Lorsque l’on remonte la vallée
sinueuse et profonde du Toulourenc et que l’on débouche sur cette
plaine verdoyante d’où émerge, faisant face au Ventoux, ce
bourg médiéval accroché à flanc de colline
comme un défi au Géant de Provence, on comprend mieux pourquoi
Montbrun les Bains est communément considéré comme
l’un des 100 plus beaux villages de France. Le week-end dernier, la paisible
bourgade avait revêtu des allures plutôt inhabituelles : La
fête y battait son plein. Il s’agissait de célébrer
la traditionnelle fête votive et le programme était chargé.
Concours de boules, bien
entendu, richement dotés, ils devaient s’étendre sur trois
jours pour se terminer lundi soir. Manèges forains et bruyantes
auto-tamponneuses faisaient bon ménage avec les deux bals publics
et en plein air qui eurent lieu avec le succès que l’on imagine
le samedi comme le dimanche soir. Feu d’artifice tiré depuis la
place du beffroi offrant une superbe illumination pyrotechnique du village
médiévale et journées portes ouvertes au Domaine Thermale
de Montbrun. L’entreprise thermale dont les activités ont bien marché
durant la saison estivale, aura enregistré en particulier un gros
boom sur les prestations de « Remise en forme ». Un accroissement
de l’ordre de 100 % dans les forfaits de soins axées sur les thèmes
du « Bien-être », « Tonique », « Anti-stress
», « Silhouette » etc...
Le dimanche matin, la magnifique place du Beffroi d’où l’on domine la plaine tapissée en damier de prairies et lavandes, accueillait un marché provençal. Outre les produits du terroir tous issus d’entreprises agricoles ou artisanales des environs, le club d’Aéromodélisme présentait différentes maquettes de modèles réduits d’avions et de planeurs tout en déclinant la gamme de ses activités. Très actif dans la formation des jeunes, le club Montbrunois tire avantage de la situation particulière des environs qui offrent sur les pentes de ces « petites montagnes préalpines », un site aérologique exceptionnellement favorable aux activités de vol libre, que ce soit pour les modèles réduits, le delta-plane ou le para-pente. Un peu plus loin, le président du club de judo, Dominique de Bortoli, permettait à ses jeunes judokas de faire la démonstration de leurs talents dans le combat martial. Les deux clubs font partie de l’ASPIC (Association Sportive intercommunale) qui, comme son nom l’indique, regroupe les différentes activités sportives pratiquées dans tout le canton et en particulier à Montbrun, Séderon, Reilhanette, Mévouillon, Villefranche le château et Barret de Liourne avec beaucoup de dynamisme. Car du dynamisme, on n’en manque pas à Montbrun, à l’image de l’Office du Tourisme dont le président Jacques Père annonce la mise en place imminente d’un site promotionnel sur Internet. Dynamisme également avec Annick Bonnet la jeune présidente du comité des fêtes qui, à la tête d’une équipe guère plus âgée qu’elle (elle n’a que 25 ans …) aura coordonné le programme de ces deux jours de fête. Une fête dont le point d’orgue, la cerise sur le gâteau, fut le défilé dans les rues du village de la fanfare et des majorettes du groupe « Pena et les Samba girls », tout un programme en effet…
Ne nous y trompons pas !
Si à première vue la bourgade semble endormie avec l’ambiance
et le charme désuet des villes d’eau de l’entre deux guerres, on
découvre rapidement qu’il y a, derrière la beauté
du décor, une vraie petite ville de 500 habitants avec ses industries,
ses espoirs et ses inquiétudes dont son maire Alfred Diefenbacher
a bien voulu nous parler.
Les espoirs sont concentrés dans la possible obtention par les
« Thermes de Montbrun » d’un nouvel agrément pour la
rhumatologie qui représente un réservoir de clientèle
considérable. Pour le moment la station thermale n’a qu’un seul
agrément avec la sécurité sociale pour le traitement
des affections O.R.L. (voies respiratoires). Un dossier a été
déposé depuis décembre 1997 auprès des ministères
concernés afin que des soins de rhumatologie (affection pour laquelle
l’eau et le climat de Montbrun possèdent toutes les qualités
curatives et thérapeutiques nécessaires) puissent être
conventionnellement dispensés à Montbrun. Le maire n’a pas
ménagé ses efforts pour obtenir rapidement cet agrément.
Mais rien n’est joué encore et le village tout entier retient son
souffle dans l’attente d’une décision qui sera prise (dans un sens
ou dans l’autre) de toute façon avant la fin de l’année à
venir.
Les inquiétudes elles, sont liés aux conséquences du dramatique incendie qui a ravagé l’unité de fabrication des établissements Reynaud dans la nuit du 3 avril. On sait que l’entreprise d’huiles essentielles, de matières premières aromatiques et de compositions parfumées a déjà localisé une partie de ses activités dans le Vaucluse à Saint-Didier prés de Carpentras. On sait par ailleurs que, déjà auparavant, les dirigeants de l’entreprise ont envisagé le transfert d’une partie des activités de Montbrun à Saint-Didier afin de répondre à des objectifs de rationalisation de la production. Bien que l’attachement de cette entreprise centenaire à Montbrun ne soit pas à mettre en doute, il est à craindre, (c’est tout au moins ce que chacun craint ici) que l’incendie du mois d’avril n’accélère le processus de délocalisation. Les établissements Reynaud générant quelques 60 emplois à Montbrun, leur départ, même partiel aurait, on s’en doute, des conséquences graves en terme d’emplois et d’activités économiques pour le village. Rien n’est encore décidé, nous a confirmé Alfred Diefenbacher. La municipalité, tout comme les différentes autorités départementales, régionales ou nationales, ne ménage pas leurs efforts pour que l’unité sinistrée soit reconstruite à Montbrun. Là encore des décisions importantes doivent être prises sou peu.
Deux dossiers donc que l’on suivra à l’avenir avec d’autant plus d’attention que les conséquences des décisions attendues seront grandes pour l’avenir de Montbrun les Bains
Alain BOSMANS