(Article du "Dauphiné Libéré" du
6 mai 1998)
La rivalité entre Sederon, le chef lieu de canton et Montbrun les Bains, « capitale économique » du Sederonnais ne date pas d’hier. La mise en place envisagée d’un plan de redéploiement de la gendarmerie dans le canton ne risque pas d’arranger les choses !
On sait que depuis des lustres les deux communes
possèdent chacune une brigade composée de 6 gendarmes hébergés
dans des casernes dont la vétusté requiert aujourd’hui pour
chacune une sérieuse rénovation. Le coût de ce double
investissement, ajouté à la diminution des besoins de surveillance
du fait du démantèlement du plateau d’Albion ont convaincu
l’administration responsable de la nécessité de redéployer
les forces de gendarmerie du canton. Le maire de Sederon, inquiet pour
l’avenir de sa brigade, a récemment pris contact avec le lieutenant
Colonel Hurtevent, commandant le groupement de gendarmerie de la Drôme
et c’est sa réponse qui a mis le feu aux poudres à Sederon.
Dans un courrier au docteur Beaume, maire du chef lieu de canton et président du SIVOM, le lieutenant colonel Hurtevent indique que « l’avenir de cette unité est fortement compromis… ». Dans le même temps, on apprenait que Montbrun les Bains (dont le maire, Alfred Diefenbacher est un ancien préfet) aurait reçu du ministère le feu vert pour la construction d’une nouvelle caserne. A la mairie de Montbrun, on se refuse à tous commentaires sur cette question, mais on confirme bien l’existence d’un projet de construction d’une caserne dont le financement serait assuré par le conseil Général qui en assurera le maître d’œuvre.
Le docteur Christian Beaume, ne décolère pas depuis qu’il a reçu cette lettre. Il est vrai que son argumentation ne manque pas de cohérence. Le maire de Sederon fait en effet remarquer que le démantèlement du plateau d’Albion n’a nullement fait diminuer les besoins de prévention et de surveillance dans les 18 communes d’un canton très entendu. Il rappelle les deux hold-up à La Poste de Sederon survenues en 96 et l’attaque à main armée de l’Hôtel Bonne Foi. Il constate comme une évidence que la situation géographique de Montbrun complètement excentrée dans le canton ne permettra pas à une brigade, qui resterait la seule en poste, d’assurer un service de protection et d’intervention convenable sur toute l’étendue du territoire cantonal. Une situation qui deviendrait réellement critique et insupportable l’hiver, en cas d’enneigement des cols qui relient Montbrun à toutes les autres communes ! « Il est absurde de vouloir déshabiller le chef lieu situé au centre du canton pour favoriser une brigade géographiquement isolée et inaccessible l’hiver… » souligne-t-il avec véhémence. Troublé et déçu par la position de l’administration sur ce dossier, le docteur Beaume se dit offusqué par les répercutions qu’une telle décision aurait sur la vie de sa commune, non seulement en terme de sécurité, mais également sur le plan économique. Il rappelle que depuis 3 ans, Sederon a pris des risques financiers importants en créant une résidence touristique de 72 lits afin, précisément, de redonner espoir et dynamisme à une région menacée par le dépeuplement. Derrière lui la commune tout entière est prête à se battre pour conserver sa brigade, même si, comme on le suggère, elle doit être réduite à quatre gendarmes.
Une réunion des maires du canton sur cette question devrait être organisée avant la fin de la semaine, tandis que l’on attend d’un pied ferme et résolu la visite à Sederon du lieutenant colonel Hurtevent prévue pour le 15 mai. Affaire à suivre !
Alain BOSMANS