Mulots des villes et mulots des champs
(Le Dauphiné du 5 avril 1998)
 
 
 Tandis que les écoles des zones rurales de la région Tricastin-Baronnies sont maintenant toutes équipées avec le matériel informatique multimédia le plus perfectionné, à Pierrelatte, les écoles communales urbaines, victimes de restrictions budgétaires, ne cachent pas leur impatience…

    En chantier depuis 3 ans, lancé officiellement à Nyons le 25 juin 97, mis en place dans le courant du premier trimestre de cette année scolaire, le plan d’informatisation des écoles du Tricastin-Baronnies a permis l’équipement de 148 classes d’écoles publiques municipales du sud de la Drôme avec des ordinateurs multimédias de la dernière génération. Le territoire concerné par ce plan ambitieux qui met désormais la Drôme Provençale en tête de l’innovation pédagogique et de l’ouverture de l’école aux nouvelles technologies était à l’origine celui du Contrat Global de développement Tricastin-Baronnies. Soit les 113 communes des 7 cantons du sud du département. Le montage financier prévoyait la participation de l’Etat, du département et de la région à égalité chacun à 30%. Les communes ne s’engageaient par conséquent qu’à raison des 10% restant. Fermement soutenu par l’éducation nationale en la personne de René Enguent qui en fut chargé de mission avant de devenir l’inspecteur de l’éducation Nationale à Nyons, la mise en place se fit sans difficultés dans la cinquantaine d’écoles rurales de la région concernée.

    Malheureusement pour les deux seules communes urbaines de St Paul-Trois-Chateaux et Pierrelatte, leur potentialité fiscale fut jugée trop élevée et ces deux communes n’étant plus éligibles à la D.G.E. (Dotation Globale d’Equipement), la subvention d’état fut purement et simplement supprimée. Le Conseil Général, qui s’était engagé à verser l’équivalent de ce que verserait l’état se retirait également, laissant les deux communes urbaines avec seulement 30% de subventions régionales… ! A St Paul-Trois-Chateaux, la municipalité trouvait le financement et réussissait à doter ses écoles du matériel prévu, soit un ordinateur multimédia de communication par école.

    Hélas à Pierrelatte, une dépense de cette importance était jugée impossible cette année pour des raisons budgétaires récurrentes. Alain Fabre, adjoint au maire chargé des affaires scolaires précisait récemment que le financement de cet équipement est prévu dans le budget prévisionnel qui sera présenté ce mardi soir. On en aura sans doute la confirmation à l’issue de cette présentation, mais on peut néanmoins penser que les écoles communales de Pierrelatte (qui totalisent 53 classes dans 3 écoles élémentaires, 4 écoles maternelles et une école rurale au hameau des « Blaches ») sauront rattraper leur retard dés la rentrée scolaire prochaine. Un retard qui ne devrait pas être préjudiciable si, comme cela est dés maintenant envisagé, l’équipement fourni permettra la mise en réseau de chaque école avec 1 ordinateur multimédia et 5 à 6 postes connectés. La question va d’ailleurs faire l’objet d’une étude approfondie à l’occasion de la manifestation « Médiaville » organisée au Sénat à Paris par l’association des Maires de France à laquelle plusieurs responsables des affaires scolaires de Pierrelatte participeront à la fin mai.

    En attendant, à Pierrelatte, on se montre impatient, tant du coté des parents d’élèves récemment réunis dans le cadre du nouveau C.L.E. (Comité Local d’éducation), que des enseignants qui ont cru bon d’exprimer leur frustration avec humour dans le communiqué que nous avons publié le 29 mars : « La dé-fête de l"Internet ». Une frustration d’autant plus compréhensible que le collège privé et confessionnel Saint-Michel de Pierrelatte vient de réussir un assez joli coup médiatique en présentant son tout nouvel équipement informatique (mis en place grâce à l’intervention d’un partenaire technique), à l’occasion de la fête de l’Internet. (notre article du 22 mars).

    Qu’on trouve des « mulots » (ou souris d’ordinateur) en plus grand nombre à la campagne qu’à la ville, on peut sans doute le comprendre… ! C’est dans la logique de la fable ! Mais que l’on doive également constater des différences entre ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas… Voilà qui est effectivement difficile à avaler !

        Alain BOSMANS