Le Dauphiné Libéré : Que pensez-vous de ce qui s’est passé ce matin sur la digue… ?
Jean Pierre Buix. : Il y a des paroles et des actes. Les
agriculteurs ont fait leur métier. Après avoir assuré
la récolte, ils sont venus sur le marché. La mairie a fait
son travail et a organisé ce marché. Quant aux acheteurs,
ils ne sont pas venus, ils n’ont pas acheté. Chacun tirera les conclusions
qu’il voudra.
D.L. : Lundi, à la foire de Mollans, les négociants vous ont mis en cause. Quel est votre réaction ?
Jean Pierre Buix. : Vous savez, mercredi dernier, on s’est
moqué des agriculteurs et surtout, on ne les a pas respectés,
ni eux, ni leur travail. J’étais dimanche à Ferrassières,
à la fête de la lavande. Il y avait tous les représentants
des institutions et du monde agricole, des parlementaires, des représentants
de l’état, sous préfecture, etc… La presque totalité
des présents s’accordait pour dire que les négociants avaient
dépassé les limites autorisées. Les acheteurs sont
loin de la belle unanimité qu’ils ont présentée à
la foire de Mollans. Il faut savoir qu’avant la foire au tilleul du Buis,
la tendance générale était d’acheter à 60/65
francs. Cela était considéré par les acheteurs comme
économiquement correct et appliqué d’ailleurs au premier
marché de Vaison. L’un d’eux s’y est opposé, ce qui a fait
basculer les prix à la baisse et je peux vous dire qu’après
coup, certains de ses collègues, en privé, n’avaient pas
de mots assez durs à son encontre, et reconnaissaient ne pas avoir
été bons dans leur approche du marché, ni sur le fond,
ni sur la forme.J’ai eu une réaction dure, à la hauteur de
l’événement et j’ai reçu des messages de soutien et
de sympathie de toute la Drôme.
D.L. : Et maintenant, comment voyez-vous l’avenir ?
Jean Pierre Buix. : Maintenant, il faut agir. Il faut discuter. Il faut que les producteurs se regroupent, qu’on réorganise ce type de marché, qu’on nous explique comment sont fixés les prix. On n’est plus au moyen-âge et il faut vivre avec son temps. Il est normal que toutes les parties prenantes vivent du produit des récoltes, aussi bien les négociants que les producteurs . Mais il ne faut pas que cela se fasse systématiquement au détriment des producteurs, qui ne sont dans ce type de marché que des acteurs passifs. L’agriculture de notre région est en train de crever. Personnellement, je me battrai jusqu’au bout pour l’aider à survivre.
(Propos recueillis par Alain BOSMANS)