Issue imminente pour les "Castors"

(Article du Dauphiné Libéré du 17 mai 1997)
 

 Jean Michel et Marie Polo avec leur fils Jérémy

Alors que la saison estivale approche, le camping des Castors ne peut plus attendre la décision du maire de Pierrelongue qui malgré de multiples interventions de tous bords continue à hésiter devant les conséquences d’une interdiction définitive de fonctionnement.

    Le maire de Pierrelongue, René Fauchier va-t-il revenir sur son arrêté municipal de fermeture du camping des « Castors » pris en juin 94 qui n’avait jamais été appliqué mais que le Conseil d’état vient enfin de valider après 18 ans d’un contentieux juridique sans précédent... ? C’est la question que chacun se pose aujourd’hui entre Buis et Mollans mais aussi qui préoccupe les quelques 3000 campings situés en France en bordure de rivière.

    L’issue est d’importance, pour les « Castors » bien sûr qui risquent la faillite immédiate si l’interdiction n’est pas levée, mais aussi puisqu’elle pose la question des pouvoirs d’interdiction de fonctionnement d’une activité économique sur le territoire communal pour des raisons de sécurité, bien que celle-ci soit en conformité avec la loi dans ce domaine.
On se souvient (notre édition du 4 mai) que les 2 parties en présence avait sollicité la médiation des services du sous-préfet de Nyons, Philippe François. Celui-ci nous a confirmé avoir communiqué au maire de Pierrelongue ses conclusions par courrier en date du 9 mai, lui donnant les moyens de revoir sa position. Lui suggérant en particulier, d’apprécier le respect par les « Castors » du rapport d’expertise MARIE qui définissait pour le compte du tribunal administratif de Grenoble les conditions de sécurité nécessaires et suffisantes pour le fonctionnement de ce camping. Il semble donc que s’il le désire, René Fauchier, qui n’a toujours pas souhaité s’exprimer sur le fond, ait désormais en main tous les éléments pour prendre une décision définitive sans tarder.

    Du coté des « Castors » on ne peut plus attendre. Déjà ils ont, à plusieurs reprises, différer la date d’annulation des séjours réservés pour cet été, et pour le week-end de la Pentecôte de nombreux clients ont dut être refusées. La saison estivale approche et si les propriétaires du camping, Jean Michel et Marie Polo, conservent toujours l’espoir de voir lever l’interdiction de fonctionner, ils considèrent qu’un nouveau retard dans la prise de décision de la commune les contraindrait à se déclarer en faillite et ils ont mis en demeure le maire de leur donner une réponse définitive avant samedi 17 mai à 12h.

    Dans la région, la mobilisation pour sauver « Les Castors » est quasi-générale. Une pétition qui circulaient chez les commerçants des alentours a réuni plus de 500 signatures, de nombreux maires des communes environnantes ont offert leurs services de médiation afin de préserver une activité économique dont les retombées sont importantes pour le commerce local. Parmi ceux-ci on note la présence d’Yves Roux, maire de Mollans et suppléant d’Hervé Mariton, Jean Pierre Buis, maire de Buis les Baronnies, Michel Grégoire, maire de La Roche sur le Buis, vice président du conseil général et candidat à la députation et une douzaine de maires de communes proches. De toute part on a du mal à croire qu’un outil économique générateur d’emplois et de richesses pour la région puisse disparaître si les raisons sécuritaires qui justifiaient son interdiction n’existent effectivement plus.

    Sans parler des conséquences judiciaires qu’une faillite des « Castors » entraînerait. Le sous-préfet Philippe François, ne nous a en effet pas caché qu’un maintient de l’interdiction qui ne serait pas sérieusement motivé pourrait justifier une nouvelle action en justice des « Castors » contre la commune reposant sur la base d’une erreur manifeste d’appréciation. Nous savons par ailleurs que la situation est suivie avec grande attention par la « Fédération de l’Hôtellerie de plein air de la Drôme » qui, considérant la valeur exemplaire du cas de Pierrelongue, serait prête en cas de besoin, à diligenter une action en justice afin d’obtenir des indemnités de l’état et la commune consécutive à la faillite du camping.

    S’il est peut être vrais, comme le laisse parfois entendre les « anti-Castors » de Pierrelongue, que le fonctionnement de ce camping ne leur a jamais rapporté grand chose, il se pourrait bien que sa fermeture leur coûte fort cher... !

        Alain BOSMANS