Depuis quelques semaines, Ralph Gobelsmann est de retour dans les Baronnies. La nouvelle n’a en soi rien de bien sensationnel si l’on ne précise pas que Ralph est l’homme que l’on peut voir désormais régulièrement parcourir les routes de la région, allongé en équilibre sur un extraordinaire engin qui fait sensation. Au premier abord on pourrait penser qu’il s’agit d’un véhicule pour sportif handicapé. Il n’en est rien. L’engin en question est un H.P.V., « Human Power Vehicle », ce qui peut se traduire par « Véhicule à traction humaine ». Très rare en France, la pratique de ce sport se développe depuis quelques années dans les pays de l’Europe du nord et aux Etats Unis. Il s’agit d’une sorte de bicyclette dont le pédalier se situerai à l’extrémité avant à hauteur du guidon, le guidon sous la selle, cette dernière étant constituée d’un fauteuil baquet en polyester recouvert de mousse. Le conducteur est ainsi au trois quarts allongé sur le dos, les pieds en avant, dans une position aérodynamique offrant le minimum de prise au vent. En fait, il s’agit d’un petit bijou de technologie qui fait l’admiration des amateurs de vélo qui le découvrent.
Fabriqué en Allemagne en petite série sous le nom de son constructeur, le « Radius Hornet » est munis d’une fourche télescopique hydraulique à l’avant et d’une suspension mécanique réglable sous le siège à l’arrière. La dimension du cadre en alliage léger est elle-même réglable de manière à pouvoir s’adapter exactement à la longueur des jambes de son utilisateur. Munie de 3 plateaux, sept vitesses et de freins hydrauliques, cette drôle de machine tractée par la seule force musculaire de son conducteur peut atteindre les 70 km à l’heure sur le plat et sans vent. Outre une excellente pénétration dans l’air du fait de la position allongée, l’énergie musculaire de l’utilisateur est concentrée dans les cuisses et les jambes sur lequel il pousse sans avoir à tirer sur ses bras ; un peu comme lorsqu’on se trouve assis adossé à un mur pour repousser un objet que l’on veut éloigner. En dehors de son prix, (un H.P.V. coûte entre 8000 et 20 000 frs !), l’inconvénient majeur de cet extraordinaire engin réside dans son instabilité chronique. On s’en doute, il ne suffit pas de s’allonger sur le dos et de mettre les pieds en l’air sur les pédales pour être tout de suite grisé par la vitesse. La pratique de ce sport nécessite un vrai apprentissage, une longue recherche de l’équilibre en particulier au démarrage. Un équilibre qui redevient précaire dés que l’on ralentit et que la vitesse descend au-dessous des 7 km/heure. Il s’agit donc bien d'un sport qui s'adresse aux amateurs de vent et de vitesse.
Tel est le cas de Ralph Gobelmann. Ce gentleman allemand, atteignant la soixantaine après une existence professionnelle riche en voyages, a décidé de consacrer sa retraite à deux passions : La voile et le vélo. Excellent marin, il possède à St Tropez un voilier de croisière rapide et sportif de 10 mètres de long avec lequel il navigue en Méditerranée. A Mollans, où il a rénové depuis 1992 une jolie maison qui lui sert de pied à terre au cœur de la vieille ville, il se livre aux joies de la bicyclette en sillonnant les Baronnies sur l’un de ses quatre « bicycles » : Un vélo de randonnée, un VTT, un vélo de course et le fameux « H.P.V. ». Car c’est précisément en traversant la région à bicyclette voilà 6 ans qu’il a été séduit par le charme et la beauté du décor et que la décision d'acheter une propriété à Mollans a été prise. « La bicyclette est un moyen formidable pour connaître et apprécier un pays. Toute ma vie j’ai fait du vélo et dans les Baronnies je ne se lasse pas de découvrir au rythme du pédalier, la diversité des reliefs, des paysages, des lumières… ».
Le «H.P.V.» a été rapporté d’Allemagne voilà quelques mois et notre Mollanais d’adoption a déjà près de 1000 km au compteur dans la région. Le moins que l’on puisse dire est que, sur cette monture, Ralph ne passe pas inaperçu ! A notre connaissance il est le seul à utiliser un tel véhicule dans la Drôme et les départements limitrophes. Aussi, où qu’il se rende, les voitures ralentissent sur son passage, les piétons médusés s’arrêtent pour le voir traverser les villages et les enfants avec des cris de joie tentent vainement de le suivre à vélo !
Si vous aimez la bicyclette et que vous le rencontrez au cours d’une promenade, n’hésitez pas à l’aborder : Il manie notre langue avec aisance, adore notre pays et est intarissable lorsqu’il parle de cyclisme !
Alain BOSMANS