Le "Clos d'Aguzon", un empire d'essences...
 
(Article du Dauphiné Libéré du 16 juillet 1998)
 
 
 
C'est en bordure de champs de lavande que Robert  Bontoux  a recu ses convives
 
 
Souhaitant devenir un acteur majeur parmi les producteurs de produits aromatiques, la société du « Clos d’Aguzon » a célébré dans les Baronnies avec des fastes grandioses et « à l'américaine » les 100 ans de la première patente de distillateur de lavande de la famille Bontoux.

    C’est dans les petits détails, dans la rigueur et la minutie de l’organisation que l’on reconnaît la qualité et la sincérité de l’accueil que l’on réserve à ses invités. Robert Bontoux, le fondateur et P.D.G. du « Clos d'Aguzon » (1) qui a beaucoup voyagé, le sait parfaitement. Les douze cent convives qui ont répondu à son invitation, venant parfois de fort loin, assister le week-end dernier à Saint Auban sur Ouvèze au centenaire des origines familiales de cette entreprise modèle, ne s’y sont pas trompés non plus.

    Afin de les mieux servir, la fête s’est déroulée sur deux jours, le samedi et le lundi de ce long week-end du 14 juillet, laissant au dimanche le temps à l’équipe de France de football de gagner la coupe du monde. Risquait-il de faire trop chaud, le soleil d’être trop pesant durant ces deux journées de visites et d’excursions au pays du tilleul et de la lavande justement nommé « montagnes sèches »… ? L’hôte a pensé à tout et chaque invité recevra en arrivant à l’accueil, en même temps qu’un badge à son nom, un joli sac contenant eau minérale, chapeau de paille, tee-shirt aux couleurs de la société. Faut-il varier les plaisirs, les visites, les lieux de restauration, les attractions… ! Le programme y veille qui mènera les convives des installations industrielles ultra modernes de la distillerie aux champs de lavande sauvage de Montguers, perchés à 1200 mètres d’altitude où, dans une cabane aujourd’hui transformée en musée, le grand-père de Robert, Géraud Bontoux, récoltait déjà voilà 100 ans la fleur bleue à la faucille. Le samedi, c’est 160 personnes, principalement des clients étrangers en provenance des Etats-Unis, d’Australie, et de toute l’Europe, ainsi que des partenaires financiers et commerciaux, qui à midi déjeuneront sous des abris ombragés en bordure d’anciennes lavanderaies sauvages. Le soir, le château de Suze la Rousse loué pour l’occasion, servira de cadre à une somptueuse soirée de gala animée par un groupe folklorique médiéval et un grand orchestre. Entre-temps, tous ces invités, entièrement pris en charge, logés, véhiculés par leur hôte, auront assisté à la totalité du processus de récolte, fabrication et distillation d’une essence de lavande, la plus fine et la plus délicate, dont il leur sera remis un flacon (celui du centenaire) marqué à leur nom.

    Le lundi, à nouveau 250 convives, principalement des clients de produits finis aromatiques, mais également des partenaires (l’ONIPPAM, France Lavande et tous les membres du G.I.E. – Lavande) ainsi que des personnalités (le député Michel Grégoire, le conseiller régional Gérard Bertrand et plusieurs dizaines de maires des communes environnantes) suivront dans la journée le même circuit de visites. Le soir enfin, plus de 800 convives, parmi lesquels la totalité des producteurs de la région et tout le personnel de l’entreprise, participeront à la grande soirée du centenaire. Sur l’esplanade éclairée par d’étranges luminaires en forme de boules gonflées à l’air chaud, sous 3 vastes tentes royales, les tables de quelques 800 couverts furent dressées et un repas servi, joyeusement accompagné par les chants « à boire » (qui venaient fort à propos) de la chorale « Cantouvèze ». Plus tard, et malgré la pluie qui contraint les 18 musiciens de l’orchestre « Symphony » et la piste de danse à se transporter sous les tentes, la fête se poursuivit, endiablée, toute la nuit, jusqu’au petit matin (qui était celui du 14 juillet)… ! Une fête superbe, grandiose, à la fois chaleureuse et raffinée, comme on n’en avait jamais connue de comparable de ce coté ci de l’Ouvèze.

    Formidable coup de « pub », géniale opération de « relations publiques »… ? Bien sur ! Mais pas seulement et Remy Bontoux, le fils de Robert, également Directeur Général de l’entreprise, précise les objectifs d’une fête qui aura permis « de resserrer les liens entre le personnel, les producteurs et les plus fidèles de nos clients au sein d'une même famille ».

    Quoiqu’il en soit, ce qui est certain, c’est que la réussite sourit à l’entreprise Bontoux, la croissance exponentielle est bien au rendez-vous et les résultats de ce qui est en train de devenir un empire, ont de quoi susciter l’enthousiasme des plus septiques (et quelques jalousies).
Créée en 1982 par et avec un seul salarié (Robert Bontoux), la SARL devenue S.A. en 1989, a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaire de 132 Millions de Francs dont 60 à l’exportation. Devenu en 5 ans le premier employeur de l’arrière pays Drômois, le producteur d’essences et de produits finis aromatiques compte au 31 décembre 1997 195 salariés à plein temps et 80 travailleurs saisonniers ou à domicile. Et ce n’est pas fini, la progression de 20 à 25% par an de ces chiffres devrait se poursuivre jusqu’à l’an 2000 et pourquoi pas au-delà… !

    Robert Bontoux, qui ne cache pas souhaiter devenir un acteur majeur parmi les producteurs de matières premières naturelles, a depuis 4 ans massivement investi dans l’amélioration de son équipement de production tout en accroissant son engagement à l’exportation. Des équipements ultra performants de distillation à la vapeur, de traitement secondaire de l'huile essenteille et d'extraction aux solvants pour un montant total d’investissement de 25 millions de francs ont été achevés d’installer au cours de l’été 97 et ont reçu la visite de Louis le Pensec, ministre de l’agriculture en décembre de cette même année. Parallèlement, depuis 4 ans, la filiale Bontoux Inc a été créée aux Etats-Unis à Colonia (New Jersey), une représentation mise en place à Singapour et des investissements réalisés à Madagascar avec un partenaire local afin de diversifier les approvisionnements en géranium, vétiver et ylang-ylang. C’est précisément cette double dimension, industrielle et internationale, que le P.D.G. de l’entreprise des Baronnies a voulu spectaculairement affirmer, en commémorant « à l’américaine » les origines familiales de son implantation régionale.

    Oui, décidément, la fête était bien belle ce week-end au Clos d’Aguzon ! Et chacun aura put constater qu’il y régnait, se mêlant aux puissants effluves de lavandes, sauges, romarins et autres végétaux plus exotiques, un indéfinissable et entêtant parfum de succès...

Alain BOSMANS

(1) CLOS D'AGUZON S.A.  E.mail: bontoux.robert@wanadoo.fr