"Je me battrai jusqu'au bout..."
(article du Dauphiné Libéré du 9 juillet 98)
 
 
Jean Pierre Buix, maire de Buis les Baronnies a répondu à nos questions concernant cette guerre du tilleul.

Le Dauphiné Libéré : Que pensez-vous de ce qui s’est passé ce matin sur la digue… ?

Jean Pierre Buix. : Il y a des paroles et des actes. Les agriculteurs ont fait leur métier. Après avoir assuré la récolte, ils sont venus sur le marché. La mairie a fait son travail et a organisé ce marché. Quant aux acheteurs, ils ne sont pas venus, ils n’ont pas acheté. Chacun tirera les conclusions qu’il voudra.
 

D.L. : Lundi, à la foire de Mollans, les négociants vous ont mis en cause. Quel est votre réaction ?

Jean Pierre Buix. : Vous savez, mercredi dernier, on s’est moqué des agriculteurs et surtout, on ne les a pas respectés, ni eux, ni leur travail. J’étais dimanche à Ferrassières, à la fête de la lavande. Il y avait tous les représentants des institutions et du monde agricole, des parlementaires, des représentants de l’état, sous préfecture, etc… La presque totalité des présents s’accordait pour dire que les négociants avaient dépassé les limites autorisées. Les acheteurs sont loin de la belle unanimité qu’ils ont présentée à la foire de Mollans. Il faut savoir qu’avant la foire au tilleul du Buis, la tendance générale était d’acheter à 60/65 francs. Cela était considéré par les acheteurs comme économiquement correct et appliqué d’ailleurs au premier marché de Vaison. L’un d’eux s’y est opposé, ce qui a fait basculer les prix à la baisse et je peux vous dire qu’après coup, certains de ses collègues, en privé, n’avaient pas de mots assez durs à son encontre, et reconnaissaient ne pas avoir été bons dans leur approche du marché, ni sur le fond, ni sur la forme.J’ai eu une réaction dure, à la hauteur de l’événement et j’ai reçu des messages de soutien et de sympathie de toute la Drôme.
 

D.L. : Et maintenant, comment voyez-vous l’avenir ?

Jean Pierre Buix. : Maintenant, il faut agir. Il faut discuter. Il faut que les producteurs se regroupent, qu’on réorganise ce type de marché, qu’on nous explique comment sont fixés les prix. On n’est plus au moyen-âge et il faut vivre avec son temps. Il est normal que toutes les parties prenantes vivent du produit des récoltes, aussi bien les négociants que les producteurs . Mais il ne faut pas que cela se fasse systématiquement au détriment des producteurs, qui ne sont dans ce type de marché que des acteurs passifs. L’agriculture de notre région est en train de crever. Personnellement, je me battrai jusqu’au bout pour l’aider à survivre.

(Propos recueillis par Alain BOSMANS)