La cave coopérative, transformée en théâtre de voix, accueillait la soirée d’ouverture du festival « Contes et Rencontres » et déclarait ouvert cette année dans toute la Drôme Provençale le temps du vin nouveau, de l’olivade, et des contes…
Répondant à l’invitation de la Cave Coopérative et de l’Université Populaire, et malgré la froidure précoce qui était tombé avec la nuit sur Nyons mercredi soir, ils étaient nombreux (plus de 400 personnes sans doute) à s’être donné rendez-vous à la cave coopérative pour assister à la soirée d’ouverture des « Contes et rencontres ». Une soirée d’anniversaire puisqu’il s’agissait de la dixième édition de ce festival automnal qui présente encore cette année 28 manifestations axées autour du conte dans 17 communes des 6 cantons ruraux du sud de la Drôme.
Un public très mélangé
regroupant aussi bien des Nyonsais que des habitants des communes les plus
éloignés du Séderonnais ou des Baronnies, des adhérents
de l’Université Populaire et des agriculteurs familiers de la cave,
des enseignants, des étudiants et des élus.
Une surprise les attendait, puisqu’en prélude au spectacle proprement
dit qui devait se dérouler dans le grand hall au centre de la cave
coopérative, les chanteurs et choristes du spectacle s’étaient
scindés en 4 groupes et répartis dans 4 endroits différents,
invitant les spectateurs à les suivre à la découverte
de cet étrange édifice consacré à la fabrication
du vin.
C’est ainsi que durant un quart d’heure, on put écouter l’admirable voix de Renat Sette dans « le Thermos », que le groupe de chanteuses de Monalisa s’était réuni au-dessus des chais, tandis que le sextuor d’Hexaphone avait entraîner le reste du public dans « la cave » et dans l’une des « travées ». Après cet « apéritif vocal », Roger Pasturel pouvait inviter chacun à venir le rejoindre autour de la scène montée au cœur d’un véritable transept, transformant la cave coopérative en une sorte de cathédrale de tubulures dédiée au culte du chant et du vin. Pendant une heure et demie en effet, il fut alors offert un remarquable spectacle de chants « a capella » d’une très grande homogénéité dans le répertoire Méditerranéen, Provençal et Occitan et d’une très haute qualité musicale.
Le groupe vocal féminin dirigé par Isabelle Fincq et composé de 10 jeunes femmes résidantes autour de Buis les Baronnies proposa dans la joie et l’allégresse un superbe assortiment de chants traditionnels et populaires méditerranéens. Il fut suivi par le septuor vocal « Hexaphone » dirigé par Jean Paul Finck (le chant est une affaire de famille chez les Finck !), bien connu et très apprécié depuis longtemps dans la région de Valréas. Chansons d’amour, chansons à boire, c’est avec une invraisemblable aisance et beaucoup d’humour que les sept choristes ont interprété une « fricassé » de chansons les plus originales les unes que les autres pour le plus grand plaisir d’un public ravi. Le concert se terminait avec Renat Sette, probablement l’un des plus grands chanteurs de Provence et l’une des plus belles voix d’Occitanie. Seul en scène et par le pouvoir de sa seule voix, Renat sut transporter le public aux temps pas si lointains où la voix véhiculait histoires, romances, contes et croyances avec une force qui devait beaucoup aux qualités vocales de l’interprète.
C’est sur le coup de onze heures (et donc avec une heure d’avance puisque traditionnellement c’est à 00h00 le 3ème jeudi de novembre que l’on peut ouvrir le vin de l’année), qu’après avoir savourer les voix, le public impatient put goûter au vin nouveau. Un cocktail était offert à tous déclarant officiellement ouvert pour cette année dans toute la Drôme Provençale le temps du vin nouveau, de l’olivade et des contes…
Alain BOSMANS
S’il fallait encore présenter les « Contes et Rencontres », il faudrait dire qu’ils furent initiés en 1988 par Christian Teulade alors président de l’Office du Tourisme, puis coordonnés 10 années durant par l’Université Populaire en partenariat multiple avec des institutions, des associations locales, des professionnels et des communes. Le festival a pour objectif de présenter dans les 4 cantons des Baronnies (et extension sur ceux de Grignan et de La Motte chalencon) des spectacles de contes « tout public », pendant 3 semaines hors saison estivale, dans les villages (y compris les plus petits) avec une programmation de qualité, des tarifs accessibles et un souci de s’ouvrir au monde par la présence de conteurs d’autres cultures tout en affirmant l’identité et le patrimoine culturel des Baronnies.
