MOLLANS terre d'asile ou "La chronique d'une femme rebelle"
(articles du Dauphiné Libéré des 12 et 16 septembre 1998)
 
 
Dolores Boissinot-Torres à la bibliothèque de la Chapelle des Pénitents
 
C’est à l'invitation de l'association des « Amis de Mollans » que Dolores Boissinot-Torres signera cette après midi à partir de 17 heures son livre « Chronique d'une femme rebelle » à la bibliothèque de la Chapelle des Pénitents de Mollans.

        L’ouvrage est constitué (écrit à la première et troisième personne sous forme de dialogues alternés) de souvenirs et récits de la grand-mère de l'auteur, Dolores Vilalta que nombre de Mollanais ont bien connu. Pendant de longues heures, sa petite fille alors qu’elle était fillette à Mollans, aura écouté l’histoire de cette paysanne née au début du siècle dans une Espagne immobile et opprimée. L’histoire de cette femme « rebelle et engagée » qui à 16 ans dans son village de Catalogne décide de quitter ses parents paysans et de se placer comme bonne pour manger tout simplement et puis plus tard pour pouvoir enfin s’acheter des bas neufs et aller au bal. L’histoire de cette femme courageuse et libre qui s’affichera toujours rouge, « d'esquerre », de gauche et qui apprendra à lire au cours du soir tout en élevant ses trois enfants durant les années de plomb d’une Espagne qui aspire à soulever le joug de siècles d’archaïsmes politiques et religieux. L’histoire enfin d’une femme qui sera condamnée à fuir la dictature Franquiste et à se réfugier en France avec ses enfants tandis que son mari est interné dans l’un de ces fameux « camps ». Et c’est à Mollans précisément que la famille Vilalta trouvera l’asile que nombre de villages du sud de la France offrirent alors à ces milliers de réfugiés Républicains Espagnols, ces rouges venus du sud, ces « immigrés » d’un autre temps.

        « Je n'imaginais pas que j'adopterais pour toujours le 3 février 1939 ce village : Mollans, terre d'asile… Je l'ai tout de suite aimé ce village accueillant, avec le sourire de ces personnes inconnues qui nous ont prit par la main en nous aidant à descendre du car. » c’est en ces termes que Dolores Vilata raconte par la plume de sa petite fille son arrivée dans le village où elle finira ses jours, décédée trop tôt à la mort de Franco, loin de sa Catalogne natale...

        Un demi-siècle plus tard sa petite fille Dolores Boissinot-Torres rend un émouvant hommage à cette magnifique grand-mère ainsi qu’au village d’accueil devenu «Terre d'asile...» Elle aussi comme sa grand-mère, militante de la liberté et de la tolérance, aura réalisé un remarquable travail de mémoire auquel aucun Mollanais de devrait rester insensible. Il permet ainsi de se souvenir comment nombre d’entre eux (la famille Raymond en particulier) ont sut être généreux, offrant tour à tour à ceux qui avaient tout perdu l’hébergement (à l’école tout d’abord puis rapidement à la Bourgade) le réconfort et le travail (à fabriquer du savon au début puis au café Bernard et enfin comme travailleurs agricoles lorsque son mari Antonio reviendra). Il permet de se souvenir de ces années d’occupation et du rôle que jouèrent ces enfants d’immigrés qui très tôt rejoignirent les maquis et servirent la résistance. Il raconte le Mollans de l’aprés guerre à travers le regard de ceux qui, venus « d'ailleurs », progressivement s’intègrent, font souche, deviennent Français, « de Mollans, l’ultime demeure, le lieu où l’on revient toujours… »

        Oui, c’est un récit passionnant que ce livre nous offre, mais aussi une leçon de courage pour ceux qui sont condamnés à l’exil, un témoignage d’ouverture et de fraternité pour ceux qui sont appelé à accueillir. Un rendez-vous à la bibliothèque cet après midi qu’il ne faut pas manquer.

        Alain BOSMANS
 
 

 
Un livre en hommage...
 

         Un nombre inaccoutumé de visiteurs se retrouvait à la bibliothèque de la Chapelle des Pénitents de Mollans samedi dernier en fin d’après midi. Une bonne cinquantaine de personnes avait répondu à l’invitation des « Amis de Mollans » qui organisait une séance de dédicace à l’occasion de la parution du livre que Dolores Boissinot-Torres a consacré à la mémoire de sa grand-mère, Dolores Vilalta sous le titre : « Chronique d’une femme rebelle ». Nombre de Mollanais ont bien connu cette femme « Militante de la liberté et de la tolérance », d’origine paysanne née au début du siècle dans une Espagne immobile et opprimée qui sera condamnée comme tant d’autres à fuir la dictature Franquiste. Et c’est à Mollans précisément, en 1939 avec ses 3 enfants et tandis que son mari Antonio était maintenu en « camps de réfugiés », qu’elle devait trouver refuge et s’intégrer au point d’y élever une famille, d’y faire souche et d’y finir ses jours, loin de sa catalogne natale.

        Un demi-siècle plus tard sa petite fille, devenue chef de service psychiatrique auprès des hôpitaux de Marseille, a souhaité, en écrivant ce livre, rendre un vibrant hommage non seulement à cette magnifique grand-mère mais aussi au village d’accueil devenu pour toute cette famille issue de l’émigration espagnole consécutive à la guerre d’Espagne une «terre d'asile…. ». A l'issue de cette séance (au cours de laquelle les livres mis en vente vinrent à manquer tant le nombre d’acheteurs fut nombreux), l’auteur devait déclarer que « c’est avec infiniment d'émotion que je revois en cette occasion les visages des amis Mollanais de ma grand-mère, me remémorant ainsi les souvenirs d’enfance passée à Mollans auprès de celle à laquelle j’eus si souvent la tentation de m’identifier. »

        De leur coté parmi les Mollanais présents, au nombre desquels on notait la présence d’Yves Roux, maire de Mollans, René Fauchier maire de Pierrelongue ainsi que les descendants de plusieurs réfugiés politiques espagnoles de cette époque, on avait du mal à cacher son émotion à l’évocation des témoignages de courage et de fraternité qui présida un demi-siècle plus tôt à l’accueil et à l’intégration dans la région de ces dizaines de familles migrantes. Un pot de l’amitié Franco-Espagnole devait suivre la séance de dédicace.
 

          Alain BOSMANS

« Chronique d’une femme rebelle » de Dolores Torres, 217 pages, 130F, éditions Wern.