Les "Castors" dans la rue
 

(Article du Dauphiné du 4 juin 1997)
 

 Jean Michel et Marie Polo avec leur fils Jérémy

Près de 300 personnes dont une dizaine d’élus ont défilé en silence dans les rues de Pierrelongue pour protester contre le maintien de l’interdiction communal du Camping des « Castors ».

    Une manifestation de soutient au Camping des « Castors » était organisée ce lundi 2 juin à Pierrelongue en fin d’après-midi. Malgré le temps menaçant, entre deux et trois cent personnes s’étaient déplacées pour participer à cette marche de protestation entre le Camping et la Mairie de Pierrelongue. En tête du cortège, derrière les banderoles qui réclamaient le « droit au travail » pour les Castors, on notait la présence d’une dizaine d’élus dont les maires de Mollans sur Ouvèze, Bénivay sur Ollon, Villefranche le Château, Vers sur Méouge et Poët-Cellar.

    On sait que, du fait d’un arrêté municipal de 1993, précédemment annulé par le tribunal administratif de Grenoble et récemment validé par le Conseil d’état, le camping des Castors à Pierrelongue ne peut plus désormais accueillir de visiteurs que sur 10% de ses emplacements. Cette validation par la plus haute autorité administrative, obtenue par le célèbre avocat Maître Verges représentant la commune dans cette affaire, mettait fin à un conflit vieux de plus de 20 ans et avait pour conséquence d’acculer le camping et ceux qui en sont devenus récemment propriétaires, Jean Michel et Marie Polo, à la faillite. Le maire de Pierrelongue, René Fauchier, nous avait récemment confirmé qu’il n’était pas question pour lui de revenir sur cette décision, que celle-ci lui avait été dictée par des préoccupations exclusivement sécuritaires, et que seul un document des autorités préfectorales le dégageant de toutes responsabilités en cas d’accident pouvait faire évoluer la situation.
    C’est pour protester contre cette situation qu’ils jugent « absurde et sans fondement », que le cortège des amis des « Castors », à l’issue de cette marche silencieuse et digne, s’est immobilisé devant la Mairie de Pierrelongue désertée par ses représentants.
Il faut dire que depuis quelques semaines la mobilisation est grande tant chez les commerçants des communes environnantes que chez les professionnels du Camping. Avec les quinze mille nuitées que les « Castors » prévoyaient de recevoir durant cette saison estivale, tous ceux dont l’activité est liée dans la région de prés ou de loin au tourisme vont nécessairement pâtir de cette fermeture.

    De nombreux propriétaires de camping en Drôme Provençale, mais également venus de tout le département et plusieurs d’Ardèche avaient tenu a manifester leur solidarité en se rendant à Pierrelongue. On notait en particulier la présence de Jean Boucher, président de la Fédération Rhône-Alpes de l’Hôtellerie de Plein air, Jacques Jousse, président de la fédération départementale et Bernard Puech de Buis représentant la Profession en Drôme Provençale qui, tous trois, animèrent au centre du village un débat public sur la question générale de la sécurité dans les camping situés en bordure de rivière et de la situation particulière dans laquelle se trouve le camping des Castors. Longuement, les intervenant insistèrent sur la conformité, avérée et reconnue par toutes les autorités compétentes, du camping de Pierrelongue avec les normes de sécurité réglementaires les plus exigeantes. M. Jacques Jousse rappelait qu’il y a plus de 3000 camping qui sont situés en France dans des zone inondables et que, afin d’éviter le renouvellement de catastrophes dues aux inondations, les pouvoirs publics, de concert avec la profession, avaient mis en place dés 1993 une réglementation très stricte en matière de sécurité qui permet désormais à ces campings de fonctionner avec des risques réduits au minimum.

    Répondant aux questions d’habitants de Pierrelongue sur les conditions de sécurité au camping des Castors, M. Jean Boucher confirmait que celui-ci offrant toutes les garanties que la loi exige, il était inconcevable que le Maire de Pierrelongue puisse continuer à refuser de prendre les responsabilités minimums liées à sa charge Il affirmait solennellement que la profession toute entière se mobiliserait jusqu’au bout pour trouver une solution qui permettent aux « Castors » de continuer à travailler normalement. Un appel qui semble avoir été déjà entendu puisqu’à l’initiative de Philippe François, sous préfet de Nyons, une réunion sous la présidence de M. le préfet de la Drôme aura lieu ce mercredi 4 juin à 17h30 à Valence en présence de toutes les parties, autorités et experts concernés.
 

        Alain BOSMANS