Christian Jeannot, président de L’Université Populaire, devait rappeler le souci des organisateurs d’associer à cette manifestation les partenaires les plus nombreux possibles « de façon à faire avec eux et non pour eux », tout en confortant l'enracinement de cette manifestation dont il fut annoncé l’extension probable au Tricastin dés l’année prochaine. Le bilan des trois dernières années a d’ailleurs de quoi convaincre les plus septiques : Le public est passé de 1500 à 3000, le nombre de manifestations de 26 à 55, les partenaires de 21 à 60 et le budget de 73 500 à 173 000 F. Les « Contes et Rencontres » sont bien devenues une manifestation culturelle attendue par toute une région.
Le maire de Nyons, Michel Faure, tout en se félicitant de ce succès, devait souligner à la fois l’aspect identitaire du festival, par l’engagement des nombreux conteurs de ce pays, et l’ouverture aux autres cultures, en particulier à celle des peuples de la Méditerranée dont nous sommes ici proches et solidaires. Le sénateur Jean Besson et le Sous Préfet Marc Paganel devaient eux aussi souligner l’attachement qu’ils portent à une manifestation qui, se déroulant hors saison estivale, réunit dans l’école du village, la cave coopérative ou sur le plateau Saint Laurent de la montée en Alpage plus de 3000 drômois, des enfants des adultes et des anciens, autour de 50 manifestations durant 3 semaines d’histoires et de fêtes…
Il ne restait plus à Gilbert Sert, le directeur artistique et chargé de mission du festival à en présenter le programme, ce qu’il fit avec le talent et la jovialité qu’on lui connaît. Un programme dont le calendrier semble cette année plus resserré avec souvent plusieurs spectacles le même soir dans des cantons différents (il a été démontré qu’il n’y a pas concurrence et que se sont les gens du cru qui viennent voir les spectacles). Un programme d’une qualité exceptionnelle qui proposera 21 spectacles de contes, 3 rencontres, 2 expositions, et un stage d’initiation (voir le programme détaillé ci-dessous). Parmi les temps forts et innovations on notera la soirée d’ouverture le mercredi 18 novembre à la cave coopérative du Nyonsais pour un spectacle entièrement « a capella » entre chants méditerranéens et provençaux, entre voix et vin nouveau, la performance Hip Hop le samedi 28 novembre à 16 heures place de la libération permettra une rencontre intéressante entre le festival et les jeunes autour d’une nouvelle culture urbaine ou encore la soirée du jeudi 10 décembre organisée par Amnesty International à l’Université Populaire pour les « 50 ans des Droits de l'Homme » et « les 150 ans de l'Abolition de l'esclavage ». Mais il faudrait également citer les ténors de ce festival, ceux que l’on retrouve chaque année, comme Roger Pasturel ou Véronique Poulet, et ceux qui viennent de plus loin ou pour la première fois comme Patrick Ewen (conteur, chanteur, musicien breton) ou Hamed Bouzzine (conteur et musicien du désert). Enfin la montée en alpages, en musique et en contes à Saint May le dimanche 13 décembre devrait réunir une fois de plus des centaines de marcheurs autour des moutons et de leurs bergers à la rencontre des vautours…
Nul doute que les « Contes et Rencontres » que l’on nous propose cette année sont du meilleur cru et que la qualité exigeante de la programmation n’a désormais plus rien à envier aux festivals équivalents organisés en milieu urbain.
Alain BOSMANS
Renseignements et réservations : Université
Populaire Nyonsais Baronnies, 15 avenue Paul Laurens 26110 Nyons, tel 04
75 26 48 11
Tarifs : Spectacles « Tout Public » : Plein
tarif 50 F (abonnement 3 spectacles 100 F), Tarif réduit 30 F (abonnement
3 spectacle 60 F) pour les adhérents de l’Université Populaire
et de l’association partenaire du spectacle, les étudiants, scolaires,
RMIstes et chômeurs.
Gratuité pour les enfants de moins de 12 ans.
Repas chanté : 100 F
Stage d’initiation « Conter aux tout-petits » : 500 F.
Gratuit : Soirée d’ouverture – Rencontres – Spectacles
« jeunes public » - Expositions – soirée « Bergers
en alpages » - Performance Hip Hop – Montée en alpages.