Au siècle dernier la production des « coco de Mollans » était 10 fois plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Son apogée survint avec le petit train Orange - Buis qui permettait l’expédition de la récolte jusqu'à Lyon et Marseille. Au début des années 50, la disparition du petit train entraîna l’effondrement de la culture de cette fève à la forme ronde dont la commercialisation devait désormais se limiter à quelques marchés hebdomadaires du Tricastin et des Baronnies. On estime la production aujourd’hui à une centaine de tonnes par an amoureusement cultivée dans les vallées de l’Ouvèze et du Toulourenc entre St Auban et Entrechaux. Car la spécificité du « Coco de Mollans » est avant tout géographique. Elle dépend du terroir et plus précisément de son climat. Les anciens vous expliqueront en effet qu’il n’y a qu’à l’abri de ces deux vallées que le Mistral ne souffle pas la nuit et permet à la plante de conserver ce moelleux inimitable que vous ne retrouverez jamais chez les autres vulgaires flageolets. Une spécificité qui méritait sans aucun doute d’être mise en valeur et protégée.
C’est dans cette perspective que certains membres de la confrérie ont décidé récemment de créer le « Syndicat des producteurs du Coco de Mollans » qui regroupe une trentaine d’agriculteurs de la région autour de Frédéric Roux, François Monnier et Bénédicte Chauvet respectivement président et Vice-présidents du syndicat. La première réunion de travail se tenait le 23 mai à la Mairie de Mollans en présence d’Hervé Roux, maire de la commune et de la plupart des producteurs concernés. Dans un premier temps le syndicat se donne pour objectif d’obtenir une « marque collective simple » (matérialisé par un nom et un logo apposés sur les cagettes) qui sera mise à la disposition des producteurs adhérents de manière à dynamiser la commercialisation du produit tout en protégeant sa spécificité. Des actions de promotions, telles que la publication d’une plaquette relatif aux « Cocos de Mollans » ou l’obtention d’une charte de qualité, sont dés maintenant envisagées. Dans un deuxième temps, après la marque simple ne nécessitant que des démarches peu contraignantes, le syndicat souhaiterai pouvoir obtenir une « Marque de Certification » avec un cahier des charges beaucoup plus rigoureux. Et, pourquoi pas, dans 10 ou 20 ans, le processus pourrait déboucher sur un « Label » ou une « appellation d’origine contrôlée ».
Loin des activités folkloriques de la confrérie, la volonté du tout nouveau syndicat s’inscrit dans une démarche économique originale et résolument moderne. Le choix de la qualité et de la singularité, fondé sur le savoir-faire des hommes et le respect de l’environnement est probablement la meilleure sinon la seule solution d’avenir pour l’agriculture de nos régions au relief accidenté peu propice à la production massive. Certes cette exigence de qualité entraîne un léger renchérissement des prix de vente. Mais les consommateurs ne sont pas aussi bornés que certains le croient. Poussés par les enjeux écologiques, il y a au contraire toutes les raisons de penser que le respect du terroir et l’obsession de la qualité rencontreront de plus en plus les faveurs des consommateurs, y compris à l’étranger.
Les subventions à l’agriculture qu’elles soient européennes, nationales ou départementales confortent pour la plupart cette orientation. Tel est le cas, semble-t-il, de celles gérées par le Contrat Global de Développement Tricastin - Baronnies dont il fut question lors de cette réunion. On pourrait ajouter que la loi d’orientation adoptée par le conseil des ministres du 30 avril ouvre à ce propos des perspectives intéressantes puisqu’elle propose de créer un « Institut national de la qualité des produits agricole ».Un syndicat pour les « Cocos » à Mollans ! Une heureuse initiative qui ne manque ni de saveur ni d’avenir !
Alain BOSMANS