Le vent chaud de la Méditerranée fraternelle...
 
(article du Dauphiné Libéré du 26 juillet 98)
 
 
 
Le vend chaud de la Méditerranée fraternelle a bien soufflé pendant une semaine sur le Buis qui accueillait (avec Nyons) les 8 èmes Rencontres Méditerranéennes de la Drôme Provençale.

    Cela se passait jeudi dernier en soirée, place des Arcades, à la fraîcheur d’une journée qui avait été caniculaire, de 4 à 500 personnes se retrouvaient autour du podium où le chanteur marocain Omar El Maghribi devait se produire. Parmi eux beaucoup d’estivants, mais également de nombreux Buxois au premier rang desquels le maire Jean Pierre Buix et le président du syndicat d’initiative Georges Mouchot, ce qui était justice, la commune et le syndicat ayant largement contribué à la réussite de cette semaine.

    Accompagné de ses musiciens, Chafik au violon et Loufness aux percussions, lui-même jouant d’un luth marocain, Omar El Maghribi devait séduire dés les premières mesures un public qui ne demandait que cela. La simplicité et la gentillesse qui émanent du personnage, la beauté des mélopées, le rythme lancinant de la dabourka, se conjuguaient pour apporter au cœur des Baronnies toute la chaleur de son pays. Ce musicien complet, originaire d’Agadir, installé à Lyon depuis une vingtaine d’années mêle dans ses compositions (il est auteur, compositeur, interprète), l’enseignement traditionnel des « sheikhs » à des thèmes plus contemporains, comme la nostalgie de la terre natale ou l’amour malheureux. Résolument de ce pays et de ce temps, le chanteur marocain de Lyon est socialement engagé lorsqu’il aborde dans ses chansons le statut de la communauté maghrébine en France, ce qui lui vaut dans la région lyonnaise le surnom de « messager ». Ayant déjà publié deux C.D. (dont l’un à l’occasion du mondial à la gloire de l’équipe de foot du Maroc), après avoir participé début juillet au festival des musiques du monde de Nantes, Omar El Maghribi met actuellement la dernière main à un nouvel album résolument moderne qui mélangera dans un métissage musical la techno contemporaine et l’héritage oriental.

    Ce qui est certain c’est que la musique et les chansons qu’il a offert jeudi soir sur la place des Arcades de Buis incitaient à la danse, étaient de véritables invitations à danser. Et en effet, il ne fallut pas attendre longtemps pour que l’on dansa. Ce fut d’abord et tout naturellement Marion, la professeur de danses qui justement animait depuis le début de la semaine au collège Henri Barbusse le stage de danses orientales des rencontres Méditerranéennes qui se mit à évoluer en bordure de scène. Bientôt suivi de la dizaine de stagiaires toutes aussi ravissantes les unes que les autres. Alors ce qui devait arriver arriva : des garçons s’approchèrent puis se mirent eux aussi à danser et d’autres jeunes les rejoignirent. Dix minutes plus tard une centaine de personnes se déhanchaient au rythme obsédant et lancinant de la dabourka. Des jeunes gens, et des moins jeunes, des estivants français ou des étrangers, des Buxois de souche ou d’origine maghrébine, tous partageant la même joie d’être ensemble.

    Et l’on dansa jusqu’à minuit dans la moiteur tiède d’une soirée provençale. Blancs, blacks, beurs, l’esprit du mondial n’était pas loin…. Dieu ! que les Baronnies sont jolies quand elles sont méditerranéennes…

        Alain BOSMANS
 
 

A la rencontre studieuse d'une Méditerranée plurielle...
 
(article du Dauphiné Libéré du 25 juillet 98)
 
 
 
 
 

Véritable hommage à la culture de toutes les communautés du bassin méditerranéen, les ateliers de chant, de musique et de danse traditionnel des « Rencontres Méditerranéennes » se sont tenus cette année à Buis.

    Ne pouvant pour des raisons de logistiques et d’hébergements se dérouler intégralement à Nyons où elles ont lieu traditionnellement à cette période de l’été, les 8 ème rencontres Méditerranéennes ont été accueillies cette année par notre bonne ville de Buis. Ce fut le cas en particulier des traditionnels stages internationaux de musiques, de danses et de chants des peuples de la Méditerrannée.

    Une centaine de stagiaires (88 exactement) sont arrivés dés dimanche soir au couvent des dominicains où ils ont été hébergés pour la semaine. Accueillis par un pot auquel participaient diverses personnalités dont le député Michel Grégoire, les stagiaires ont commencé dés lundi leurs apprentissages en se répartissant dans les six ateliers qui leurs étaient proposés. L’atelier de violon roumain réunissait 8 stagiaires violonistes déjà confirmés autour de Jean Patrick Helard qui vient animer ces rencontres pour la 8 ème année consécutive. Lui et ses stagiaires nous ont dit combien ils appréciaient se trouver à Buis. Il est vrai qu’il était le seul à pouvoir réunir son groupe sur place dans la salle de l’auditoire, les cinq autres ateliers se déroulant matin et après midi dans les locaux de l’école et du collège Henri Barbusse où ils durent se rendre à pied.

    C’est là, dans la salle polyvalente des primaires que nous avons retrouvé Evelyne Girardon entourée de 21 voix toutes féminines pour un travail individuel et collectif de chant traditionnel populaire. Au dehors, à l’ombre des arbres de la cour de récréation, les élèves de Norbert Pignol font des gammes sur leur accordéon diatonique. Ils sont 10, la moitié sont débutants et les autres sont venus pour acquérir une technique instrumentale autour du répertoire des Balkans. Dans le gymnase du collège, le stage le plus nombreux avec 24 participants (dont un seul homme) est celui des danses slaves du yougoslave Paja Milic. Originaire de Serbie, réfugié aux Pays-Bas, Paja Milic, qui assure de nombreux stages dans divers pays d’Europe depuis plusieurs années, ne parle pas un mot de français. Mais point n’est besoin de longs discours pour faire passer la passion qu’il met à enseigner les danses traditionnelles en provenance de toute l’ex-yougoslavie. Au premier étage, dans d’autres salles de classe, les stages de percussions de la Méditerranée et de danses orientales réunissent d’autres stagiaires. Ils sont neuf autour de Alain Chaléard à s’initier aux rythmes classiques et populaires du pourtour méditerranéen et du moyen orient. Le Derbouka, le bendir sont les instruments principaux, mais s’y ajoute aussi les tarijas, le riqq et d’autres petites percussions aux noms imprononçables. Autour de Marion, les participantes (essentiellement féminines) s’initient aux danses orientales (familièrement appelée « danse du ventre ») dont les origines sont très anciennes. Le déplacement, l’utilisation de l’espace, la gestuelle et la création chorégraphique sont au programme. Inutile de préciser que tous ces animateurs sont des intervenants de haut niveau dans leurs spécialités respectives et possèdent des compétences internationalement reconnues.

    Chaque soir à 17h30, tous les stagiaires et leurs maîtres se réunissent au couvent autour de Jean Blanchard pour la mise au point d’une pièce commune qui intégrera les différentes danses, chants, musiques et instruments acquis pendant la semaine. Cette réalisation commune sera exécutée le 25 juillet en final du « Tour de Ville » tandis que les ateliers investiront le centre historique de Nyons, sous forme d’une déambulation musicale. Puis en soirée le spectacle sera à nouveau présenté en ouverture du Grand Bal, place des Arcades à Nyons qui clôturera ces 8 èmes rencontres Méditerranéennes.

         Alain BOSMANS.