumatiques effectué par les Subarus ou par Mitsubishi… C’est les yeux farcis d’images fortes, la tête pleine de vrombissements et l’esprit comblé de souvenirs inoubliables que les centaines de spectateurs qui eurent la chance d’être à Buis ce lundi quittèrent les bords de l’Ouvèze en début d’après midi. Superbe spectacle, magie du rallye, excitation de la course… Oui décidément, ce fut un beau cadeau offert gratuitement aux Buxois…

        Le maire, Jean Pierre Buix, en connaisseur des manifestations sportives de haut niveau et en amoureux de la région ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Ravi de ce premier essai, il devait nous confirmer que tout sera fait pour que le Monte-Carl prennent à l’avenir ses aises et ses habitudes à Buis et dans les Baronnies.

         Alain BOSMANS